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L'homme estime qu’il faudra «beaucoup de temps» avant que quelqu’un ne tente d’emmener des membres du public voir l’épave, et qu’il faudra beaucoup d’argent pour mettre au point un navire suffisamment sûr pour le faire.
Un Allemand qui a été l'un des premiers clients à descendre avec succès près l'épave du Titanic à bord du submersible détruit par une implosion il y a une semaine pense que la tragédie mettra fin au tourisme d'aventure sur le site.
Arthur Loibl a fait le voyage sur Titan en 2021 avec le PDG de la société de submersibles, Stockton Rush, et l'expert français du Titanic, Paul-Henri Nargeolet. Les deux hommes font partie des cinq personnes qui ont péri dans l'accident catastrophique qui a déclenché des recherches internationales frénétiques dans une zone reculée de l'Atlantique Nord pendant la majeure partie de la semaine dernière.
Le milliardaire britannique Hamish Harding, l'homme d'affaires pakistanais Shahzada Dawood et son fils de 19 ans, Suleman, ont également trouvé la mort.
«Ce type de tourisme est mort la semaine dernière, a déclaré M. Loibl lors d'un entretien téléphonique dimanche. Il faudra beaucoup de temps avant que quelqu'un ne tente à nouveau l'expérience. Il faudra construire un sous-marin beaucoup plus sûr et cela nécessitera beaucoup d'argent.»
Cet homme d'affaires et aventurier retraité de 60 ans, originaire de Straubing, près de Munich, s'est réjoui de l'ouverture d'une enquête par le Bureau canadien de la sécurité des transports, qui examinera «tous les aspects» de la tragédie. La Gendarmerie royale du Canada a également déclaré samedi qu'elle lance une enquête préliminaire afin de déterminer si une enquête criminelle est nécessaire.
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«Il serait très bon qu'ils le fassent parce que je pense qu'il y a eu beaucoup de problèmes… et que cela ne devrait pas se reproduire», a dit M. Loibl.
Le Titan avait une coque en fibre de carbone non conventionnelle, et les ingénieurs maritimes ont attiré l'attention sur le fait que le navire n'a jamais été homologué ou certifié par une tierce partie indépendante pour s'assurer qu'il répondait à certaines normes de sécurité. En 2018, un groupe d'ingénieurs a écrit une lettre avertissant que l'approche «expérimentale» de l'entreprise pourrait avoir des conséquences «catastrophiques».
Lorsqu'on lui a demandé ce qui devait changer à la suite d'une enquête, M. Loibl a répondu que les navires comme Titan devaient au moins être certifiés.
Il a expliqué que le submersible avait rencontré des problèmes avec sa batterie et ses poids d'équilibrage au cours de son voyage, transformant un voyage normal de huit heures en plus de dix heures en raison des 90 minutes de réparations nécessaires. Les cinq membres de l'équipage sont restés bloqués à l'intérieur de l'engin pendant les réparations.
«Ce n'est pas confortable, il n'y a qu'un plancher où l'on doit s'asseoir et où l'on ne peut rester que sur les genoux, on ne peut pas se tenir debout, a-t-il rapporté. Il y a de petites fenêtres qui ne permettent qu'à une ou deux personnes de regarder à l'extérieur et vous êtes assis très près les uns des autres, les jambes se superposent. Il n'y a vraiment pas d'espace à l'intérieur du sous-marin.»
M. Loibl a dit n'avoir jamais eu peur, mais admet avoir été nerveux pendant les deux heures et demie qu'a duré la descente vers le site de l'épave, effectuée avec un minimum d'éclairage pour économiser l'énergie des batteries.
«On n'entend vraiment rien. C'est silencieux… si vous ne vous parlez pas, c'est absolument silencieux», a-t-il expliqué.
Mais tout a changé lorsque le Titan est arrivé à destination, a-t-il ajouté.
«Lorsque nous avons atteint le fond de l'eau, j'étais heureux et 20 minutes plus tard, lorsque j'ai vu le Titanic, j'étais vraiment heureux. Mon humeur changeait parce que c'était un rêve qui devenait réalité.»
Il a qualifié d'«incroyable» le fait de voir l'épave de près, en raison de l'histoire du navire et du fait que seul un petit nombre de personnes dans le monde l'ont fait.
M. Loibl a qualifié cette expérience d'«aventure unique dans ma vie». Pourtant, il éprouve des émotions contradictoires face à ce qui s'est passé.
«Quand je regarde en arrière, je suis vraiment heureux d'avoir survécu, a-t-il déclaré. Je suis très triste que mes deux amis P.H. (Nargeolet) et (Stockton) Rush soient morts. Je me sens très mal parce que j'avais l'impression que cela aurait pu m'arriver.»