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Les développements rapides sur le front diplomatique et sur le terrain sont survenus le 20e jour de l’invasion russe, alors que le nombre d’Ukrainiens fuyant le pays au milieu des combats a dépassé les 3 millions.
Les forces militaires russes ont pilonné mercredi la région de la capitale ukrainienne et d’autres grandes villes alors qu’elles tentaient d’écraser une résistance ukrainienne qui a entravé leurs progrès près de trois semaines après l’invasion, tandis que les deux pays ont témoigné d’un certain optimisme pour les négociations visant à mettre fin à la guerre.
L’avancée terrestre de la Russie sur Kyiv étant au point mort malgré des bombardements soutenus, les déclarations des deux parties ont laissé entendre que leurs pourparlers pourraient progresser. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, a déclaré qu’un statut militaire neutre pour l’Ukraine était «sérieusement envisagé» lors des pourparlers «professionnels», tandis que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a décrit les demandes de la Russie pour mettre fin à la guerre comme devenant «plus réalistes».
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M. Zelensky a assuré que les forces russes n’avaient pas été en mesure de pénétrer plus profondément dans le territoire ukrainien, mais qu’elles avaient poursuivi leurs bombardements intensifs de villes. Les habitants de Kyiv se sont entassés dans des maisons et des abris au milieu d’un couvre-feu à l’échelle de la ville qui s’étend jusqu’à jeudi matin, alors que la Russie faisait pleuvoir des obus sur des zones à l’intérieur et autour de la ville. Un immeuble de 12 étages dans le centre de Kyiv a pris feu après avoir été touché par des éclats d’obus.
«Des efforts sont encore nécessaires, il faut de la patience, a déclaré M. Zelensky dans son discours vidéo nocturne à la nation. Toute guerre se termine par un accord.»
Les évaluations des services de renseignement britanniques et américains ont soutenu le point de vue du dirigeant ukrainien sur les combats, affirmant que les forces terrestres russes restaient à environ 15 kilomètres du centre de Kyiv.
Les espoirs de progrès diplomatiques ont augmenté après que M. Zelensky ait déclaré mardi que l’Ukraine devait réaliser qu’elle ne pourrait pas rejoindre l’OTAN, sa reconnaissance la plus explicite que l’objectif, inscrit dans la Constitution ukrainienne, était peu susceptible d’être atteint.
Le président russe Vladimir Poutine a longtemps décrit les aspirations de l’Ukraine à joindre l’OTAN comme une menace pour la Russie, ce que l’alliance militaire occidentale nie.
Un pompier sort d'un immeuble détruit après un attentat à la bombe dans un quartier résidentiel de Kiev, en Ukraine, le mardi 15 mars 2022. (AP Photo/Vadim Ghirda)
M. Lavrov a salué le commentaire de M. Zelensky et déclaré que «l’esprit rationnel» qui commence à faire surface dans les pourparlers «donne l’espoir que nous pouvons nous entendre sur cette question».
«Un statut de neutralité est sérieusement discuté dans le cadre des garanties de sécurité, a déclaré mercredi M. Lavrov sur la chaîne russe RBK TV. Il existe des formulations concrètes qui, à mon avis, sont sur le point d’être convenues.»
Le négociateur en chef de la Russie, Vladimir Medinsky, a ajouté que les parties discutaient d’une éventuelle idée de compromis pour une future Ukraine avec une armée plus petite et non alignée.
Les perspectives d’une percée diplomatique étaient cependant très incertaines, avec un gouffre entre l’exigence de l’Ukraine que les forces d’invasion se retirent complètement et l’objectif de guerre présumé de la Russie consistant de remplacer le gouvernement tourné vers l’ouest de Kyiv par un leadership pro-Moscou.
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Le conseiller présidentiel ukrainien Mykhailo Podolyak a nié les affirmations russes selon lesquelles l’Ukraine était disposée à adopter un modèle de neutralité comparable à celui de la Suède ou de l’Autriche. Il a précisé sur Telegram que l’Ukraine avait besoin d’alliés puissants et de «garanties de sécurité clairement définies».
Il n’y avait aucune perspective immédiate d’une fin des combats qui ont bouleversé l’ordre de sécurité européen de l’après-guerre froide, chassé des millions de personnes de leurs foyers en Ukraine et transformé de grandes parties du pays en zones de guerre.
L’ONU affirme que le nombre de personnes fuyant l’Ukraine au milieu des combats les plus violents en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale a dépassé les trois millions. L’organisme des droits de la personne de l’ONU affirme que 691 civils ont été tués et 1143 blessés, mais reconnaît que ces chiffres sont probablement sous-estimés.
Vlad, un an, avec sa mère Natasha, est vu à l'intérieur d'un stade de sport couvert utilisé comme centre de réfugiés, dans le village de Medyka, un poste frontière entre la Pologne et l'Ukraine, le mardi 15 mars 2022. (AP Photo/Petros Giannakouris )
M. Zelensky se préparait à lancer un appel direct pour plus d’aide mercredi dans un rare discours d’un dirigeant étranger au Congrès américain, le président Joe Biden s’apprêtant de son côté à annoncer une nouvelle aide militaire de 800 millions $ US à l’Ukraine, selon un responsable de la Maison-Blanche.
Tout en faisant état de progrès pour gagner du terrain face à une résistance ukrainienne acharnée, les forces russes ont intensifié leur bombardement de Kiev et d’autres villes.
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L’éclat d’artillerie qui a frappé mercredi l’immeuble de 12 étages dans le centre de Kyiv a anéanti le dernier étage et provoqué un incendie. Les résidents ont transporté des biens et des animaux domestiques hors du bâtiment pendant que les pompiers éteignaient les flammes au milieu d’une mer de décombres. L’agence d’urgence de Kyiv a déclaré qu’il y avait eu deux victimes, sans préciser si elles avaient été blessées ou tuées.
Le chef régional de Kyiv, Oleksiy Kuleba, a indiqué que les forces russes avaient intensifié les combats dans la banlieue de la capitale, notamment autour de la ville de Bucha au nord-ouest et d’une autoroute menant à l’ouest. Il a dit que 12 villes autour de Kyiv sont apparemment sans eau et six sans chauffage.
Dans toute la région de la capitale, «les maternelles, les musées, les églises, les blocs résidentiels et les infrastructures d’ingénierie souffrent des tirs sans fin», a déclaré M. Kuleba.
Des parents et des amis assistent aux funérailles des militaires ukrainiens Rostyslav Romanchuk à Lviv, en Ukraine, le mardi 15 mars 2022. Romanchuk a été tué lors de la frappe de missiles russes de dimanche sur une base d'entraînement militaire près de la frontière ouest de l'Ukraine avec la Pologne, membre de l'OTAN. (AP Photo/Bernat Armangue)
Il a ajouté que les troupes russes tentaient de couper les liaisons de transport vers la capitale et de détruire les capacités logistiques tout en planifiant une attaque de grande envergure pour s’emparer de la capitale.
Les forces russes ont réussi à occuper la ville d’Ivankiv, à 80 kilomètres au nord de Kyiv, et à contrôler la région environnante à la frontière avec la Biélorussie, a déclaré M. Kuleba.
En plus des frappes aériennes et des bombardements par les forces terrestres, des navires de la marine russe ont tiré pendant la nuit sur une ville au sud de Marioupol sur la mer d’Azov et une autre près d’Odessa sur la mer Noire, selon des responsables locaux.
Dans cette image satellite fournie par Planet Labs PBC, du feu et de la fumée sont observés à l'aéroport international et à la base aérienne de Kherson, en Ukraine, le mardi 15 mars 2022. Une frappe ukrainienne présumée sur la base aérienne a endommagé mardi des hélicoptères et des véhicules russes. (Planet Labs PBC via AP)
L’Ukraine semble également connaître des succès. Des photos satellitaires de Planet Labs PBC analysées par l’Associated Press montrent des hélicoptères et des véhicules en feu à l’aéroport international et à la base aérienne de Kherson détenus par la Russie, après une frappe ukrainienne présumée mardi.
Le bureau de M. Zelensky a déclaré que les forces ukrainiennes ont contrecarré les efforts russes pour entrer à Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine, qui a été pilonnée par des frappes presque ininterrompues au cours des dernières 24 heures. Une puissante explosion a tonné à travers la ville pendant la nuit.
Les employés des hôpitaux de la ville se sont retrouvés sur deux lignes de front, luttant contre la COVID-19 dans les unités de soins intensifs alors que la guerre faisait rage à l’extérieur. Les sirènes des raids aériens se déclenchent plusieurs fois par jour, forçant les patients à entrer dans l’abri antibombe de fortune de l’hôpital de Kharkiv, a déclaré le directeur de l’hôpital, le docteur Pavel Nartov.
Un pompier examine un fragment d'un missile ukrainien Tochka-U dans une rue de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, le lundi 14 mars 2022. | Crédit photo - Alexei Alexandrov pour l'Associated Press
«Les bombardements ont lieu du matin au soir. Dieu merci, une bombe n’a pas encore touché notre hôpital. Mais cela pourrait se produire à tout moment», a déclaré le docteur Nartov à l’Associated Press.
Le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konashenkov, a affirmé que les forces russes avaient détruit 111 avions ukrainiens, 160 drones et plus de 1000 chars ou autres véhicules militaires depuis le début de ce que la Russie appelle son «opération militaire spéciale» en Ukraine.
Les déclarations publiques quotidiennes de l’armée russe sur la guerre se concentrent presque exclusivement sur les combats dans les régions séparatistes de Donetsk et Louhansk, et sur des cibles militaires ukrainiennes, sans reconnaître les attaques contre des civils.
Un certain soulagement est venu dans la ville méridionale assiégée de Marioupol alors que 20 000 personnes ont réussi à s’échapper mardi dans 4000 véhicules, selon le bureau de M. Zelensky.
Marioupol, une ville portuaire stratégique de 430 000 habitants sur la mer d’Azov, a été encerclée par les troupes russes pendant deux semaines et a subi de violents bombardements qui, selon les autorités locales, ont tué plus de 2300 personnes et laissé les habitants se débattre pour la nourriture, l’eau, le chauffage et les médicaments.
La vice-première ministre ukrainienne Iryna Vereshchuk a exprimé mercredi sa consternation face aux informations selon lesquelles les forces russes auraient pris des centaines de personnes en otage dans un hôpital de Marioupol. Elle a dit que les Russes utilisaient l’hôpital comme position de tir.
Le chef régional Pavlo Kyrylenko a assuré que les troupes russes avaient forcé environ 400 personnes des maisons voisines à entrer dans l’hôpital régional de soins intensifs et les utilisaient, ainsi qu’une centaine de patients et de membres du personnel, comme boucliers humains en leur interdisant de partir.
M. Kyrylenko a révélé que les bombardements avaient déjà gravement endommagé le bâtiment principal de l’hôpital, mais le personnel médical a soigné des patients dans des salles de fortune au sous-sol.
Une femme réagit après avoir été secourue par les pompiers de son appartement dans un immeuble en feu qui a été touché par des obus d'artillerie à Kiev, en Ukraine. | Crédit photo - Felipe Dana pour l'Associated Press
Des médecins d’autres hôpitaux de Marioupol ont réalisé une vidéo pour raconter au monde les horreurs qu’ils ont vues. «Nous ne voulons pas être des héros et des martyrs à titre posthume», a déclaré une femme. Elle a également dit qu’il était insuffisant de référer aux patients traités comme des blessés : «Ce sont des bras et des jambes arrachés, des yeux arrachés, des corps déchirés en fragments, des entrailles qui tombent.»
Alors que l’Occident tentait de renforcer les défenses de l’Ukraine tout en accentuant les sanctions contre la Russie, les ministres de la Défense des pays membres de l’OTAN se sont réunis à Bruxelles mercredi avant un sommet d’urgence de l’alliance militaire la semaine prochaine.
Pendant ce temps, les premiers ministres polonais, tchèque et slovène sont rentrés mercredi en Pologne après une visite risquée à Kyiv destinée à montrer leur soutien à l’Ukraine.