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«Ce n'est pas quelque chose de simple à faire adopter. Ce n'est pas comme si c'était une chose facile à faire», lance Mme Bouchard.
La reconnaissance de l'ancienneté des infirmières du privé, dans le but de les intégrer au réseau public, sera un important défi à relever pour le gouvernement Legault et la FIQ, car celle-ci peut être perçue comme une injustice par les infirmières du public.
L'ancienneté d'une infirmière du réseau public est en effet rattachée à son établissement, soit à son CISSS ou son CIUSSS, explique en entrevue Julie Bouchard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ).
Ainsi, lorsqu'une infirmière du réseau public change de région ou change de Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS), le calcul de son ancienneté repart à zéro, explique Mme Bouchard. Cette infirmière du public vivra donc comme une injustice le fait qu'une infirmière du privé qui vient travailler dans le même hôpital qu'elle verra son ancienneté pleinement reconnue, contrairement à elle.
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«Si une infirmière quitte le Bas-Saint-Laurent pour aller travailler à Québec, lorsqu'elle est embauchée, elle repart avec zéro ancienneté. Alors là, le gouvernement nous dit 'faut absolument reconnaître d'emblée l'ancienneté des professionnelles en soins des agences`. Mais celles qui décident d'aller travailler dans un autre établissement, public pour public, cette ancienneté-là n'est même pas encore reconnue», déplore Mme Bouchard.
Sur la page Facebook de la FIQ, on voit d'ailleurs des membres qui insistent auprès de la FIQ pour qu'elle tienne son bout et qu'elle ne cède pas aux pressions gouvernementales en ce sens. L'ancienneté doit être reconnue de manière égale pour tous, plaident-ils.
L'ancienneté joue aussi dans le choix des dates de vacances, puisque tout le personnel infirmier ne peut prendre ses vacances en juillet et août.
Et le critère de l'ancienneté compte aussi dans l'octroi des postes, dans bien des cas, relève Mme Bouchard.
C'est pourquoi cette question de l'ancienneté nécessite une délicate négociation, alors que le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, veut faciliter le retour des infirmières des agences privées dans le réseau public, justement dans le but d'alléger la tâche du personnel infirmier du réseau public.
«Ce n'est pas quelque chose de simple à faire adopter. Premièrement, il faut avoir nos discussions avec nos paliers à nous, et non essayer de nous mettre de la pression sur la place publique, comme si c'était une chose facile à faire et que rien n'était compliqué. Au contraire, c'est des gros changements, s'il y a à y avoir des changements», estime Mme Bouchard.
«Ce n'est vraiment pas en lançant ce genre de message-là et en mettant le feu aux fesses des professionnels en soins que le gouvernement va gagner sur ce dossier-là aussi rapidement», ajoute Mme Bouchard.
«Donnez-nous le temps de faire les travaux, d'avoir les discussions. C'est sûr et certain que ce n'est pas moi, ni l'ensemble des élues de la FIQ, qui vont prendre position. Ce sont vraiment les membres qui vont devoir prendre position sur ces questions-là. Et c'est pas avec 1,8 % d'augmentation par année pendant cinq ans que les 80 000 membres vont avoir tendance à dire 'oui, on peut reconnaître leur ancienneté», lance Mme Bouchard, en faisant référence aux offres salariales du gouvernement à l'ensemble des employés de l'État.