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Les organismes communautaires et le réseau de la santé du Québec reçoivent une injection de près de 87 millions $ d’Ottawa pour soutenir leur travail auprès des toxicomanes.
L’explosion des surdoses et des dépendances est désormais considérée comme une des plus graves crises de santé publique au pays et si le Québec était encore relativement épargné il y a quelques années à peine, ce n’est plus le cas aujourd’hui.
«Lorsqu'on a commencé nos services de consommation supervisée en 2017, on gérait dans notre véhicule deux, trois, quatre surdoses par année; ce n'était pas le même enjeu qu'aujourd'hui parce qu'aujourd'hui, c'est plus d'une centaine de surdoses par année que notre équipe gère à l’intérieur de nos mobiles», a expliqué Julien Montreuil, directeur général de L’Anonyme, en conférence de presse vendredi à Montréal.
L’Anonyme est l’un des organismes bénéficiaires des sommes avancées par Ottawa dans le cadre de son Programme sur l’usage et les dépendances aux substances (PUDS). Le milieu communautaire est «hyper sous-financé», selon l’expression de M. Montreuil, qui n’était pas peu fier de présenter le nouvel autobus de l’organisme.
Le véhicule, avec lequel se déplacent ses intervenants psycho-sociaux, offre une salle d’injection supervisée, une salle d’inhalation et a même les équipements requis pour analyser les substances. Ce véhicule et d’autres de l’organisme se déplacent sur appel car, d’expliquer le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, qui participait à la conférence de presse, «on en parle encore trop peu, mais la plupart des gens qui décèdent de surdoses décèdent à domicile».
«Les drogues qui circulent dans la rue sont de plus en plus toxiques, de plus en plus chimiques, de plus en plus imprévisibles, a souligné le ministre. Ce que je dis à tout le monde, c'est: essayer de nouvelles substances, c'est mettre sa vie en danger.»
Les services offerts par l’autobus de L’Anonyme, de l’analyse des substances à leur consommation supervisée, prennent ainsi tout leur sens. L'organisme, avec ses autres véhicules plus petits, reste sur appel et assure le service 24 heures par jour, sept jours sur sept.
La ministre fédérale de la Santé mentale et des Dépendances, Ya’ra Saks, a tenu à saluer les représentants du milieu communautaire qui était sur place. «Votre travail consiste à ne pas détourner le regard», a-t-elle mentionné.
Elle n’a pu s’empêcher de dénoncer au passage le chef conservateur, fustigeant ses efforts de stigmatisation des toxicomanes. «Il est absolument honteux que le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, continue d'utiliser les personnes les plus vulnérables de nos communauté comme des accessoires de film dans des vidéos, dans des déclarations polarisantes.»
Le programme PUDS est en place depuis un certain temps, mais Québec a réussi à en étirer les sommes sur quatre ans. Jusqu’ici, les subventions s’échelonnaient sur deux ans, limitant leur usage à la recherche «car un investissement sur de si petites périodes limitait la capacité d'ajouter des ressources humaines sur le terrain», a fait valoir le ministre Carmant.
Le prolonger sur quatre ans, a-t-il expliqué, permet donc d’intégrer des projets cliniques comme celui de L’Anonyme, ou d’autres issus directement du réseau, comme une «urgence-dépendance» en Outaouais ou encore une «équipe dépendance» avec médecins de rue en première ligne en Montérégie.
En fait, seulement 25 % des sommes iront cette fois à la recherche, la part du lion de 75 % étant octroyée à des projets cliniques.