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Trump envisage une nouvelle candidature à la présidence et s’implique de plus en plus dans le processus des primaires républicaines lors des élections de mi-mandat. Ses récentes actions montrent qu’il accueille maintenant favorablement ces théories.
Après avoir courtisé à mots couverts QAnon pendant des années, Donald Trump soutient désormais ouvertement la théorie du complot sans fondement, affirmant même que le nombre d’événements effrayants du monde réel qui y sont liés augmente.
Mardi, en utilisant sa plateforme Truth Social, l’ancien président républicain a republié une image de lui-même portant une épinglette Q recouverte des mots «La tempête arrive». Dans la théorie de QAnon, la «tempête» fait référence à la victoire finale de Trump, alors qu’il reprendrait le pouvoir et que ses adversaires seraient jugés, et potentiellement exécutés, à la télévision en direct.
Trump envisage une nouvelle candidature à la présidence et s’implique de plus en plus dans le processus des primaires républicaines lors des élections de mi-mandat. Ses récentes actions montrent qu’il accueille maintenant favorablement ces théories.
Il a publié des dizaines de messages récents liés à Q, contrairement à 2020, lorsqu’il a affirmé que même s’il ne savait pas grand-chose sur QAnon.
Questionné sur les théories de QAnon selon lesquelles Trump aurait sauvé la nation d’un culte satanique de trafiquants sexuels d’enfants, il a plaidé l’ignorance, mais a demandé: «Est-ce censé être une mauvaise chose?»
«Si je peux aider à sauver le monde des problèmes, je suis prêt à le faire», a-t-il déclaré.
Le président Donald Trump quitte la scène après une collecte de fonds à Sioux Falls, S.D., le vendredi 7 septembre 2018. Crédit photo-The Associated Press
Les publications récentes de Trump ont inclus des images se référant à lui-même comme un martyr combattant des criminels, des psychopathes et le soi-disant «état profond». Dans un message maintenant supprimé de la fin août, il a republié un «q drop», l’un des messages cryptés sur les babillards électroniques qui, selon les partisans de QAnon, proviennent d’un employé anonyme du gouvernement avec une autorisation top secrète.
Un porte-parole de Trump n’a pas répondu à une demande de commentaire.
Même lorsque ses messages ne font pas directement référence à la théorie du complot, Trump a fait la promotion des comptes d’utilisateurs qui le font. Une analyse de The Associated Press a révélé que sur près de 75 comptes que Trump a republiés sur son profil Truth Social au cours du mois dernier, plus d’un tiers d’entre eux ont promu QAnon en partageant les slogans, vidéos ou images du mouvement. Environ 1 sur 10 inclut le langage QAnon ou des liens dans la biographie de son profil.
Plus tôt ce mois-ci, Trump a choisi une chanson de QAnon pour clôturer un rassemblement en Pennsylvanie. La même chanson apparaît dans l’une de ses récentes vidéos de campagne et s’intitule «WWG1WGA», un acronyme utilisé comme cri de ralliement pour les adhérents de Q qui signifie Where we go one, we go all («Là où va l'un, nous allons tous», traduction libre).
En ligne, les adeptes de Q ont attiré l'attention de Trump.
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L’ancien président cherche peut-être à se solidariser avec ses partisans les plus fidèles au moment où il fait face à une escalade des enquêtes et des candidats potentiels au sein de son propre parti, selon Mia Bloom, professeur à la Georgia State University qui a étudié QAnon et a récemment écrit un livre sur le groupe.
«Ce sont des gens qui ont élevé Trump au statut de messie, où lui seul peut arrêter cette cabale», a expliqué Mme Bloom à l’AP jeudi. «C’est pourquoi vous voyez tant d’images (dans les espaces QAnon en ligne) de Trump en tant que Jésus.»
Sur Truth Social, les comptes affiliés à QAnon saluent Trump comme un héros et un sauveur et vilipendent le président Joe Biden en le comparant à Adolf Hitler ou au diable. Lorsque Trump partage le contenu, ils se félicitent mutuellement. Certains comptes affichent fièrement le nombre de fois où Trump a partagé leurs messages dans leur biographie.
En utilisant leur propre langage pour s’adresser directement aux partisans de QAnon, Trump leur dit qu’ils ont toujours eu raison et qu’il partage leur mission secrète, selon Janet McIntosh, anthropologue à l’Université Brandeis qui a étudié l’utilisation du langage et des symboles par QAnon.
Cela permet également à Trump d’approuver leurs convictions et leur espoir d’un soulèvement violent sans le dire expressément, a-t-elle déclaré, citant son récent article sur «la tempête» comme un exemple particulièrement effrayant.
«“La tempête arrive” est un raccourci pour quelque chose de vraiment sombre qu’il ne dit pas à haute voix», a dit Mme McIntosh. «C’est une façon pour lui de pointer du doigt la violence sans l’appeler explicitement. Il est le prince du déni plausible.»
Mme Bloom a prédit que Trump pourrait plus tard tenter de commercialiser des marchandises liées à Q ou peut-être demander aux abonnés de QAnon de faire un don pour sa défense légale.
Quel que soit le motif, a ajouté Bloom, c’est un geste imprudent qui alimente un mouvement dangereux.
Une liste croissante d’épisodes criminels a été liée à des personnes qui avaient exprimé leur soutien à la théorie du complot, qui, selon les responsables du renseignement américain, pourrait déclencher davantage de violence.
Les partisans de QAnon faisaient partie de ceux qui ont violemment pris d’assaut le Capitole lors de l’échec de l’insurrection du 6 janvier 2021.
Lors des élections de novembre 2020, deux hommes se sont rendus sur un site de dépouillement à Philadelphie dans un Hummer orné d’autocollants QAnon et chargé d’un fusil, de 100 cartouches de munitions et d’autres armes. Les procureurs ont allégué qu’ils tentaient d’interférer avec le processus électoral.
L’année dernière, un Californien qui a mentionné aux autorités qu’il avait été influencé par QAnon a été accusé d’avoir tué ses deux enfants parce qu’il croyait qu’ils avaient de l’ADN de serpent.
Le mois dernier, une femme du Colorado a été reconnue coupable d’avoir tenté de kidnapper son fils d’une famille d’accueil après que sa fille a déclaré qu’elle avait commencé à s’associer avec des partisans de QAnon. D’autres adhérents ont été accusés de vandalisme environnemental, d’avoir tiré des balles de peinture sur des réservistes militaires, d’avoir enlevé un enfant en France et même d’avoir tué un chef de la mafia new-yorkaise.
Dimanche, la police a tué par balle un homme du Michigan qui, selon eux, avait tué sa femme et gravement blessé sa fille. Une fille survivante a déclaré au Detroit News qu’elle pensait que son père était motivé par QAnon.
«Je pense qu’il a toujours été sujet aux (problèmes mentaux), mais cela l’a vraiment abattu quand il lisait toutes ces choses étranges sur Internet», a-t-elle affirmé au journal.
Les principales plateformes de médias sociaux, notamment YouTube, Facebook et Twitter, ont interdit le contenu associé à QAnon et ont suspendu ou bloqué les comptes qui cherchent à le diffuser. Cela a forcé une grande partie des activités du groupe sur des plateformes moins modérées, notamment Telegram, et la plateforme de Trump, Truth Social.