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Porté par la génération Z, le mouvement s'est vite transporté dans la rue.
Le Kenya est en proie depuis plusieurs semaines à des émeutes qui ont été violemment réprimées par les forces de l'ordre. Un mouvement né sur TikTok et porté par les jeunes de la génération Z, qui a forcé le président à reculer sur un projet de réforme fiscale controversé. Explications.
Le gouvernement du président William Ruto s'est attiré la grogne de la population en proposant d'instaurer de nouvelles taxes sur des produits de première nécessité comme le pain, l'huile de cuisson et les serviettes hygiéniques pour assainir les finances du pays africain, lourdement endetté.
De nombreux jeunes qui avaient contribué à l'élection de M. Ruto en applaudissant ses promesses d'amélioration de la situation économique sont descendus dans la rue pour s'opposer à la lenteur des réformes.
Des milliers de manifestants ont pris d'assaut le parlement kényan à la fin juin, brûlant des parties du bâtiment tandis que les législateurs s'enfuyaient. La police a répondu par des coups de feu et des journalistes ont dénombré trois corps aux portes du parlement. À la suite de ces événements, le président Ruto a annoncé qu'il ne signerait pas le controversé texte de loi.
Malgré tout, les manifestations continuent, dénonçant la répression violente et les conditions de vie difficiles au Kenya. Les deux semaines de manifestations, violemment réprimées par la police, ont fait 39 morts, selon la Commission nationale des droits de l'homme du Kenya. Dimanche, M. Ruto a avancé le chiffre de 19.
TikTok a joué un rôle central dans les mobilisations sans précédent qui se déroule actuellement au Kenya. La campagne "#OccupyParliament" a résonné avec les jeunes Kényans, qui ont utilisé la plateforme pour partager leurs messages, organiser des rassemblements et diffuser des vidéos de la répression policière. Le Kenya possède l'un des taux d'utilisation de TikTok les plus élevés au monde, ce qui a permis aux manifestants de toucher un large public et de maintenir la pression sur le gouvernement.
Mardi, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants à Nairobi, alors que de nombreux commerces sont restés fermés par crainte de pillages. L'autoroute principale menant à Mombasa, la deuxième ville du Kenya, a été fermée, les manifestants ayant allumé des feux de joie. À Mombasa, cinq véhicules ont été brûlés par des manifestants devant un hôtel dont le propriétaire aurait tiré sur des manifestants qui se livraient au pillage.
Alors que certains craignent que le président William Ruto ne change d'avis et ne signe le projet de loi de finances avant la date limite de la semaine prochaine, certains manifestants appellent également M. Ruto à démissionner et l'accusent de mauvaise gouvernance.
Mais certains membres des manifestations menées par les jeunes ont exprimé leur inquiétude quant au fait que d'autres Kényans utilisent l'agitation comme prétexte pour provoquer des violences. «Des voyous se sont infiltrés», a écrit un organisateur, Hanifa Farsafi, sur la plate-forme de médias sociaux X mardi.
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Le ministre de l'intérieur, Kithure Kindiki, a déclaré mardi que des «criminels» profitaient des manifestations prévues pour «commettre des incendies criminels» et «terroriser» les Kényans. Il a prévenu qu'ils prévoyaient de nouvelles violences jeudi et dimanche et a déclaré que le gouvernement était déterminé à les arrêter «à n'importe quel prix».
Le président a proposé de dialoguer avec la jeunesse kenyane et a promis des réductions budgétaires sur les frais de voyage et de représentation de son bureau, conformément aux demandes de certains manifestants. Alors que le chômage reste élevé et que les prix augmentent, la vie luxueuse du président et d'autres hauts fonctionnaires a suscité l'indignation.
Les membres du mouvement de protestation, jeune mais sans leader, ont déclaré qu'ils ne faisaient pas confiance au président pour mettre en œuvre ses nouveaux plans d'austérité.
Le principal parti d'opposition du Kenya a demandé mardi au gouvernement de M. Ruto d'assumer la responsabilité des décès survenus la semaine dernière.
L'économiste Ken Gichinga a déclaré à l'Associated Press que le gouvernement devrait adopter une approche différente des réformes fiscales pour permettre à l'économie de prospérer.
«Les membres de la génération Z sont les plus touchés par le chômage», a déclaré M. Gichinga.
Roseline Odede, présidente de la Commission nationale des droits de l'homme du Kenya, a déclaré aux journalistes que les manifestations avaient été infiltrées et que la «démographie avait changé» et qu'elles étaient devenues violentes.
Avec des informations de The Associated Press