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Politique

Sherbrooke connaîtra une hausse de taxes de 3,13% en 2024

Le compte de taxes résidentiel moyen va grimper de 3,13% en 2024 à Sherbrooke. Le conseil municipal a adopté à la majorité le budget 2024 de la Ville en séance extraordinaire, mardi soir.

Le compte de taxes résidentiel moyen va grimper de 3,13% en 2024 à Sherbrooke. Le conseil municipal a adopté à la majorité le budget 2024 de la Ville en séance extraordinaire, mardi soir.

Pour une maison unifamiliale moyenne, évaluée à 259 697$, cela représente une hausse de 95$ du compte de taxes. Les conseillers indépendants Annie Godbout, Paul Gingues, Nancy Robichaud et Hélène Dauphinais se sont tous opposés au budget de fonctionnement, néanmoins il a tout de même été adopté.

Le parti Sherbrooke Citoyen avait promis de limiter cette hausse à 3% pour les quatre années du mandat et les nombreux travaux préparatoires au budget avaient entre autres comme trame de fond cet objectif. Devant l’inflation et les dépenses de fonctionnement additionnelles pour 2024, le respect de cette promesse n’était toutefois plus possible et le conseil s’est finalement arrêté sur cette hausse de 3,13%.

«Dans le contexte actuel, moi je suis totalement à l’aise de déposer ce chiffre-là à 3,1%, quand on sait que l’inflation est à 5,1%», analyse la présidente du comité exécutif et conseillère municipale Laure-Letarte-Lavoie. Le maire suppléant, Raïs Kibonge, ne croit pas que son parti recule sur une promesse et estime que les élus ont offert aux citoyens de la prévisibilité.

«Non, parce qu’à la base, l’objectif c’était de fournir des services et de respecter la capacité de payer. On a commencé d’abord par les immobilisations, ensuite voir c’était quoi nos dépenses et nos revenus. Ça nous a amenés à 3,13%», explique M. Kibonge.

Premier à s’exprimer sur l’adoption du budget en séance extraordinaire, le conseiller municipal indépendant du district du Golf a salué le «courage» des élus de Sherbrooke Citoyen.

«C’est un engagement, c’est un objectif ou une cible. Ce n’est pas une obligation. Je pense qu’on le voit aujourd’hui.»
-Marc Denault, conseiller municipal

La présidente du conseil et conseillère municipale, Danielle Berthold, se souvient elle aussi de cette promesse du parti d’Évelyne Beaudin. «À moins que je ne sois pas dans le bon conseil !», a-t-elle blagué, en mêlée de presse plus tôt mardi. Néanmoins elle salue elle aussi la décision des élus de reculer.

 «C’est juste d’être devant les faits et d’être réaliste. Ça aurait pu être beaucoup plus […] Je pense qu’à 3,13%, tout le monde était à l’aise avec ça», souligne-t-elle, en évoquant l’argument de l’inflation.

Les propriétaires d’immeubles à logements verront quant à eux leur compte de taxes grimper en moyenne de 4,25%. Pour un immeuble de six logements, cela représente une hausse annuelle de 326$.

Les taux fonciers des immeubles commerciaux et des immeubles industriels vont respectivement augmenter de 3,18% et de 2,11%.

Les conseillers municipaux indépendants Annie Godbout, Nancy Robichaud et Paul Gingues ont été très critiques du budget, saluant tout de même le travail des équipes du service des finances. Gingues s'est dit «viscéralement en désaccord» avec la philosophie de gestion de la Ville et estime qu'il «ne passe pas un mois sans réorganisation» à la Ville, créant chaque fois de nouveaux postes. Il a toutefois salué la création d'une réserve financière pour l'entretien des infrastructures, en déficit important.

Les conseillères indépendantes Nancy Robichaud et Hélène Dauphinais sont aussi revenues sur les propositions de coupures qu'elles avaient suggérées lors de l'étude du budget. Certaines ont été retenues, mais pas suffisamment au goût de Mme Robichaud.

«On fait le budget, on fait des propositions et très peu sont retenues […] J’espère qu’éventuellement ça changera.»

Nouvelles taxes

Sherbrooke va de l’avant avec deux nouvelles taxes pour répondre à la croissance de 5,3% de ses dépenses. Le budget de fonctionnement 2024 grimpe effectivement à 421 M$, soit 21 M$ de plus que l’année précédente.

Les élus ont donc choisi d’imposer une taxe spéciale pour les propriétaires de piscine, dont les modalités doivent être annoncées en 2024. Un montant de 80 $ annuellement devrait leur être demandé et a entre autres été basé sur ce que fait la Ville de Saguenay, selon le maire Raïs Kibonge. Environ 900 000 $ de revenus additionnels pourraient être engrangés par cette nouveauté.

«On va chercher de nouveaux revenus et il y a quand même un travail de nos inspecteurs pour mettre aux normes et s’assurer que ce soit sécuritaire, donc on va chercher ces coûts-là», analyse Laure Letarte-Lavoie.

Pour la conseillère indépendante Annie Godbout, qui a voté contre le budget de fonctionnement de la Ville, les Sherbrookois «ne sont pas dupes». Elle estime que les citoyens sont conscients que l'instauration d'une «taxe piscine» constitue également une hausse de leur compte de taxes.

Si les propriétaires d’immeubles industriels auront officiellement une hausse de leur compte de taxes de 2,11%, tel qu’écrit plus haut, ils devront aussi, à partir de 2024, payer une nouvelle taxe sur les surfaces imperméables. Les surfaces comme le pavage, le béton et le gravier sont visés par la mesure, mais les toitures sont exclues.

«Le but c’est d’aller chercher un changement de comportement, de verdir les ilots de chaleur», explique Mme Letarte-Lavoie. Un montant de 113 $ par [unité de surface imperméable, ce qui correspond selon la Ville à environ 252 mètres carrés] de surface imperméable pourrait être demandé aux propriétaires, mais la tarification reste à définir, en 2024. Mississauga, en Ontario, et Laval, au Québec, ont déjà implanté des mesures similaires. Les immeubles commerciaux sont exclus de cette mesure pour 2024, mais il n’est pas exclu de les ajouter dans le futur.

«Les décisions ont été prises à la lumière du contexte économique, donc c’est de trouver un juste équilibre entre les orientations qui avaient été prises, le contexte économique.»
-Nathalie Lapierre, directrice du service des finances et trésorière à la Ville de Sherbrooke

«Moi je n’étais pas d’accord avec les surfaces imperméables, parce que je disais que c’était encore de taxer davantage, sauf que l’important pour une Ville, c’est de faire en sorte que son budget soit accepté», explique quant à elle Danielle Berthold.

Parmi les mesures qui permettent à Sherbrooke de boucler le budget, notons qu’il coûtera désormais 2 $ l’heure pour se stationner en ville. Les élus mettent aussi fin à la gratuité du stationnement pendant les Fêtes et augmentent le montant des amendes et pénalités de 49 $ à 59 $. Combinées, ces mesures permettront à la Ville d’obtenir environ 700 000 $ de plus en revenus.

Plan quinquennal d’immobilisations

Pour la première fois, le service des finances était mandaté cette année pour présenter un programme d’immobilisations de cinq ans, au lieu de trois ans. Au cours de ce plan quinquennal, également présenté aujourd’hui, 517 M$ d’investissements de la Ville sont prévus pour 181 projets.

Outre le renouvellement d’infrastructures routières, le plan 2024-2028 prévoit entre autres 33 M$ d’investissement au centre-ville, dont dans le secteur Well Sud et rue du Dépôt. Les rénovations du théâtre Granada évaluées à 8,5 M$, sont aussi prévues.

Des investissements plus importants que par les années passées sont aussi prévus dans Hydro-Sherbrooke, or ces montants ne seraient pas reliés aux impacts des dernières tempêtes. À titre d’exemple, les investissements prévus sont de l’ordre de 23,4 M$ en 2024, alors qu’ils étaient de 20,7 M$ l’année dernière. «On a la prétention que l’électricité, c’est un besoin primaire», explique Nathalie Lapierre, qui se veut rassurante : le réseau est selon elle en «bonne condition». De l’élagage sur les arbres de la Ville est notamment prévu.

Pour 2024, ce sont 92 M$ d’investissements qui sont prévus pour la Ville, auxquels s’ajoutent 12 millions obtenus en subventions. Les conseillères Robichaud et Dauphinais se sont également opposées au plan d'immobilisations, qui a tout de même été adopté à la majorité.

Note de la rédaction: la version initiale de cet article indiquait que la taxe sur les surfaces imperméables serait de 113 $ par mètre carré. Or, la Ville de Sherbrooke est revenue mercredi sur cette information, précisant que la taxe serait de 113 $ par unité  de surface imperméable, ce qui correspond à 252 mètres carrés. Pour plus d’information, consultez les normes éditoriales de Noovo Info.