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Le sujet commence à gagner en importance chez les libéraux à Ottawa.
À quelques jours du couronnement du roi Charles III, un député libéral indique que l'idée de rendre optionnel le serment d'allégeance à la Couronne britannique pour les élus canadiens fait son chemin au sein du caucus libéral.
«Je vous dirais que ça commence à bouillir un petit peu», a déclaré mercredi, en mêlée de presse, le député acadien René Arseneault en voulant dire que le débat gagnait en importance.
Il a précisé qu'il n'employait pas le mot «bouillir» au sens de devenir «enragé». «Bouillir au sens que ça commence à être un dossier qui prend le dessus. On en parle», a ajouté celui qui avait refusé, en 1992, de prêter serment à la reine Élizabeth II pour être admis au Barreau du Nouveau-Brunswick.
M. Arseneault a dit avoir «bon espoir» que le serment d'allégeance que doivent faire les élus de la Chambre des communes pour être assermentés sera un jour facultatif.
En octobre dernier, il avait même signalé qu'il serait prêt à «travailler» sur une motion rendant l'exercice optionnel. Mercredi, il a mentionné qu'il y a «assurément» d'autres partisans de cette avenue parmi ses collègues libéraux. Il n'a toutefois pas voulu nommer lesquels.
Un autre député acadien, Darrell Samson, n'a pas caché son intérêt pour l'idée. «C'est inclusif, donc c'est certainement une façon d'agir», a-t-il soutenu en arrivant à la réunion hebdomadaire du caucus libéral.
Il a admis avoir trouvé «difficile», en tant qu'Acadien, de prêter allégeance à la Couronne britannique. «Mais on prête allégeance au pays. Moi, je vois ça comme ça», a-t-il nuancé.
S'il souhaite qu'on retire le caractère obligatoire du serment, M. Arsenault n'est pas d'accord pour carrément couper les ponts avec la monarchie britannique, comme le réclame le Bloc québécois.
Néanmoins, le chef bloquiste Yves-François Blanchet se réjouit d'avoir l'appui de libéraux concernant le serment au roi.
«Il y a un ensemble de choses. Ça, c'en est une qu'on accueille positivement, d'autant plus qu'il se passe au sein même du caucus libéral, à tout péché miséricorde», a-t-il dit avant de se rendre à la période des questions.
Selon M. Blanchet, de plus en plus de libéraux commencent à être irrités que leur parti se positionne en porte-à-faux d'une majorité de Canadiens qui n'ont pas d'attachement envers la monarchie britannique.
Les résultats d'un sondage Angus Reid publiés la semaine dernière indiquent que 60 % des Canadiens s'opposent à la reconnaissance du roi Charles III et des implications qui en découlent, comme qu'un serment lui soit prêté. Au Québec, cette opposition atteint 76 %.
Le Bloc québécois s'insurge d'ailleurs que la reconnaissance d'Ottawa envers le roi Charles III ait été incluse par le gouvernement de Justin Trudeau dans le projet de loi de mise en œuvre de son budget de 2023.
Le leader parlementaire bloquiste, Alain Therrien, a écrit à son vis-à-vis libéral, Mark Holland, pour lui demander de scinder le projet de loi. «À l'évidence, cet acte de reconnaissance monarchique n'a pas sa place dans un projet de loi sur le budget et doit, selon nous, faire l'objet d'un projet de loi distinct qui serait débattu par les députés de la Chambre», a-t-il plaidé.
M. Holland lui a répondu que cette portion du C-47 n'est là qu'à des fins administratives étant donné que Charles III a succédé à Élizabeth II après sa mort.
Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a refusé de dire comment il se positionnait sur la question de rendre optionnel, ou non, le serment d'allégeance à la Couronne britannique. Il a contourné plusieurs questions à ce sujet en mêlée de presse, faisant valoir qu'il ne s'agissait pas d'un enjeu prioritaire.
L'automne dernier, les conservateurs avaient aussi plaidé que la monarchie n'était pas à l'ordre des priorités, tout comme les libéraux. La question avait alors surgi parce que le Bloc québécois avait forcé un vote à la Chambre des communes sur une motion qui proposait de couper le cordon entre le Canada et la monarchie britannique.