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Une bien mauvaise surprise, quand on sait que le tarif horaire pour ces services excède les 100$ de l’heure.
Alors que les soins de santé mentale sont difficiles d'accès au Québec, même au privé, les psychoéducateurs aimeraient être davantage appelés à faire partie de la solution. Or, la plupart des assurances collectives refusent encore de rembourser les services de psychoéducation au même titre que d'autres soins de santé mentale. C'est que la profession, exclusive au Québec, est encore méconnue.
Après être allé chercher du soutien auprès d'un psychoéducateur pour leur enfant ou leur adolescent, il n'est pas rare que des parents apprennent avec consternation que leur assurance collective refuse de rembourser ces frais. Une bien mauvaise surprise, surtout quand on sait que le tarif horaire de ce service offert par les membres de l’Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec (OPPQ) excède les 100 dollars de l’heure.
Si les assureurs ne remboursent pas ces frais, c’est qu’ils «ne connaissent pas l'éventail des champs de pratique des professionnels» en psychoéducation, constate le président de l’OPPQ, Félix-David Soucis, contacté par Noovo Info en marge des Journées de la psychoéducation 2023, qui se tenaient mercredi et jeudi. On parle d’évaluation de l’adaptation sociale, d’application de plans d’intervention, d’analyse, de prévention, de conseil, d’interventions en situations d’urgence…
Lyne Duhaime, présidente du secteur québécois de l’Association canadienne des compagnies d’Assurances de personnes (ACCAP), explique que «la couverture pour la psychoéducation varie […] d’un assureur à l’autre». Or, la décision d’inclure ou non la psychoéducation dans la couverture pour les services de soutien en psychologie «revient à chaque preneur de régimes d’assurance, soit les employeurs, les associations professionnelles et les syndicats», spécifie Mme Duhaime.
Si les psychoéducateurs sont souvent omis des listes de professionnels en santé mentale pouvant faire l'objet d'un remboursement, c'est surtout parce que la profession n'est enseignée et reconnue qu'au Québec. Ici, les intervenants de l’OPPQ interviennent «à tous les niveaux» dans divers milieux, scolaires, professionnels, à domicile et dans le système de santé – là où les psychologues se concentrent davantage sur l’aspect «thérapeutique».
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Cette inconstance fait sourciller quand on sait qu’au Québec, il y a plus de 6000 psychoéducateurs dans le réseau de la santé, les milieux scolaires, dans les organismes communautaires et au privé.
Près de 230 de ces psychoéducateurs et psychoéducatrices ont signé une pétition et l’ont envoyée au gouvernement Legault pour demander de faire partie de la liste des praticiens de soins de santé exonérés.
Certains professionnels privés en psychoéducation fournissent même des lettres à leurs clients – des lettres à envoyer à leurs assureurs pour leur vendre l’idée d’inclure leurs services dans leur couverture. Source: Une psychoéducatrice québécoise du secteur privé
Leur message: ils font partie de la solution pour répondre aux besoins de la population en santé mentale, à l’heure où l'aide est difficile d’accès, en raison notamment des listes d’attente et du manque d’effectif dans certains milieux.
«Il manque de psychoéducateurs dans les milieux scolaires et de la santé par rapport à la demande», déplore Eva Grenier-Lespérance, psychoéducatrice du Centre hospitalier , universitaire Sainte-Justine.
Résultat, plusieurs familles se tournent vers le privé, et il faut être prêt à déplier son portefeuille… Et attendre, encore, puisqu'au privé aussi, les listes d'attente ne cessent d'allonger.
Avec de l'information d'Émilie Clavel et la collaboration de Guillaume Théroux pour Noovo Info.
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