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«Comme il n'y a plus d'entente, et jusqu'à maintenant, pas de volonté de la part du gouvernement du Québec, je dois procéder à toutes les étapes qui mèneront à l'adoption d'un décret par le cabinet», dit le ministre de l'Environnement.
Au lendemain de la date limite de son ultimatum lancé à Québec sur la protection du caribou forestier, le ministre fédéral de l'Environnement, Steven Guilbeault, a annoncé qu'il entamera les démarches pour l'adoption d'un décret afin de limiter le déclin de cette espèce menacée.
Bien que sa préférence demeure d'en arriver à une entente avec le gouvernement Legault, le ministre Guilbeault se dit obligé d'agir en ce sens.
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«Comme il n'y a plus d'entente, et jusqu'à maintenant, pas de volonté de la part du gouvernement du Québec, je dois procéder à toutes les étapes qui mèneront à l'adoption d'un décret par le cabinet», a-t-il affirmé lors d'une annonce, jeudi à Laval, sur un nouveau programme de corridors écologiques.
Dans une lettre datée du 8 avril, M. Guilbeault avait donné au ministre québécois des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, jusqu'au 20 avril pour lui faire part de son plan de protection du caribou et de son habitat.
Si le plan était jugé insuffisant, M. Guilbeault avait indiqué qu'il recommanderait au cabinet d'utiliser les dispositions de la loi sur les espèces en péril afin de mettre les mesures en place pour protéger l'habitat du caribou au Québec.
«La porte est encore ouverte si le gouvernement du Québec veut arriver à une entente avec nous, mais je n'arrêterai pas les procédures pour l'adoption du décret tant que le gouvernement du Québec n'aura pas proposé quelque chose de concret», a mentionné M. Guilbeault.
ll a indiqué que des discussions ont eu lieu entre les deux parties, notamment entre son collègue aux Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, et la ministre québécoise responsable des Relations canadiennes, Sonia LeBel. Mais à ses yeux ces «négociations ne sont pas des propositions concrètes pour la protection de l'habitat».
Le premier ministre François Legault a exprimé au cours des derniers jours son agacement à l'égard de l'intervention du fédéral dans ce qu'il considère être un dossier provincial.
Le ministre Guilbeault croit plutôt que la question d'espèces en péril est de compétence partagée, citant l'exemple de la protection de l'habitat de la rainette faux-grillon pour laquelle Ottawa a adopté un décret.
M. Legault a répété jeudi que son gouvernement souhaite régler le dossier en trouvant un équilibre entre la protection de la faune et des emplois.
«Il y a des familles qui vivent d'un emploi du secteur de la forêt, il faut quand même tenir compte de ça, et il y a des caribous qu'on essaie de protéger. Et selon nous, c'est de compétence du gouvernement du Québec», a-t-il déclaré en point de presse à Rivière-du-Loup.
D'après M. Guilbeault, cet équilibre est toutefois loin d'être atteint. Divers scientifiques et chercheurs exposent que «la situation du caribou est de plus en plus précaire et menacée», a-t-il fait valoir, ajoutant du même souffle que le fédéral est prêt à soutenir financièrement Québec, comme dans son entente avec l'Alberta.
Selon les données de la province, de 2005 à 2016, la somme des individus de toutes les populations estimées de caribous forestiers au Québec variait de 5635 à 9981. Quant aux caribous montagnards, ils étaient environ une quarantaine en 2020.
L'exploitation forestière est la principale mise en cause dans ce déclin, en raison notamment des chemins forestiers qui favorisent le déplacement des prédateurs naturels du caribou comme l'ours et le loup.