Début du contenu principal.
«Je le ressens dans mes tripes, les Québécois qui sont inquiets pour leur avenir, moi, je le partage profondément et j'ai envie qu'on en parle à la façon de Québec solidaire encore plus», affirme-t-elle.
Ruba Ghazal se lance: si elle obtient le poste de co-porte-parole de Québec solidaire (QS) en novembre, elle placera l'indépendance, la langue et la culture au cœur de son action politique.
En entrevue avec La Presse Canadienne, la candidate pour remplacer Manon Massé dit avoir mûrement réfléchi à ce qu'elle pourrait proposer aux militants pour faire avancer son parti.
Elle en vient à la conclusion qu'il faut que QS parle «encore plus» d'indépendance, un sujet qui n'est pas une chasse gardée du Parti québécois, selon elle, mais bien une partie intégrante du projet solidaire.
D'ailleurs, Mme Ghazal compte faire de l'indépendance et de la protection de la langue française sa carte de visite en région. «Ce n'est pas suffisamment entendu et moi, je veux en faire une priorité», déclare-t-elle.
À 45 ans, la députée de Mercier, parce qu'elle est fille de réfugiés palestiniens, dit comprendre au plus profond d'elle-même le besoin pour des Québécois de faire du Québec un pays.
«Je le ressens dans mes tripes, les Québécois qui sont inquiets pour leur avenir, moi, je le partage profondément et j'ai envie qu'on en parle à la façon de Québec solidaire encore plus», affirme-t-elle.
«Je le sais que, par ce discours-là sur l'indépendance, la culture et la langue, on peut rejoindre des Québécois de partout à travers le Québec. (...) Moi, si je suis porte-parole, ce sera une question prioritaire», a-t-elle enchaîné.
À VOIR | Ruba Ghazal «réfléchit sérieusement» à la succession de Manon Massé
Toutes les occasions seront bonnes pour rappeler la position de QS: former, une fois au gouvernement, une assemblée constituante qui rédigerait la constitution d'un Québec indépendant et la soumettrait à un référendum.
Une position «démocratique», dit-elle, qui peut même plaire à ceux pour qui ce n'est pas leur «tasse de thé».
Par ailleurs, la candidate fille d'immigrants croit incarner parfaitement l'«équilibre» entre la protection du français et de la culture québécoise, et la défense des droits des minorités culturelles.
Rappelons toutefois qu'elle a joué un rôle important dans le vote solidaire en faveur de la réforme caquiste de la loi 101, réforme qui a créé du mécontentement au sein de la base militante de QS.
Le parti a dû promettre qu'une fois au pouvoir, il ferait notamment tomber les articles qui obligent les nouveaux arrivants à échanger en français avec l'État après six mois.
Première à annoncer ses intentions — la députée de Sherbrooke Christine Labrie est en réflexion — Ruba Ghazal ne croit pas que le fait de représenter un comté montréalais va lui nuire.
Au contraire, c'est une «fierté» d'avoir été élue en 2018, puis réélue en 2022 dans Mercier, dit-elle, un comté «historique à Québec solidaire», car remporté et protégé pendant 10 ans par Amir Khadir.
Et de toute façon, on ne peut pas «penser que juste en mettant quelqu'un en haut qui vient d'une région, que nécessairement Québec solidaire, on va percer en région».
L'ex-députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, est également une candidate pressentie dans la course pour le poste de porte-parole féminine de QS.
«Il ne faut pas que ce soit un truc de communications, mais (...) un changement profond dans notre parti», selon Mme Ghazal, qui assure se déplacer «beaucoup» en région et avoir travaillé sur des propositions.
En février dernier, QS a promis de se «démontréaliser», ayant perdu des plumes dans 45 circonscriptions rurales ou de banlieues lors de la dernière campagne électorale.
À lire également:
Le co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois avait par ailleurs laissé entendre que QS allait revoir certaines de ses propositions, comme celle d'imposer une taxe sur les véhicules polluants.
QS proposait aussi de taxer la «fortune» à partir de 1 million $.
Il s'agit de ne pas répéter des «erreurs», acquiesce en entrevue Mme Ghazal.
«Les gens ont eu l'impression qu'on voulait s'attaquer à ce qu'ils possèdent et tout ça. Ce n'était pas ça l'intention.
«Il y a eu des erreurs qui ont été faites, et c'est sûr que pour ne pas les reproduire, (...) j'ai une responsabilité aussi si je deviens porte-parole. (...) Changer nos propositions sans changer nos valeurs», résume-t-elle.
Chose certaine, la lutte à plusieurs aspirantes sera salutaire pour le parti, car elle permettra de «brasser des idées», croit Mme Ghazal, qui n'attend pas le début officiel de la course à la fin-août pour se lancer.
La campagne durera officiellement 13 semaines. Les candidates doivent amasser 500 signatures de membres en règle provenant de six régions et 20 circonscriptions différentes. Des débats sont prévus durant cette période.
Le congrès qui élira les porte-parole de QS aura lieu du 24 au 26 novembre. C'est lors de ce week-end que Manon Massé quittera ses fonctions de co-porte-parole. On s'attend à ce que M. Nadeau-Dubois reste en poste.
À VOIR | Avoir «cassé le moule»: l’une des grandes fiertés de Manon Massé
Membre fondatrice de QS en 2006 («Mon parti, je l'ai tatoué sur le cœur»), Ruba Ghazal dit provenir de la même école que Françoise David et Manon Massé.
Elle croit qu'elle sera «complémentaire» à Gabriel Nadeau-Dubois, qu'elle qualifie «d'intellectuel, de rigoureux».
D'origine palestinienne, née au Liban, Mme Ghazal, une enfant de la loi 101, a fait son baccalauréat en administration des affaires et sa maîtrise en environnement.
Avant de devenir députée, elle a notamment travaillé pour O-I Canada Corp., Church & Dwight Canada Corp., L-3 Communications et Bombardier Aéronautique.
Ruba Ghazal est actuellement whip de son parti à l'Assemblée nationale, en plus de cumuler les fonctions de porte-parole en matière d'éducation, de culture, de langue française et de condition féminine.
À VOIR AUSSI | Manon Massé «a contribué à changer la face de la députation à l’Assemblée nationale»