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M. Guilbeault affirme que le Québec et l’ensemble du Canada n’en font pas assez pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) ni en matière d’environnement en général.
Le Québec et l’ensemble du Canada n’en font pas assez pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) ni en matière d’environnement en général.
Ce constat, étonnamment, est celui du ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, qui dresse un bilan mitigé des efforts du gouvernement Legault dans son domaine de compétence.
«Je dis qu'en tant que Québécois, je m'attends de la part de mon gouvernement, fédéral et provincial, à ce qu'on en fasse plus sur ces questions-là.»
Appelé lors d'une entrevue avec La Presse Canadienne à évaluer la performance du gouvernement Legault, qui entame un deuxième mandat dans la continuité du précédent, M. Guilbeault s’est d’abord empressé de souligner le positif: «D'abord, sur la question de la tarification carbone, nous avons reconnu au fédéral depuis longtemps que le Québec faisait preuve de leadership dans ce domaine-là. C'est pourquoi le système québécois passe à l'équivalence fédérale et que le Québec va pouvoir continuer d'utiliser son propre système.»
Le ministre fédéral, qui a dû menacer Québec d’imposer une protection du caribou par voie de décret, s’est également réjoui d’avoir pu s’entendre avec le gouvernement Legault dans ce dossier à la dernière heure.
«Je suis très heureux qu'on ait pu arriver à une entente de principe sur la protection du caribou juste avant l'élection. J’ai très hâte de pouvoir commencer à travailler là-dessus avec mon homologué, le ministre (de l’Environnement du Québec Benoit) Charette, pour la mise en œuvre, évidemment avec les nations autochtones québécoises.»
L’entente de principe reste toutefois à être détaillée dans un plan stratégique que Québec prévoit déposer à l’été 2023. Elle ne contient pas, pour l’instant, de mesures concrètes, mais bien des lignes directrices visant à maintenir dans un état «non perturbé» les deux tiers des habitats du caribou boréal, du caribou montagnard et du caribou forestier. Les démarches ne peuvent tarder, les hardes de Charlevoix et de la Gaspésie étant fragilisées à l’extrême.
Le ministre Guilbeault a déjà prévenu d’ailleurs qu’il lui sera toujours possible d’utiliser la Loi sur les espèces en péril pour venir protéger le caribou s’il le faut. Un des éléments clés de cette protection est l’aménagement d’aires protégées, notamment dans les secteurs de Pipmuacan et des Montagnes Blanches, qui chevauchent les régions de la Côte-Nord et du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
La question des aires protégées, qui portent atteinte à l’exploitation forestière, est au coeur d’une partie de bras de fer entre les différents intérêts – publics et privés – voulant tirer profit de la ressource et ceux voulant protéger le territoire, au premier chef les communautés autochtones et les groupes environnementalistes. Les deux derniers reprochent au gouvernement Legault de chercher à se donner un bilan reluisant en protégeant des zones nordiques, mais de tarder à créer des aires protégées dans le sud de la province où la biodiversité est plus grande et l’accès de la population plus facile, mais où la possibilité forestière est plus intéressante pour l’industrie, et ce, même si le ministre Charette a récemment annoncé la création de quelques nouvelles aires protégées dans le sud de la province.
Steven Guilbeault note toutefois que le Québec fait comme les autres dans ce dossier. «Ce réflexe de protéger des terres dans le Nord plus que dans le Sud, où les terres sont déjà fragmentées, où il y a déjà des conflits d'usage importants, notamment par rapport à l'étalement urbain, par exemple, c'est un enjeu canadien, ce n'est pas un enjeu qui est propre au Québec.»
Il fait valoir qu’Ottawa veut faire sa part dans la protection territoriale avec un engagement de créer 15 parcs nationaux urbains «pour rapprocher la nature des gens parce qu'effectivement ce n'est pas tout le monde qui peut aller visiter certains de nos très beaux parcs, mais qui sont très loin et difficiles d'accès».
Certains projets sont avancés, notamment à Toronto, mais des discussions sont aussi en cours avec des intervenants de la région de Montréal, notamment les Conseils régionaux de l’environnement de Montréal, Laval et des Laurentides ainsi que la Communauté métropolitaine de Montréal.
«Il faut protéger ce qu'il nous reste en milieu urbain et périurbain (…), mais il faut aussi penser à la restauration. La restauration, le reboisement, c'est bon dans le Nord, mais c'est bon aussi dans le Sud», ajoute-t-il.
Mais en fin de compte, l’effort le plus pressant, celui de freiner les changements climatiques, est insuffisant, dit-il.
«Le commentaire que je ferais, je le fais pour tout le monde incluant de mon propre gouvernement. On entend parfois qu’au Québec, des gens disent: "oui, mais on a un très bon bilan". C'est bien beau d'avoir un bon bilan, mais ce qu'on fait, tout le monde, n’est pas assez. Même les meilleurs à l'échelle internationale n'en font pas assez et tout le monde doit en faire plus.
«Et ça inclut certainement le Québec et le Canada», conclut-il, à moins d’une semaine de la COP27, la conférence des Nations unies qui s'ouvrira dimanche prochain à Charm-el-Cheikh, en Égypte.