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Le premier ministre soutient que lorsqu'il s'agit de la sécurité des députés ou de leur famille, les agences de renseignement devraient toujours partager cette information.
Justin Trudeau estime que les agences de renseignement doivent informer immédiatement les députés de toute menace qui pèse sur eux — que ces menaces soient ou non considérées comme crédibles.
Le premier ministre a affirmé mercredi matin que le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) n'avait jamais informé qui que ce soit des informations selon lesquelles la Chine menaçait les membres de la famille du député conservateur Michael Chong à Hong Kong.
«Le SCRS a déterminé que ce n'était pas quelque chose qui devait être partagé à un niveau supérieur parce que ce n'était pas une préoccupation suffisamment importante», a déclaré M. Trudeau aux journalistes, avant de se rendre à la réunion du caucus libéral.
M. Trudeau assure qu'il n'a appris que lundi, en lisant les journaux, que le SCRS détenait des renseignements sur de telles menaces il y a deux ans.
Il a déclaré qu'à peu près au même moment, le SCRS avait été invité à informer M. Chong du fait que la Chine avait déclaré publiquement qu'elle lui imposerait des sanctions pour avoir critiqué le traitement réservé par Pékin aux musulmans ouïghours dans la province chinoise du Xinjiang.
Mais le SCRS n'a jamais informé le député Chong des menaces dont elle entendait parler.
Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a déclaré que dès que le gouvernement a eu connaissance des allégations, il a contacté M. Chong pour discuter de la situation et lui offrir une séance d'information avec le SCRS. Cette séance d'information a eu lieu mardi et M. Trudeau y a assisté en partie.
Le premier ministre a soutenu mercredi que lorsqu'il s'agit de la sécurité des députés ou de leur famille, les agences de renseignement devraient toujours partager cette information.
«Nous indiquons très, très clairement au SCRS et à nos responsables du renseignement que lorsqu'il y a des préoccupations concernant spécifiquement un député, en particulier concernant sa famille, ces préoccupations doivent être partagées», a-t-il déclaré.
«Même si le SCRS n'estime pas qu'il s'agit d'un niveau de préoccupation suffisant pour qu'il prenne des mesures plus directes, nous devons toujours être au courant, au niveau supérieur du gouvernement. Ça doit être la directive, maintenant.»
Mais M. Chong a déclaré mercredi qu'il avait encore des questions sur ce que M. Trudeau, son bureau et ses ministres savaient à ce sujet. «Si les ministres de la Couronne et leur cabinet n'étaient absolument pas au courant, cela montre un effroyable effondrement (du) leadership de la part du premier ministre. Le premier ministre est le seul responsable de l'appareil gouvernemental», a déclaré le vétéran député ontarien, ancien ministre de Stephen Harper.
«Que le premier ministre ne soit pas au courant, qu'il ne s'y intéresse pas, j'estime que (...) ça remet en question la gestion de l'appareil gouvernemental (à son bureau).»
S'adressant mercredi aux journalistes à l'issue de la réunion hebdomadaire du caucus conservateur, M. Chong a par ailleurs indiqué qu'il n'avait pas parlé à sa famille à Hong Kong depuis des années. Il a expliqué qu'il avait délibérément choisi de rompre tout contact avec eux par prudence, afin de les protéger au milieu des incursions de la Chine à Hong Kong. Il n'a pas divulgué la nature des menaces qui pèsent sur ses proches.
Le député libéral David McGuinty, qui préside le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, a déclaré que ce comité avait recommandé que les députés et les sénateurs soient informés de l'ingérence étrangère lorsqu'ils sont élus pour la première fois, puis chaque année par la suite.
Le député libéral John McKay a admis de son côté que si le SCRS ou une autre agence avait des preuves d'une menace qui pèse contre lui, il `aimerait le savoir le plus tôt possible'.
En se rendant lui aussi à la réunion hebdomadaire de son caucus, mercredi matin, le chef conservateur Pierre Poilievre a déclaré qu'il ne pouvait pas imaginer que le service de sécurité nationale du pays détienne de telles informations et qu'il décide de se taire.
«J'ai beaucoup de mal à croire que le SCRS produirait un document sur la famille d'un député canadien menacée en raison d'un vote à la Chambre des communes et qu'il ne le dirait pas au premier ministre ou à son ministre de la Sécurité publique, a soutenu M. Poilievre. Ça n'a pas de sens.»
Il a répété que la seule façon d'en savoir plus sur les activités du SCRS est de mener une enquête publique sur l'ingérence étrangère au Canada.
Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a fait écho à cet appel. Il a aussi écrit à M. Trudeau pour demander plus d'informations sur la manière dont les menaces éventuelles contre des députés seraient traitées en haut lieu.
M. Trudeau a confié la décision de mener ou non une telle enquête publique à l'ancien gouverneur général David Johnston, qui a été nommé «rapporteur spécial» pour enquêter sur la façon dont le Canada et ses agences de renseignement ont géré tout le dossier.
M. Johnston a jusqu'à l'automne pour terminer son travail, mais on lui a demandé de déterminer si une enquête serait nécessaire d'ici le 23 mai, dans trois semaines.
Les partis d'opposition veulent également que le Canada expulse un diplomate chinois que le SCRS, selon M. Chong, a identifié comme faisant partie du complot visant à l'intimider, lui et sa famille. Cet homme figure toujours sur la liste canadienne des diplomates approuvés en tant que fonctionnaire consulaire chinois à Toronto.
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déjà indiqué que le Canada expulsera les diplomates chinois s'il est prouvé qu'ils ont participé à de l'ingérence, mais une telle décision doit être prise en vertu d'un code des Nations unies sur la diplomatie internationale.
Pendant la période des questions aux Communes, mercredi, le député libéral Rob Oliphant, qui est secrétaire parlementaire de Mme Joly, n'a pas voulu préciser si le gouvernement envisageait d'expulser le diplomate chinois. Le gouvernement agira avec «la diligence raisonnable, conformément à l'État de droit», a-t-il déclaré.
«Nous allons prendre notre temps et le faire de manière appropriée.»