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Les employés de l'adminstration québécoise gagnent en moyenne 55 652$ par année, soit un salaire inférieur de 11,9% à celui de l'ensemble des autres salariés québécois travaillant dans les entreprises de 200 employés et plus.
Une étude de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) démontre qu'en 2022, les employés de l'administration québécoise gagnent en moyenne 55 652$ par année, soit un salaire inférieur de 11,9% à celui de l'ensemble des autres salariés québécois travaillant dans les entreprises de 200 employés et plus.
Le rapport intitulé Rémunération des salariés – État et évolution comparés 2022 indique également que le salaire des employés de la fonction publique présente un retard de 8,7 % par rapport aux employés du secteur privé et de 18,6 % par rapport aux salariés des autres secteurs publics (sociétés d’État, universités, municipalités et administration fédérale au Québec).
Institut de la statistique du Québec - Rémunération des salariés – État et évolution comparés 2022
Voyez le reportage de Lili Mercure.
Dans son rapport, l’ISQ met en lumière que le salaire «n’est qu’une composante de la rémunération globale par heure travaillée.»
Si l’on tient aussi compte des régimes de retraite, des assurances collectives, des congés et de la semaine normale de travail, on constate que les salariés de l’administration québécoise reçoivent une rémunération globale de 44,69 $/h.
C’est une rémunération de 3,9 % inférieure à celle des autres salariés québécois et de 20,4 % inférieure à celle des salariés des autres secteurs publics. Elle est toutefois de 3,9 % supérieure à celle des salariés du secteur privé.
Institut de la statistique du Québec - Rémunération des salariés – État et évolution comparés 2022
Selon l’ISQ, le retard moins prononcé de l’administration québécoise sur le plan de la rémunération globale (– 3,9 %) que sur celui du salaire (– 11,9 %) s’explique par un nombre de congés (vacances, congés de maladie, etc.) plus élevé et une semaine normale de travail plus courte. «Dans l’administration québécoise (35,8 h), les salariés travaillent environ une heure et demie de moins que les autres salariés québécois (37,4 h)», peut-on lire dans le rapport.
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Selon les chiffres de l’Institut de la statistique du Québec, les écarts observés entre l’administration québécoise et les autres salariés québécois se sont réduits entre 2021 et 2022, et ce, tant sur le plan du salaire que sur celui de la rémunération globale.
L’ISQ explique cette situation principalement «par le fait qu’à la suite de la signature récente de la majorité des conventions collectives dans l’administration québécoise, il y a non seulement eu une augmentation salariale pour l’année 2022, mais également des augmentations salariales rétroactives qui ont été consenties pour les années 2020 et 2021, lesquelles sont prises en compte dans la comparaison de cette année.»
Le rapport de l’ISQ sur la rémunération des employées et employés de l’administration québécoise a fait réagir le Front commun - la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS qui représentent plus de 420 000 travailleuses et travailleurs de l’État québécois dans les secteurs publics, en éducation, en santé et dans les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur -, qui espère mieux alors que les conventions collectives viendront à échéance le 31 mars 2023.
«Sur le plan des salaires, année après année, l’écart reste important. Il est de -11,9 % avec l’ensemble des autres salariés québécois. Après cela, le gouvernement s’étonne qu’en plein contexte de pénurie de main-d’œuvre, on peine à attirer et à retenir le personnel dans nos réseaux publics, en éducation, en santé et en services sociaux et en enseignement supérieur. Ce n’est pas pour rien que nous demandons une clause d’indexation à l’inflation pour protéger le pouvoir d’achat des travailleuses et des travailleurs, ainsi que des hausses de salaire à la hauteur des services rendus à la population», déclarent les leaders syndicaux Éric Gingras, président de la CSQ, Caroline Senneville, présidente de la CSN, Robert Comeau, président de l’APTS, et Daniel Boyer, président de la FTQ.
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Le Front commun note certains écarts notables publiés dans le rapport de l'ISQ, entre autres avec les entreprises privées syndiquées qui offrent une rémunération globale de 9,3 % supérieure au secteur public. Les syndicats soulignent que «les écarts sont aussi importants avec des catégories aux conditions comparables, notamment avec l’administration municipale (-34,6 %), les entreprises publiques (-19,6 %), le secteur universitaire (-15 %) et l’administration fédérale (-11,6 %).»
Chez les ouvriers spécialisés (menuisiers, électriciens, plombiers et autres), le retard est encore très important, soit de 30,7 %, selon les données de l'ISQ. «Pas étonnant qu’il soit extrêmement difficile pour les établissements de santé et de services sociaux et des réseaux scolaire et collégial de recruter cette main-d’œuvre qualifiée, indispensable à l’entretien de nos installations», peut-on lire dans le communiqué du Front Commun.
« Au-delà des chiffres présentés par l’ISQ, c’est le constat des enjeux qui minent nos réseaux publics auxquels il faut s’attaquer. Et ça passe par la négociation. Le gouvernement Legault devra bien prendre la mesure des offres salariales qu’il doit déposer aux employées et employés de l’État à la fin décembre. Celles-ci devront permettre un véritable enrichissement. Il faut plus que de la bonne volonté, de grandes orientations et une flopée de mercis. Le statu quo n’est pas acceptable », concluent les leaders syndicaux.
La députée de Québec solidaire et responsable du dossier au Conseil du Trésor, Christine Labrie, a également dénoncé l'écart de salaire et l'inaction du gouvernement.
«François Legault passe son temps à répéter que ça prend des emplois payants au Québec. Il est temps qu'il se réveille et qu'il réalise que les salaires offerts par le gouvernement du Québec font baisser le salaire moyen. Ce sont nos services publics qui écopent quand nos employés partent, et on a atteint un stade critique de désertion. La CAQ doit passer de la parole aux actes et profiter des négociations du secteur public pour faire un grand rattrapage», a-t-elle déclaré en réaction aux dernières données de l'ISQ. «En pleine inflation, ce n'est pas surprenant que les Québécois choisissent l’employeur qui leur fait la meilleure offre pour réussir à payer toutes leurs factures. »