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Des avocats de l'aide juridique ont manifesté mardi devant le palais de justice de Montréal.
Les avocats de l'aide juridique poursuivent la grève cette semaine, en attendant la conclusion d'une entente avec Québec pour le renouvellement de leur convention collective. Des membres ont manifesté mardi devant le palais de justice de Montréal.
Ils réclament entre autres le maintien de leur parité salariale avec les procureurs de la Couronne.
Voyez le reportage de Camille Laurin-Desjardin dans la vidéo qui accompagne ce texte.
La présidente du Syndicat des avocats et avocates de l’aide juridique de Montréal et Laval–CSN, Me Justine Lambert-Boulianne, a déploré l’attitude du gouvernement.
«Le système de justice craque de partout, on peine à recruter le personnel nécessaire pour défendre les droits des plus vulnérables, mais pendant ce temps, à Québec, il y a des gens pour qui il semble logique d’avoir deux classes d’avocats», a-t-elle lancé aux manifestants mardi.
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Depuis le déclenchement de la grève le 6 avril 2023, des avocats ont dressé des piquets de grève aux abords des palais de justice dans plusieurs régions du Québec, interrompant l’ensemble des services dans les régions de Montréal et Laval, des Laurentides, de Lanaudière, de la Montérégie, du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine.
«Au risque de nous répéter, nous rappellerons aux ministres LeBel et Jolin-Barrette, tous deux membres du Barreau, que nous plaidons les mêmes dossiers, dans les mêmes tribunaux et devant les mêmes juges que la Couronne. Et que nous ne demandons rien de neuf, sinon le maintien d’une parité salariale qui prévaut depuis maintenant 35 ans», a ajouté Me Lambert-Boulianne.
Cette grève n'est pas sans conséquence. De nombreux programmes gouvernementaux sont interrompus ou seront perturbés jusqu'au 17 avril prochain, date à laquelle les avocats de l'aide juridique doivent revenir au travail. Des causes liées à l'aide juridique ont donc été reportées et des comparutions risquent d'être retardées.
C'est le cas notamment du programme Rebâtir, du Tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale, du Programme d’accompagnement justice et santé mentale, du Programme de mesures de rechange pour les adultes en milieu autochtone et du suivi des recommandations de la Commission Laurent.
«On représente une clientèle qui est vulnérable dans plusieurs sens», a expliqué Me Manuel Gerbelli-Gauthier, pratiquant à l'aide juridique de Montréal, en entrevue avec Noovo Info. «Des fois [ils sont démunis] sur le plan financier, des fois démunis sur le plan social; il y a des gens qui ont des problématiques diverses de santé mentale, d'autres qui ont un statut précaire. L'objectif pour nous, c'est de s'assurer que leurs droits sont préservés. Souvent, ces gens-là se sentent seuls face à la justice, et on est le dernier rempart avant qu'ils se sentent complètement envahis.»
La garde téléphonique, assurée par les avocats de Montréal, mais qui donne accès à tous les Québécois à des services juridiques lorsqu'ils se font arrêter, était inaccessible pendant le long congé de Pâques, et le sera jusqu'à la fin de la grève. Seulement pendant la fin de semaine passée, Me Gerbelli-Gauthier estime qu'environ 400 à 600 appels n'ont pas pu être pris.
«Le droit de parler à un avocat le plus rapidement possible à la station, c'est un droit constitutionnel, et c'est à la police de faire respecter ce droit-là», a-t-il insisté en entrevue avec Noovo Info. «Si la police ne permet pas de faire respecter ce droit-là, les charges peuvent tomber par la suite.»
À Québec, l'opposition officielle a déploré le fait que ce soit une clientèle démunie qui soit victime de ce conflit.
«Ce sont malheureusement les gens qui en ont le plus besoin qui souffriront du manque de services à l'aide juridique si la présidente du Conseil du trésor n'arrive pas à s'entendre avec ces travailleurs, dont la tâche va bien au-delà de la seule plaidoirie. Ils font un véritable travail d'éducation et d'accompagnement. Mme Lebel doit le reconnaître», a affirmé André A. Morin, porte-parole libéral pour les dossiers de justice.
Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, n'a pas été en mesure d'accorder d'entrevue afin de répondre aux questions de Noovo Info. Par courriel, son attachée de presse a tenu à préciser qu’il y a également des avocats de la pratique privée qui assurent un service de garde en parallèle pour répondre aux besoins des citoyens. Elle a ajouté que les discussions se poursuivent de manière intensive entre le Conseil du trésor, la Commission des services juridiques et les représentants syndicaux.
Avec les informations de Camille Laurin-Desjardins pour Noovo Info et de la Presse canadienne