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Dans le sondage annuel de La Presse canadienne, 38 têtes dirigeantes de salles de nouvelles ont choisi la sinistre découverte sur le site de l’ancien pensionnat de Kamloops comme l’histoire la plus intéressante et la plus révélatrice de 2021.
La découverte de tombes non marquées sur le site d’un ancien pensionnat de la Colombie-Britannique et le réveil à l’échelle du pays qu’elle a déclenché ont été choisis comme la nouvelle de l’année au Canada par les directeurs et directrices de salles de presse à travers le pays.
Dans le sondage annuel de La Presse canadienne, 38 têtes dirigeantes de salles de nouvelles ont choisi la sinistre découverte sur le site de l’ancien pensionnat de Kamloops comme l’histoire la plus intéressante et la plus révélatrice de 2021.
La nouvelle des tombes non marquées a devancé celle du déploiement des vaccins contre la COVID-19, qui a enregistré 31 voix, et celle du changement climatique relativement à la météo en Colombie-Britannique ayant généré des incendies destructeurs durant l’été et des inondations et glissements de terrain à l’automne, qui a obtenu 13 voix.
« Je crois que personne n’est resté insensible à cette horrible histoire, qui semble encore surréelle aujourd’hui. Il est de mise de rendre hommage à ces jeunes victimes aujourd’hui », a déclaré Louis-Éric Allard, rédacteur en chef de « La Tribune ».
L’histoire a éclaté en mai dernier lorsque la nation Tk'emlups te Secwepemc à Kamloops, en Colombie-Britannique, a déclaré que des recherches sur une partie du terrain de l’ancien pensionnat avec un radar à pénétration de sol avaient trouvé ce que l’on croyait être les restes de jusqu’à 215 enfants. La cheffe de Tk'emlups te Secwepemc, Rosanne Casimir, a alors déclaré que la communauté estimait qu’il s’agissait de décès d’enfants non documentés.
« Certains n’avaient que trois ans, a dit la cheffe Casimir dans un communiqué. Nous avons cherché un moyen de confirmer cela par respect et amour pour ces enfants perdus et leurs familles, sachant que Tk'emlups te Secwepemc est le dernier lieu de repos de ces enfants. »
Le pensionnat pour Autochtones de Kamloops a été en fonction de 1890 à 1969, lorsque le gouvernement fédéral a repris ses activités de l’Église catholique et l’a géré comme une école de jour jusqu’à sa fermeture en 1978.
Le rapport de 4000 pages de la Commission de vérité et réconciliation détaille les mauvais traitements dans les pensionnats du Canada, y compris la violence psychologique, physique et sexuelle envers les enfants, et au moins 4100 décès dans les établissements. Le Canada comptait plus de 130 de ces pensionnats, le dernier ayant fermé en 1996.
Même en tenant compte de la découverte par cette commission de milliers de morts dans les pensionnats, un grand nombre de directeurs et de directrices de salles de nouvelles qui ont participé au sondage ont déclaré que la découverte de tombes anonymes a représenté un évènement effrayant de sensibilisation sur les traitements réservés aux Autochtones au Canada.
« La découverte des tombes anonymes a jeté un éclairage puissant et troublant sur la question autochtone au pays, sur la souffrance des peuples autochtones, et sur ce qu’on leur fait encore subir aujourd’hui », a affirmé Geneviève Rossier, éditrice et directrice générale du Service français de La Presse canadienne.
L’histoire a fait les manchettes à travers le monde et, partout au pays, d’autres Premières Nations ont commencé à rechercher leurs enfants disparus en utilisant la même technologie.
Le chef Cadmus Delorme de la nation Cowessess de la Saskatchewan a déclaré qu’un radar à pénétration de sol utilisé près du pensionnat de Marieval a découvert 751 tombes non marquées, dont 300 ont maintenant été identifiées.
Des recherches au radar à pénétration de sol sont également en cours à Brantford, en Ontario, à l’ancien pensionnat du Mohawk Institute, et à Williams Lake, en Colombie-Britannique, à l’ancien pensionnat de la mission St. Joseph.
Des drapeaux ont été abaissés pendant des mois partout au Canada à la mémoire des enfants perdus et des survivants des pensionnats.
Le premier ministre Justin Trudeau a été sévèrement critiqué pour s’être rendu à Tofino, en Colombie-Britannique, pour des vacances en famille lors de la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation en septembre, malgré l’invitation de la cheffe Casimir à visiter l’ancien site du pensionnat de Kamloops.
M. Trudeau s’est ensuite rendu sur les lieux en octobre, où il s’est excusé, affirmant que sa décision relative à ses vacances avait été une erreur et qu’il regrettait d’avoir agi de la sorte.
La cheffe Casimir a décrit la réaction des Canadiens à la découverte de tombes anonymes comme étant d’une immense importance pour les survivants des pensionnats qui sentent que les ténèbres de leur passé ne peuvent plus être cachées ou niées.
« Cela a été tout à fait accablant, a déclaré la cheffe en juin dernier dans un champ près du pensionnat. Cela dit, au nom de Tk'emlups te Secwepemc, je tiens à exprimer ma plus profonde gratitude pour l’effusion de soutien. »
Garry Gottfriedson, un ancien élève du pensionnat de Kamloops, a déclaré que la découverte des tombes anonymes fait remonter à la surface des vérités enfouies depuis longtemps sur le traitement des peuples autochtones que les Canadiens veulent maintenant explorer.
« Cela montre l’esprit des vrais Canadiens, qu’ils veulent vraiment apprendre, a déclaré M. Gottfriedson, dont les poèmes, les chansons et les livres explorent l’identité autochtone. Ils ne veulent vraiment plus rien cacher. »
Les directeurs et directrices de salles de nouvelles à travers le pays ont décrit la découverte des tombes anonymes comme un moment insufflant un changement dans le pays, bien plus important qu’un simple fait divers.
Selon Sara Hyde, productrice exécutive à CKNW Vancouver, la découverte a non seulement changé la façon de voir l’histoire du pays, mais elle modifie « notre façon de penser à notre réalité et façonnera les décisions politiques à l’avenir ».