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Un plus grand nombre de personnes ont dit avoir été victimes d’au moins une fraude que de tout autre type de crime au cours des 12 mois précédant l’enquête.
Statistique Canada, qui n’avait jamais demandé aux Canadiens avant 2019 s’ils avaient été victimes de fraude, constate que ce type de crime dépasse de loin ce que les policiers en savent: un plus grand nombre de personnes ont dit avoir été victimes d’au moins une fraude que de tout autre type de crime au cours des 12 mois précédant l’enquête.
L’agence fédérale publie lundi une série de données après avoir posé pour la première fois des questions sur les fraudes dont ont été victimes les répondants dans l’Enquête sociale générale (ESG) de 2019 sur la sécurité des Canadiens.
On y apprend ainsi qu’il y a quatre ans, le nombre de victimes de fraude, soit 2,5 millions de personnes (7,8 % de la population de 15 ans et plus), était plus élevé que le nombre de victimes de tous les crimes violents réunis, soit l’agression sexuelle, le vol qualifié et les voies de fait, qui ont touché un peu moins de 1,4 million de victimes (4,3 % de la population).
La fraude, en fait, vient au premier rang devant, respectivement, le vol de biens personnels, le vol des biens du ménage, les crimes violents, le vandalisme, l’introduction par effraction et le vol de véhicules à moteur.
Si l’on étend au-delà des 12 derniers mois précédant l’enquête, une personne sur six (17 % ou 5,45 millions de personnes de plus de 15 ans) a déclaré avoir été victime de fraude dans les cinq années précédentes. Cette forme de criminalité est en forte hausse, selon les données policières qui indiquent que le nombre de fraudes a presque doublé en 10 ans, passant d’un peu plus de 87 000 dossiers en 2011 à plus de 168 000 en 2021.
Or, les données de Statistique Canada lèvent le voile sur la honte qui accompagne le fait de s’être «fait prendre» par des fraudeurs, puisqu’elles démontrent que les policiers ne voient que de la pointe de l’iceberg. Seulement une personne sur dix (11 %) des personnes ayant déclaré avoir été victimes de fraude dans l’ESG en a informé la police. «Le taux de signalement de la fraude à la police s'approche ainsi de celui des agressions sexuelles (6 %)», écrit l’agence fédérale.
C’est en Saskatchewan (17 %) et au Québec (15 %) que les victimes s’adressent le plus aux policiers.
On constate cependant que les victimes cherchent davantage à protéger leur argent qu'à faire déclencher une enquête puisque les deux tiers (65 %) des victimes de fraude l’avaient signalée à leur institution financière.
Fait à noter, la plupart des victimes n’avaient subi aucune perte (38 %) ou une perte de moins de 250 $ (16 %). Une victime sur quatre a perdu environ 1000 $, mais dans 3 % des cas, la perte était d’au moins 10 000 $ et 0,5 % y ont laissé des sommes dépassant les 100 000 $. Au total, les pertes encourues par l'ensemble des victimes de fraude dépassent les 16 milliards $ en cinq ans.
Lorsqu’on scrute les données par région, on constate que l’Alberta a affiché la proportion la plus élevée de personnes victimes de fraude (22 %), alors que les personnes vivant au Nunavut (8,6 %), dans les provinces atlantiques et au Québec étaient les moins susceptibles d’avoir vécu une fraude, avec des taux variant entre 13 % et 14 %.
Qui sont les principales victimes? On ne s’étonnera pas de constater qu’un revenu élevé est associé à un risque accru d’être victime de fraude; 13 % des gens dont le revenu était inférieur à 20 000 $ ont été victimes de fraude au cours des cinq années ayant précédé l’enquête, comparativement à 24 % des personnes dont le revenu était de 120 000 $ ou plus.
Aussi, les personnes ayant fait des études universitaires étaient environ 2,5 fois plus susceptibles de déclarer avoir été victimes de fraude que les personnes n’ayant pas de diplôme d’études secondaires.
À l’opposé, les membres des Premières Nations (11 %) et les Inuit (6 %) ont affiché une plus faible prévalence de la fraude que les non‑Autochtones (17 %). «Ces différences pourraient peut‑être en partie s’expliquer par la marginalisation socioéconomique des Autochtones», avance comme hypothèse Statistique Canada.
De même, les francophones étaient aussi moins susceptibles que leurs homologues anglophones d’avoir été victimes de fraude (13 % par rapport à 18 %). L’agence fédérale souligne que cet écart est constant même en tenant compte des différences de revenu ou de niveau de scolarité. Statistique Canada n’avance aucune explication pour cette situation, mais il serait difficile d’écarter la possibilité que le nombre de tentatives de fraude en anglais soit supérieur à celles effectuées dans la langue de Molière.
Sans surprise, les données policières nous apprennent que le plus grand nombre de fraudes se fait par ordinateur (piratage, hameçonnage, etc.) et que cette tendance est à la hausse. Les fraudes par carte de crédit viennent au deuxième rang, mais sont en baisse alors que le troisième rang est occupé par les fraudes dans le domaine des valeurs mobilières ou financières qui sont en forte hausse.
Dans presque tous les cas (90 %) de fraude déclarés, des renseignements personnels avaient été obtenus par les fraudeurs. Bien que près de la moitié des victimes ignoraient comment leurs renseignements personnels avaient été obtenus, celles qui le savaient ont dit: que leur carte de crédit ou de débit avait été clonée ou copiée; que l'accès à un de leurs comptes (compte en ligne, compte de courriel) avait été piraté; qu'elles avaient elles-mêmes fourni les renseignements; ou encore que les renseignements avaient été obtenus à la suite de la violation d'une base de données ou d'une fuite de données.