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M. Miller a nié les allégations dans l'affaire criminelle et dans la demande d'action collective au civil.
Un juge de la Cour supérieure du Québec a commencé mercredi à entendre les arguments d'une demande de recours collectif contre le milliardaire montréalais Robert Miller, qui aurait payé des mineurs pour des relations sexuelles.
La demande d’autorisation pour intenter une poursuite au civil inclut toute personne de moins de 18 ans qui aurait été payée par M. Miller, le fondateur du distributeur mondial d'électronique Future Electronics, pour des relations sexuelles, qui aurait été victime d'exploitation sexuelle par le milliardaire, ou toute personne d'un groupe déterminé par le tribunal.
Me Jeff Orenstein a déclaré mercredi lors d'une audience que 51 femmes s'étaient manifestées jusqu'ici auprès de son cabinet. Mais l'avocat a soutenu que le nombre réel de victimes pourrait atteindre la centaine, car plusieurs de ces femmes auraient déclaré avoir aussi recruté d'autres filles pour avoir des relations sexuelles avec le milliardaire.
Me Orenstein a soutenu que, quand on se plonge dans les détails de toutes les déclarations, on se rend compte qu'il y a toujours des gens qu'elles ont amenés, qu'elles ne sont pas venues seules et, par conséquent, que l'accusation n'a pas toutes les personnes concernées.
Le modus operandi aurait toujours été le même: la poursuite allègue que des élèves du secondaire ont été recrutées pour avoir des relations sexuelles avec Robert Miller en échange d'argent et de cadeaux dans le cadre de ce qu'elle dit être un réseau visant à abuser sexuellement de filles et de jeunes femmes.
L'une des plaignantes allègue qu'elle avait 11 ans lorsque les rencontres ont commencé. La poursuite décrit des actes sexuels qui ont eu lieu de la fin des années 1970 à 2016.
Robert Miller, âgé de 81 ans, avait fait l'objet d'un reportage d'enquête de Radio-Canada, en février dernier, selon lequel il aurait donné de l'argent et des cadeaux à des mineures en échange de relations sexuelles, entre 1994 et 2006.
À la suite de ce reportage, M. Miller a démissionné de son poste de PDG de Future Electronics et il a par la suite vendu l'entreprise montréalaise.
Il a été arrêté en mai dernier sous 21 chefs d'accusation au criminel impliquant 10 victimes présumées, dont plusieurs étaient mineures.
M. Miller a nié les allégations dans l'affaire criminelle et dans la demande d'action collective au civil, qui est devant la Cour supérieure du Québec pour autorisation.
L'action collective a été modifiée à plusieurs reprises depuis son dépôt en février 2023 et ne précise pas le montant des dommages et intérêts réclamés par les plaignantes.
L'avocat du milliardaire, Karim Renno, a déclaré aux journalistes à l'extérieur de la salle d'audience mercredi que son client nie avoir eu des relations sexuelles avec des mineures.
«La position de M. Miller est qu'il n'a jamais eu de relations sexuelles avec qui que ce soit qui avait moins que l'âge de 18 ans, a affirmé Me Renno. C'est la conclusion à laquelle était venue la police en 2009, avant qu'elle réouvre son enquête en 2023.»
Robert Miller a d'abord fait l'objet d'une enquête de la police de Montréal en 2008 et 2009, mais les allégations ont été jugées sans fondement par la Couronne. L'affaire a été rouverte à la suite du reportage de Radio-Canada.
Me Renno a annoncé aux journalistes qu'il soutiendrait qu'une action collective pour agression sexuelle n'est pas la bonne façon de procéder. L'avocat a cité l'action collective contre Gilbert Rozon, fondateur de Juste pour rire, accusé d'agression sexuelle, qui a été annulée par la Cour d'appel en 2020.
L'avocat a ajouté qu'il était injuste pour son client que les plaignantes soient anonymes. «Ce n'est pas en gardant l'anonymat des personnes qui accusent, qu'on va pouvoir aller au fond de la vérité.»
Jeff Orenstein a rejeté cet argument mercredi, affirmant que les actions collectives concernant les cas d'abus sexuels existent pour rendre justice aux victimes.
«Le fait qu'elles puissent rester anonymes jusqu'à ce moment-là et obtenir justice, c'est en fait la raison pour laquelle les cas d'agression sexuelle sont bien conçus pour les recours collectifs», a-t-il dit.
La juge de la Cour supérieure du Québec Catherine Piché entendra les avocats représentant Robert Miller, Future Electronics et trois anciens employés qui étaient des cadres de l'entreprise et qui ont fait partie du présumé stratagème visant à recruter des femmes pour avoir des relations sexuelles avec le milliardaire. Les audiences doivent se poursuivre jeudi et vendredi, après quoi la juge Piché décidera si elle donne le feu vert au procès.
Robert Miller souffre de la maladie de Parkinson à un stade avancé et sa santé se détériore, a expliqué Me Renno. «On espère qu'il pourra pouvoir demeurer en vie assez longtemps pour pouvoir se défendre, mais ce n'est pas quelque chose qui est garanti.»
Me Orenstein a indiqué que, même si l'Accusé décédait, sa succession serait réclamée.