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Le gouvernement Trudeau rendra les provinces imputables envers leurs populations respectives grâce à un meilleur partage des données qui sera prévu dans les ententes sur la hausse des transferts.
Le premier ministre Justin Trudeau a reconnu jeudi que le gouvernement fédéral n'est pas le «boss» des provinces lorsqu'il est question de santé, tout en affirmant du même souffle qu'il les rendra imputables envers leurs populations grâce au meilleur partage des données qui sera prévu dans les ententes sur la hausse des transferts.
«Les provinces et les territoires livrent les systèmes de santé. Le gouvernement fédéral n'est pas le patron des provinces, n'est pas le "boss"», a dit M. Trudeau lors d'un point de presse à Halifax, en Nouvelle-Écosse.
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Des cibles seront toutefois négociées avec les provinces en fonction de ce qu'elles jugent atteignable. «Je ne sais pas, 80 %, 90 % d'accès à des médecins de famille, peut-être 99 % d’accès à des médecins de famille dans quelques endroits», a-t-il donné en exemple, tout en précisant qu'il y aura des cibles sur d'autres aspects des ententes, comme les soins de santé mentale.
Ces cibles seront rendues publiques, si bien que, selon M. Trudeau, lorsqu'une province ou une région aura des résultats décevants, «les citoyens, les journalistes, les chercheurs, les syndicats vont être bien positionnés pour poser les questions pertinentes aux gouvernements provinciaux sur pourquoi est-ce qu'on n'est pas en train d'avoir la même qualité de services que d'autres reçoivent avec des fonds semblables».
Plus tôt jeudi, le gouvernement fédéral a annoncé avoir conclu des ententes bilatérales avec l'Ontario et les quatre provinces de l'Atlantique pour le financement des soins de santé, soit deux semaines après que M. Trudeau eut offert aux premiers ministres des provinces et territoires 46 milliards $ sur 10 ans en nouveaux transferts fédéraux pour les soins de santé.
La somme annoncée comprend 25 milliards $ sur 10 ans pour les domaines prioritaires: santé mentale, collecte de données, médecine familiale, arriérés chirurgicaux et ressources humaines en santé.
Les provinces et les territoires n’obtiendront l’argent supplémentaire que s’ils acceptent des conditions, y compris une mise à niveau de la collecte de données sur la santé pour assurer la transparence du fonctionnement du système et des rapports annuels sur des indicateurs spécifiques.
Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a abondé dans le même sens que son chef. Ottawa n'est pas «le policier des systèmes de santé à travers le pays», a-t-il dit en point de presse, jeudi après-midi, à Québec.
«Il est hors de question que le gouvernement canadien prétende vouloir microgérer les systèmes de soins de santé. C'est aux Québécois, aux Ontariens et aux citoyens des autres provinces de voir à quelle vitesse l'atteinte des objectifs se fera», a assuré M. Duclos, réitérant la souplesse à laquelle ont droit les provinces dans leurs actions pour les quatre domaines prioritaires des accords bilatéraux.
Il était accompagné du ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc. Les deux hommes venaient de conclure leur tournée des provinces et des territoires des dix derniers jours en vue de promouvoir l'offre fédérale en santé.
MM. Duclos et LeBlanc ont fait le point sur leur rencontre avec les ministres québécois des Finances et responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Eric Girard et Jean-François Roberge.
«Une très belle conversation avec les deux ministres. On est très encouragés de ce qu'on a pu entendre, de ce qu'on a pu partager ensemble», a commenté le ministre Duclos.
Il croit pouvoir obtenir «assez rapidement» une lettre de Québec reconnaissant une entente de principe avec Ottawa, à l'instar de l'Ontario et des provinces de l'Atlantique. M. LeBlanc a dit s'attendre à voir d'autres provinces s'ajouter à la liste la semaine prochaine.
M. Duclos a indiqué que la question des données a nécessité d'apporter des précisions quant aux attentes d'Ottawa, lors des différentes rencontres avec les provinces, notamment avec le gouvernement Legault.
«Qu'est-ce qu'on entend par données? Est-ce qu'on est soumis ou redevable au gouvernement canadien? La réponse est non. La réponse est qu'on partage les données pour aider les ministres de la Santé» à améliorer les soins, a déclaré M. Duclos, qualifiant le système de données du Québec de «particulièrement solide».