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«Si rien ne change, s’assurer que les citoyens qui le souhaitent demeurent en sécurité à domicile le plus longtemps possible sera un défi impossible à relever », prévient la commissaire Joanne Castonguay.
Québec devrait ouvrir la porte à une contribution financière des usagers pour assurer la pérennité des services de soutien à domicile, recommande la commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, qui qualifie le système de «fragile».
«Toujours pour améliorer la viabilité financière, nous proposons que le gouvernement impose une contri bution des usagers de l'aide à domicile financée par les services publics», suggère Mme Castonguay, en conférence de presse, mardi, pour présenter les conclusions du quatrième tome de son rapport sur les soins et services de soutien à domicile.
La contribution devrait être déterminée selon les moyens de l'usager, précise la commissaire. Les services médicaux, infirmiers, professionnels, ainsi que les services posthospitaliers et palliatifs devraient demeurer gratuits.
Avec le vieillissement de la population, «le défi financier est énorme» pour l'État québécois, prévient la commissaire.
En 2040, le rapport estime que les besoins en services, tant à domicile qu'en CHSLD, représenteront l'équivalent de 571,9 millions d'heures de services. Les dépenses des soins et services devraient presque doubler, en augmentant de 8,9 milliards $ pour s'établir à 16,5 milliards $.
On estime qu'il faudrait 2500 places de plus par année dans les maisons des aînés au cours des 17 prochaines années, toujours selon le rapport, sans compter les milliers de travailleurs qu'il faudrait recruter pour combler les besoins.
Mme Castonguay affirme que les Québécois sont en très grande majorité favorables à une contribution financière pour les services de soutien à domicile. «La population était favorable à contribuer davantage, mais évidemment pour obtenir plus de services», nuance-t-elle.
La commissaire a qualifié la situation du soutien à domicile «d'inquiétante» et de «fragile» au Québec, dans un rapport publié mardi.
«Les résultats actuels sont inquiétants, déplore-t-elle. On a développé une politique qui est une approche d'un autre temps. En fait, on doit favoriser l'hébergement parce qu'on ne fait pas de prévention et de maintien de l'autonomie.»
La commissaire a critiqué l'intervention des gouvernements des 20 dernières années. Elle juge que le Québec s'était doté d'une politique «avant-gardiste» en 2003, mais qu'elle a malheureusement été «peu implantée». «Elle n'a jamais reçu un soutien formel de la part du gouvernement ou du ministre responsable à l'époque.»
L'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) croit qu'un manque de volonté politique est responsable des faiblesses du système. «On ne peut faire du surplace aussi longtemps sans qu'un certain laxisme, un désintéressement envers le virage vers le maintien à domicile se soit installé», s'inquiète le président de l'association, Pierre Lynch.
Dans son rapport qui contient 16 recommandations, la commissaire plaide en faveur d'une transformation du système de soutien à domicile. Elle recommande, notamment, de passer à une approche qui valorise le maintien de l'autonomie, de soutenir l'innovation et d'améliorer le soutien à la population.
Questionnée à savoir quelle recommandation devrait être appliquée dès maintenant, Mme Castonguay a répondu la création de bureaux régionaux. «L'accès unique où on regrouperait l'accès pour l'ensemble des usagers plutôt que de laisser les gens à eux-mêmes pour essayer de trouver c'est quoi la porte d'entrée.»
Le rapport est le dernier d'une série de quatre visant à évaluer la performance des programmes gouvernementaux ayant pour objectif le soutien à domicile.