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Pas d'air climatisé? Pas de problème!
Alors que la chaleur s’installe sur le Québec, les prochains jours s’annoncent difficiles pour ceux dont le domicile n’est pas climatisé. Heureusement, il existe des solutions alternatives pour réduire son inconfort durant les grandes chaleurs.
«La première évidence, c’est de ne pas générer de la chaleur dans la pièce», souligne d’emblée Denis Boyer, coordonnateur en efficacité énergétique pour Écohabitation.
S’il va de soi qu’une canicule n’est pas le bon moment pour faire rôtir une dinde au four, on oublie souvent que d’autres petits appareils génèrent une quantité de chaleur non négligeable.
«On n’y pense pas, mais un aspirateur a une puissance d’environ 1500 watts, rappelle M. Boyer. C’est assez pour faire monter la température de quelques degrés dans la maison.»
Pour éviter de contribuer à notre propre inconfort, il convient de limiter l’utilisation du grille-pain et de la machine à café, en plus d’éteindre les ordinateurs et la télévision quand ils ne sont pas en utilisation, énumère le spécialiste.
Comme le taux d’humidité de l’air contribue aussi beaucoup à l’inconfort, il est primordial de limiter tout ce qui génère de la vapeur. M. Boyer recommande par exemple d’allumer la hotte de la cuisine lorsqu’on fait bouillir de l’eau, ainsi que de réduire la durée et la température des douches.
Pendant le jour, le soleil devient le pire ennemi des citadins en sueur. Alors que plusieurs pensent déjà à garder les rideaux tirés, l’idéal est d’intercepter les rayons du soleil avant même qu’ils ne frappent la fenêtre.
«En Europe, plusieurs bâtisses ont des volets extérieurs. Ça, c’est vraiment l’idéal», indique M. Boyer.
En l’absence de volets, les plantes sont des alliées intéressantes, souligne M. Boyer. Sur un balcon, elles peuvent servir d’écran devant une fenêtre ensoleillée, tandis que de plantes grimpantes sont très efficaces pour empêcher la température d’un mur de brique de monter.
Une plante grimpante sur un mur exposé au soleil peut contribuer au confort à l'intérieur du bâtiment. (Photo: Denis Boyer)
«Quand un mur se réchauffe, cette chaleur-là se propage vers l’intérieur et finit par faire monter la température dans l’habitation, même longtemps après le coucher du soleil», explique le spécialiste.
«Si tous les bâtiments de Montréal étaient recouverts de vignes, il n’y aurait presque plus d’îlots de chaleur», avance M. Boyer.
En plus d’empêcher le soleil d’atteindre la brique grâce à leur feuillage dense, les plantes rafraîchissent l’air ambiant grâce à un processus biologique appelé évapotranspiration.
Variations de températures, en degrés Celcius, de deux zones d'un même mur exposé au soleil. (Photo: Denis Boyer)
«C’est un véritable système de climatisation», s’enthousiasme M. Boyer, soulignant que les plantes grimpantes peuvent même contribuer à réduire les pertes de chaleur d’une maison en hiver.
Contrairement à la croyance populaire, les ventilateurs ne font pas baisser la température d’une pièce. Ils améliorent toutefois notre confort en facilitant l’évaporation de la transpiration, ce qui provoque une sensation de froid sur la peau, explique Michel Bernier, professeur en mécanique du bâtiment au département de génie mécanique à Polytechnique.
«Règle générale, nous sommes confortables jusqu’à des températures de 25 à 28 degrés Celcius avec un habillement adéquat, explique M. Bernier. Avec un ventilateur, on augmente notre niveau de tolérance de quelques degrés.»
Or, les ventilateurs sont une arme à double tranchant, puisque leur moteur génère lui aussi de la chaleur. Il faut donc penser à les éteindre lorsqu’une pièce est inoccupée, pour éviter de contribuer à son propre malheur!
Si vous êtes à l’affût de conseils pour survivre aux grandes chaleurs, vous lirez souvent qu’il faut fermer les fenêtres pendant la journée et les rouvrir le soir pour laisser entrer l’air frais.
«En réalité, ce n’est pas si simple», nuance Denis Boyer, d’Écohabitation.
C’est qu’il ne faut pas se fier exclusivement au thermomètre. «Parfois, le taux d’humidité est très élevé et ça contribue à notre inconfort», rappelle-t-il.
Même si la température extérieure est beaucoup plus basse qu’à l’intérieur, ouvrir les fenêtres peut contribuer à notre inconfort quand le taux d’humidité est élevé (au-delà de 70%). Le site d’Environnement Canada permet de vérifier quel est le taux d’humidité dans une région donnée.
Si la chaleur continue de vous accabler malgré tout, il est peut-être temps d’aller magasiner. Non, pas pour profiter de l’air climatisé du centre d’achats (quoique…), mais plutôt pour remplacer votre réfrigérateur.
Les vieux réfrigérateurs peuvent générer une grande quantité de chaleur. «Comme ils sont mieux isolés, les appareils plus modernes font fonctionner le compresseur moins longtemps pour conserver leur fraîcheur. Ils génèrent donc moins de chaleur», explique M. Boyer.
En faisant des emplettes, profitez-en pour remplacer vos vieilles ampoules à incandescence par des fluocompactes ou des lampes LED, qui produisent beaucoup de chaleur (en plus de réduire votre facture d’électricité).
«J’aurais vraiment aimé vous proposer une solution miracle, mais malheureusement, il n’en existe pas quand on a pas de climatiseur», soupire Michel Bernier.
À cause des changements climatiques, les canicules deviennent de plus en plus longues, de plus en plus intenses et de plus en plus fréquentes au Québec.
«Il faut mettre de la pression pour que les villes en fassent davantage pour réduire les îlots de chaleur», réclame Denis Boyer. «Idéalement, on aurait des rues vertes et beaucoup, beaucoup moins d’asphaltes!»