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Le premier ministre Justin Trudeau s’est envolé dimanche matin vers l’Islande où il va rencontrer les dirigeants des pays nordiques dans le cadre d’un sommet qui se tiendra sous fond d’incertitude quant à l'avenir de l'Arctique.
Le premier ministre Justin Trudeau s’est envolé dimanche matin vers l’Islande où il va rencontrer les dirigeants des pays nordiques dans le cadre d’un sommet qui se tiendra sous fond d’incertitude quant à l'avenir de l'Arctique.
Au cours des deux prochains jours, en Islande, M. Trudeau sera en compagnie des dirigeants du Danemark, de la Suède, de la Finlande et de la Norvège. Des dirigeants du Groenland, des îles Féroé et des îles Åland sont également présents.
Le gouvernement islandais a fait savoir que la «résilience sociétale» sera au cœur des discussions lors de ce sommet, qui se déroulera sur un groupe d'îles connues sous le nom de Vestmannaeyjar et qui coïncidera avec le 50e anniversaire d'une éruption volcanique survenue à cet endroit.
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M. Trudeau doit participer à cette réunion annuelle des premiers ministres des pays nordiques en tant qu'invité spécial. Son bureau a soutenu que sa présence sera une occasion d'accroître la collaboration entre le Canada et les pays nordiques sur des enjeux importants, qui vont de la protection de l'environnement au développement de l'énergie propre, en passant par la résolution de problèmes de sécurité.
Ces pourparlers vont survenir un peu plus de deux semaines avant que les dirigeants se rendent en Lituanie pour rencontrer leurs alliés de l'OTAN et discuter de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a commencé en février 2022.
Les dirigeants mondiaux vont également surveiller de près les conflits internes en Russie, où le chef mercenaire Evguéni Prigojine a dirigé les troupes de son groupe paramilitaire privé Wagner dans une rébellion armée.
Ce soulèvement semblait sur le point de menacer l'emprise du président Vladimir Poutine sur la Russie, mais les tensions se sont rapidement calmées samedi lorsque le Kremlin a annoncé avoir conclu un accord qui a mis fin à l'avancée des troupes de M. Prigojine vers la capitale, Moscou.
L'entente verra l'ancien protégé du président Poutine déménager au Bélarus, ce qui lui évitera des poursuites pour son rôle dans cette rébellion de courte durée. Les troupes du groupe Wagner vont quant à elles retourner au front en Ukraine, où elles se sont battues aux côtés de l'armée russe depuis plusieurs mois.
M. Trudeau a indiqué samedi que le Canada suivrait de près la situation en Russie. Les ministres des Affaires étrangères du G7 ont aussi tenu un appel pour discuter de la situation avant l'annonce de l'accord.
«Il y a une coopération continue entre ces pays», a rappelé Roland Paris, qui est un ancien conseiller de M. Trudeau et qui est aujourd'hui directeur de l'École supérieure d'affaires publiques et internationales de l'Université d'Ottawa, au sujet des dirigeants réunis en Islande.
«L'Arctique devient stratégiquement de plus en plus important à mesure que la glace fond. Chacun de ces pays du Nord a un intérêt très clair à assurer la sécurité et la souveraineté de son territoire», a-t-il expliqué.
M. Trudeau a aussi discuté dimanche de la situation en Russie avec le président de l'Ukraine, Vladimir Zelensky lors d'un conversation au téléphone.
Dans une série de gazouillis, M. Zelensky dit avoir réservé le premier d'une série d'appels importants au premier ministre canadien. Il écrit qu'il l'a remercié M. Trudeau pour sa visite surprise à Kyiv, plus tôt ce mois-ci. Il souligne aussi avoir voulu son attention sur la situation menaçante créée par l'occupation de la centrale nucléaire de Zaporijia.
Le cabinet de M. Trudeau a indiqué pour sa part que les deux dirigeants avaient «discuté des besoins militaires et financiers actuels de l'Ukraine, ainsi que des contributions du Canada au renforcement de la sécurité et de la stabilité de l'Ukraine». Le premier ministre a aussi réitéré l'engagement du Canada à soutenir l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra.
Le premier ministre et le président ont discuté de l'évolution de la situation liée à la sécurité en Russie, qu'ils continuent de suivre de près.
Les pays nordiques, dont le Canada et les États-Unis, ont interrompu leur collaboration avec la Russie par le biais du Conseil de l'Arctique depuis le début de son invasion de l'Ukraine, ce qui a sérieusement changé le portrait de la coopération internationale dans la région, a souligné M. Paris.
De son côté, le directeur de l'Observatoire pour la politique et la sécurité de l'Arctique, Mathieu Landriault, a confirmé que la situation restait «fragile», ajoutant que sans collaboration avec la Russie - qui possède un immense littoral arctique -, le conseil est privé de beaucoup de données sur la façon dont les changements climatiques affectent une grande partie de la région.
M. Landriault a laissé entendre que l'invasion de l'Ukraine par la Russie a amené le Canada à «réévaluer» sa position dans l'Arctique.
L'OTAN accorde également une attention de plus en plus grande à l'Arctique à la lumière des agressions de la Russie et de la Chine, a ajouté M. Paris.
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a mis en garde contre de telles menaces lors d'une visite sur une base militaire dans le nord de l'Alberta l'été dernier. Il avait alors noté que la Chine s'était proclamée État «proche de l'Arctique» et que les changements climatiques ouvraient son accès à la région.
M. Trudeau, qui a accompagné M. Stoltenberg lors de cette visite en Alberta, avait profité de l'occasion pour annoncer son intention d'investir plusieurs milliards de dollars pour renforcer la présence de l'armée canadienne dans la région, notamment en modernisant le système vieillissant du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord, qui surveille aussi l'espace aérien de l'Arctique.
M. Paris s'attend à ce que M. Trudeau attire l'attention sur ces mêmes engagements lors de sa visite en Islande.
«Le fait est que nous sommes en retard pour sécuriser l'Arctique dans un monde où cette zone sera de plus en plus une source de compétition géopolitique», a-t-il observé.
L'Islande, la Finlande, la Suède, le Danemark et la Norvège ont tous exprimé leur soutien à l'Ukraine depuis que la Russie a lancé son invasion.
Tous ces pays font partie de l'OTAN, à l'exception de la Suède, qui tente d'y adhérer. Le Canada a été le premier pays à ratifier sa demande. Il a également soutenu l'adhésion de la Finlande, qui a été officiellement reconnue en avril.
Selon M. Landriault, cette réunion en Islande est une occasion pour le Canada et les pays nordiques de démontrer leur soutien à l'entrée de la Suède dans l'OTAN, que la Turquie et la Hongrie n'ont pas approuvée.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s'est également entretenu avec les dirigeants nordiques en mai, tandis que M. Trudeau a effectué une visite surprise à Kyiv au début du mois de juin.
Outre un intérêt commun pour la sécurité, le gouvernement canadien a également des intérêts commerciaux avec les cinq pays nordiques. Le commerce de marchandises entre le Canada et les pays nordiques s'est chiffré à 13 milliards $ l'an dernier.
Le Canada abrite aussi le plus grand nombre d'immigrants et de descendants islandais à l'extérieur de ce pays.
Les deux pays considèrent qu'ils partagent les mêmes idées et intérêts sur une série de questions, y compris le développement de la technologie de capture et de stockage du carbone et la protection des océans.