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Le gouvernement fédéral doit examiner l'an prochain de nouveau le mandat de la Banque du Canada.
Le mandat de la Banque du Canada doit évoluer pour mieux faire face aux crises économiques mondiales, souligne son gouverneur, Tiff Macklem.
Celui-ci a accordé cette semaine une entrevue exclusive à La Presse Canadienne, peu de temps après la décision de la Banque du Canada de maintenir son taux directeur à 2,75.
La banque centrale tente de contrôler l'inflation malgré les droits de douane imposés par le gouvernement américain. M. Macklem souligne qu'il doit aussi porter son attention sur d'autres aspects de la vie économique.
Il croit que la Banque du Canada a un rôle à jouer afin de limiter les chocs provoqués par les ajustements qu'elle doit imposer lorsqu'une crise majeure, comme la pandémie de COVID-19, frappe l'économie.
M. Macklem continue de défendre la cible de 2 % pour l'inflation. Selon lui, cette politique a bien fonctionné pendant la pandémie et le temps n'est pas venu pour la changer.
«Notre cadre flexible pour cibler l'inflation a subi son plus important test depuis ses 30 ans d'existence, dit-il. Je ne prétends pas que cela a été facile pour quiconque au cours des dernières années, mais notre cadre a bien fonctionné.»
M. Macklem aimerait bien trouver de meilleurs moyens pour s'occuper de problèmes des Canadiens, comme l'accessibilité au logement et l'augmentation de la facture d'épicerie. Il croit que les dernières années ont permis d'ouvrir les yeux des Canadiens qui n'étaient pas nés lorsque le taux d'inflation a dépassé les 10 % dans les années 1980.
«Malheureusement, une nouvelle génération de Canadiens sait à présent ce que c'est l'inflation. Et elle n'a pas aimé ça du tout.»
Les politiques monétaires en elles-mêmes ne peuvent pas rendre les maisons plus abordables. Si des taux d'intérêt élevés augmentent le coût de l'hypothèque, des taux plus bas contribuent à augmenter le prix d'une propriété à cause d'une plus forte demande.
M. Macklem convient que l'inflation peut empirer lorsqu'une économie ne fonctionne pas à son plein potentiel ou traverse de fortes perturbations.
«C'est le rôle de la politique monétaire d'amoindrir certains de ses éléments. Il faut soutenir l'économie tout en s'assurant que l'inflation est bien contrôlée.»
Il n'a pas de suggestion à formuler pour accroître le mandat de la Banque du Canada. «C'est un travail qui est en cours», lance-t-il.
La Banque du Canada est aussi en train de changer la façon avec laquelle elle consulte les Canadiens et examine ses données.
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Au lendemain de la décision de la Banque de maintenir le taux directeur à 2,75 %, la sous-gouverneure Sharon Kozicki examine plus adroitement les données non traditionnelles qui «peuvent nous aider à voir plus rapidement ce qui se passe sous la surface».
M. Macklem dit que la banque centrale omettait d'analyser les soubresauts touchant les lignes d'approvisionnement parce qu'elle les considéraient comme temporaires. Aujourd'hui, elle se veut plus nuancée afin de mieux réagir aux perturbations frappant les chaînes d'approvisionnement, aux conflits commerciaux et aux événements météorologiques extrêmes.
Une économie en surchauffe et des perturbations dans l'approvisionnement peuvent alimenter l'inflation.
«L'économie ne fonctionne pas bien lorsque l'inflation est élevée, souligne M. Macklem. Le rôle primaire de la Banque du Canada est de s'assurer que les Canadiens maintiennent leur confiance en la stabilité des prix. C'est tout ce qu'on peut faire pour l'économie canadienne. C'est ce qu'on peut faire pour les Canadiens. C'est sur quoi nous mettons l'accent.»
Le gouvernement fédéral doit examiner l'an prochain de nouveau le mandat de la Banque du Canada.