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«On poursuit le Diocèse de Sherbrooke pour son inaction, pour ne pas avoir protégé les enfants dont ils avaient la charge», a expliqué Me Justin Wee.
Autorisée en mai dernier par la Cour supérieure du Québec, l'action collective contre le diocèse de Sherbrooke compte maintenant une quarantaine de victimes d'agressions sexuelles commises par le clergé diocésain. La liste de noms de présumés agresseurs continue également de s'allonger.
Cette action collective concerne des agressions remontant jusqu'en 1940 dans plusieurs paroisses de l'Estrie.
Le cabinet d'avocats Arsenault Dufresne Wee, chargé du dossier, a d'ailleurs déposé une nouvelle procédure la semaine dernière. Celle-ci permettra aux processus judiciaires d'être mis en marche.
Des noms connus de religieux dans la région ressortent dans le recours, certains étant des membres du clergé décédés aujourd'hui, mais d'autres sont toujours en vie. Il y aurait 36 prêtres présumés agresseurs, dont certains qui auraient fait plus d'une victime. En date du 11 mai, il y en avait 12.
Voyez le reportage complet de Dominique Côté dans la vidéo.
On reproche notamment au diocèse de ne pas avoir pris action lorsque des victimes ont dénoncé les agresseurs au fil des ans à l'archevêque, et ce dernier aurait plutôt déplacé les prêtres d'une paroisse à l'autre.
«C'est exactement ça qu'on va démontrer lors du procès», a expliqué Me Justin Wee, représentant les plaignants dans ce recours. «On poursuit le diocèse de Sherbrooke pour son inaction, pour ne pas avoir protégé les enfants dont ils avaient la charge.»
Des indemnisations sont réclamées pour chaque victime, en plus de rembourser les frais de justice. Le montant demandé dépendra donc du nombre de plaignants qui lèvent la main.
«C'est important que tous ceux qui s'identifient [dans le groupe visé] et qui ont été abusés par un prêtre du diocèse de Sherbrooke contactent notre cabinet d'avocats pour pouvoir s'inscrire de façon gratuite et confidentielle [au recours]», a ajouté Me Wee.
Me Wee soutient que l'institution religieuse collabore dans le processus, alors que des négociations sont en cours depuis quelques semaines.
«On avait l'obligation de déposer cette procédure, donc on fait ça un peu en parallèle [les négociations]. Cela dit, on va mettre beaucoup plus d'énergie pour travailler sur un règlement, mais s'il n'y en a pas, ça s'en va à procès et on remet sur les rails le dossier judiciaire», a-t-il indiqué.
La quarantaine de victimes sont représentées par un porte-parole, un homme actuellement âgé de 85 ans et identifié comme A.B. qui aurait été agressé sexuellement par un prêtre à Val-des-Sources lorsqu'il avait 12 et 13 ans. Initialement, cet homme était le seul à vouloir témoigner devant la cour dans le cas d'un procès. Mais, jusqu'à présent, dix victimes ont courageusement accepté de témoigner au procès, s'il a lieu.
Questionné à savoir si le nombre de victimes pourrait se multiplier, Me Wee n'a aucun doute.
«Malheureusement, un agresseur ne fait pas qu'une seule victime. Si on a une trentaine d'agresseurs, je pense qu'un agresseur pouvait faire 5, 10 ou 15 victimes. Ça peut facilement dépasser les 200 noms à l'action collective», a-t-il dit en entrevue.
Pour l'avocat, ce n'est pas une surprise de voir autant de victimes prendre la parole.
«Non seulement avant c'était mal vu de dire du mal d'un curé, mais aujourd'hui, la société a changé. Elle est prête à écouter ces victimes, à ne pas les juger. Il faut continuer à avoir ce caractère bienveillant parce que ça va encourager les victimes à se libérer la parole et à se décharger ce fardeau qui est si lourd», a souligné Me Wee.
Pour les plus récentes nouvelles touchant l'Estrie, consultez le Noovo.Info.