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Connaissez-vous les risques de thrombophlébites liés à la pilule?
Elle a 41 ans. Elle ne fume pas. Elle mange bien. Elle s'entraîne pour des triathlons et revient d'un séjour de 3 jours aux soins intensifs où elle a failli y laisser sa peau en raison des effets de la pilule contraceptive.
L'histoire commence par une blessure banale qui a les apparences d'un claquage musculaire pour la professionnelle des communications Maude Lapointe. Habituée aux petits bobos qui viennent avec l'entraînement physique régulier, elle fait des étirements et met de la glace en se disant que le mal finira par passer.
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Cinq jours plus tard, tout bascule. Maude se présente le souffle court à l'hôpital Brome-Missisquoi-Perkins à la mi-mars. Dès son arrivée, l'infirmière au triage voit sa blessure à la jambe. Elle prend sa pression et se tourne pour annoncer à ses collègues: «Elle fait une embolie pulmonaire. Dépêchez-vous.»
La suite est un feu roulant d'injections, d'examens et de scans pour confirmer la présence de plusieurs caillots sanguins, dont certains au coeur, en raison d'une thrombophlébite à la jambe.
Maude Lapointe affirme que son expérience a été «un enfer, un cauchemar qu'elle ne souahaite pas à personne.»
«J'ai été heureusement bien pris en charge et on m'a transféré aux soins intensifs (...) Pourtant, je vais vous dire que mon coeur est très en forme et que je l'ai testé dans plusieurs défis sportifs. Il m'a dit (le médecin): "une chance parce que la plupart des gens n'auraient pas survécu à ça madame"», confie Maude Lapointe.
Courtoisie | Maude Lapointe en entraînement pour un de ses nombreux défis sportifs.
Le personnel médical est unanime: la pilule contraceptive est la cause la plus probable à l'origine du trouble cardiovasculaire qu'a vécu Mme Lapointe. Elle avait recommencé son traitement hormonal environ un an avant l'incident après une pause de plusieurs années.
Même si les risques de thombophlébite liés à la pilule contraceptive sont bien documentés, personne n'a rappelé à Mme Lapointe les signes à surveiller lorsqu'elle a recommencé son traitement après une longue pause.
Pour les femmes qui ne prennent pas la pilule il est d'environ 4 à 5 cas sur 10 000 par année. Il grimpe à 1 sur 1 000 pour la pilule hormonale combinée avec l’oestrogène et la progestérone. Dans tous les cas, il faut porter une attention particulière à l'enflure vénale qui peut être causée par une phlébite lors d'un premier traitement hormonal ou dans le cas d'un changement de comprimés explique la Dre Marie-Ève Murray, obstétricienne gynécologue au CIUSSS du Nord-de-l'île-de-Montréal:
«Quand je la prescris, mes patientes sont parfois craintives par rapport à ce risque-là. J'essaie de les rassurer le plus possible en leur disant que c'est une pilule super sécuritaire, mais que si elles ont ces symptômes-là elles doivent consulter et c'est sérieux.»
Maude Lapointe aurait certainement agi autrement si elle avait associé plus rapidement la douleur à sa jambe à un risque de caillot sanguin.
«Je suis un peu abasourdi de voir que ça semblait une évidence pour tout le monde, les infirmières et le personnel médical (...) Ce qui m'interpelle là-dedans c'est qu'il n'y a aucun médecin qui a mis un doute ou un soupçon qu'il pouvait y avoir des risques aussi dangereux que ça,» affirme-t-elle.
La Dre Murray rappelle que l'utilisation de la pilule contraceptive offre de nombreux bienfaits comme la diminution des symptômes menstruelles en plus de protéger contre plusieurs types de cancer. Selon elle, une femme qui prend la même pilule contraceptive sans faire de pause pendant plusieurs années peut «dormir sur ses deux oreilles». À titre de comparaison, une femme enceinte est 6 fois plus à risque de phlébite.
Quant à Mme Lapointe, elle n'a pas l'intention de porter plainte et souhaite surtout lancer un message de prévention pour éviter à quiconque une expérience comme la sienne. Heureusement, elle n'a gardé pour le moment aucune séquelle de ses embolies pulmonaires.