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Les athlètes canadiens participeront aux jeux, mais aucun représentant du gouvernement canadien n’ira en Chine.
Le gouvernement canadien a annoncé mercredi que, comme ses alliés britannique, américain et australien, il fera un boycottage diplomatique des Jeux olympiques d’hiver, à Pékin, en février.
Le premier ministre a justifié sa décision en se disant « extrêmement préoccupé par les violations répétées des droits humains » en Chine. C’est le traitement réservé par le gouvernement chinois à la minorité musulmane ouïghoure qui inspire les remontrances de la communauté internationale.
Lundi, les États-Unis ont annoncé que les athlètes américains seront à Pékin, mais aucun représentant du gouvernement ne fera le voyage.
Mercredi, Londres a emboîté le pas. L’Australie, aussi, avait annoncé la même décision plus tôt cette semaine. « On a plusieurs pays au monde qui lancent un message clair à la Chine : les violations des droits humains sont inacceptables », a souligné la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, aux côtés de M. Trudeau. « C’est clair que c’est important d’être avec des alliés en partenariat dans le monde quand on a une approche contre la Chine », avait insisté M. Trudeau, quelques heures plus tôt, pour justifier le temps qu’il a pris avant de décider d’un geste à poser. Le chef du Bloc québécois, lui, n’est pas impressionné. « Ça veut dire : on va laisser les athlètes y aller, mais on n’enverra pas les cravates. (…) C’est mou. Ça ne fera pas mal beaucoup. Ça n’empêchera pas le président chinois de dormir longtemps », a raillé Yves-François Blanchet.
Son député Alexis Brunelle-Duceppe continuait de réclamer un report des jeux de février. « C’est arrivé pour une pandémie. Pourquoi on ne peut pas le faire pour un génocide? », s’est exclamé le député bloquiste à l’entrée des Communes.
Les conservateurs et les néo-démocrates prêchaient depuis plusieurs jours pour l’absence diplomatique du Canada aux Jeux olympiques de Pékin.
La ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, a révélé que, déjà, des agents ont été embauchés pour assurer la sécurité des athlètes en territoire chinois. La ministre prévoit également une participation de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à la protection des athlètes canadiens. « C’est ma priorité. On va mettre tout ce qu’il faut en place pour que nos athlètes soient en sécurité en Chine pendant les Jeux olympiques », a déclaré Mme St-Onge. Au même micro, la ministre Joly a voulu se faire rassurante. « C’est évident que c’est dans l’intérêt de la Chine de protéger nos athlètes », a-t-elle offert. Rappelons que la Chine, furieuse de voir la dirigeante d’une de ses entreprises arrêtée à Vancouver, a emprisonné deux citoyens canadiens, Michael Spavor et Michael Kovrig, pendant presque trois ans. Ils n’ont été libérés qu’une fois que Meng Wanzhou, dirigeante de Huawei, a retrouvé sa complète liberté, les autorités américaines ayant renoncé à réclamer son extradition.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a minimisé l’importance du boycottage australien annoncé. « La Chine n’a pas invité de représentant du gouvernement australien aux Olympiques d’hiver de Pékin », a déclaré Wang Wenbin, mercredi, dans une conférence de presse dont la transcription a été publiée par le gouvernement chinois. « En fait, tout le monde s’en fout qu’ils viennent ou pas », a-t-il ajouté, reprochant à l’Australie de toujours « chercher quelque chose à reprocher à la Chine ». « Son prétexte de ne pas envoyer de représentants gouvernementaux aux Olympiques d’hiver de Pékin pour une supposée question de droits humains au Xinjiang en est une autre preuve », selon lui. Le représentant du gouvernement chinois a reproché à l’Australie de « violer le principe de neutralité politique » cher aux Jeux olympiques. Il y a fort à parier qu’il servira une leçon semblable au Canada. Cette perspective n’a pas ébranlé la ministre Joly. « La rhétorique utilisée par le gouvernement chinois n’est pas nouvelle. On va continuer non seulement d’avoir des conversations avec eux, mais de contrecarrer cette rhétorique-là », a dit la ministre des Affaires étrangères du Canada. « Le monde verra des Olympiques d’hiver (…) sécuritaires et splendides, et qui se tiendront avec succès à Pékin comme prévu », avait conclu, de son côté, Wang Wenbin.
Les comités olympique et paralympique canadiens ont dit « comprendre » et « respecter » la décision d’Ottawa de se joindre au boycottage diplomatique. « Cette annonce établit une importante distinction entre la participation des athlètes et celle des représentants du gouvernement aux Jeux », peut-on lire dans le communiqué publié mercredi et signé par David Shoemaker et Karen O’Neill. Après s’être dits, eux aussi, préoccupés par les « enjeux actuels en Chine », tous deux ont offert un argument souvent répété. « Les Jeux créeront une plateforme importante pour attirer l’attention sur ces enjeux », ont-ils déclaré.