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L'assemblée des propriétaires des équipes de la LHJMQ aurait voté en faveur de l’abolition des bagarres – une mesure qui soulève toutefois des inquiétudes chez des joueurs ayant évolué au sein du circuit.
«Nous avons besoin des bagarres.» Ces mots prononcés par le défenseur vedette de la Ligue nationale de hockey (LNH) Drew Doughty, en 2019, avaient fait couler beaucoup d’encre.
En entrevue sur les ondes de Fox Sports, le défenseur d'expérience des Kings de Los Angeles avait affirmé que l’abolition des bagarres dans notre sport national apporterait plus d’inconvénients que d’avantages.
Moins de quatre ans plus tard, le débat refait surface, mais chez nous. Selon le Journal de Québec, l’assemblée des propriétaires des équipes membres de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) aurait voté en faveur de l’abolition des bagarres – une mesure qui soulève toutefois des inquiétudes chez des joueurs ayant évolué au sein du circuit.
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C’est le cas de Marc-André Roy, ex-dur à cuire et détenteur du record du plus grand nombre de minutes de pénalité en une saison dans l’histoire de la LHJMQ.
Contacté par Noovo Info, celui qui a écopé de 1090 minutes de pénalité en seulement 131 matchs estime qu’il est tout simplement impossible de complètement enrayer les bagarres, et ce, en raison de l’intensité et de la rapidité du jeu.
Crédit photo: Marc-André Roy | Facebook
«Dans le feu de l’action, après un coup cochon ou une mise en échec sur le gardien de but, c’est certain que ça peut arriver», a lancé l’homme de 39 ans dans le cadre d'une entrevue téléphonique. Aux yeux de l’ancien porte-couleurs du Drakkar de Baie-Comeau, une abolition complète des bagarres entraînerait en fait une augmentation des coups salauds sur la patinoire.
«Des fois, lors des camps d’entraînement, on n’avait pas le droit de se battre, raconte Marc-André Roy. Alors, pendant les matchs, les joueurs se donnaient plus de coups de bâton et il y avait plus de blessés que pendant les matchs où les bagarres étaient permises.»
Le débat sur l’abolition des bagarres daterait de plus d’une centaine d’années. Selon le journaliste sportif et collaborateur de Noovo Info Mikaël Lalancette, des réflexions sur le jeu vicieux et les bagarres étaient déjà publiées dans les journaux des années 1920. Or, le spécialiste en hockey junior ne croit pas qu’une abolition des bagarres provoquera une augmentation de coups vicieux.
Enrico Ciccone, député libéral de Marquette, partage cet avis. L'ex-joueur de la LNH rappelle que l'époque des années 1990 – la sienne – a connu des coups salauds historiques sur la glace, et ce, même si les bagarres étaient bien installées dans la culture du hockey.
Crédit photo: Noovo Info
«Les bagarres n’empêchaient pas les coups vicieux, pas du tout», insiste le politicien, citant le coup de l'attaquant Todd Bertuzzi à l'endroit de Steve Moore en 2004.
Le porte-parole de l’opposition officielle en matière de sports a réitéré qu’il est temps que la LHJMQ abolisse les bagarres afin de «protéger les jeunes».
Mikaël Lalancette indique que le nombre de durs à cuire dans le monde du hockey ne cesse de diminuer. «Ce n’est plus comme avant. La structure du hockey a changé», a-t-il avancé.
Le journaliste sportif ajoute que ce débat a pris des proportions totalement démesurées, alors que la moyenne de bagarres par match dans la LHJMQ est actuellement de 0,12. Le journaliste indique que les jeunes joueurs de la LHJMQ ne sont plus des durs à cuire – ou des goons, un terme péjoratif. Loin de là.
«Ils ne voient pas le combat comme une façon de régler leurs problèmes sur la glace. Ça se règle avec de l’échec-avant, ça se règle avec des mises en échec, du jeu physique et du caractère.»
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De son côté, Marc-André Roy nuance toutefois que le hockey a changé depuis son passage dans la LHJMQ et que la fameuse ère des goons est derrière nous. «Aujourd’hui, je pense que je n’aurais jamais joué junior majeur», admet-il.
Bien qu’il s’oppose à l’abolition complète des bagarres, le choix de septième tour des Canucks de Vancouver au repêchage de la LNH en 2002 estime que de voir un adolescent jeter les gants face à un vétéran de 20 ans n’a aucun sens à ses yeux. Il a dû se battre contre des adultes dès l’âge de 16 ans lorsqu’il évoluait pour les Panthères de Saint-Jérôme dans le Junior AAA.
«Est-ce qu’un adulte doit se battre contre un enfant? Non. C’est inhumain de faire ça.» Afin d’empêcher un tel scénario, M. Roy suggère que les joueurs âgés de moins de 18 ans soient dans l’obligation de porter un casque muni d’une grille complète. «Personne ne voudra se battre avec eux. C’est la seule façon.»
Au cours de sa longue carrière de hockeyeur au style de pugiliste, Marc-André Roy a subi plusieurs commotions cérébrales et dit aujourd’hui souffrir d’arthrite en raison de nombreuses fractures aux mains.
«J’ai fait des commotions cérébrales, mais je n’ai aucune séquelle. Je suis chanceux, mon cerveau est là à 100%», soutient-il.
Alors, pourquoi soutenir les bagarres si elles ont provoqué toutes ces blessures? Marc-André Roy réplique que tous les hockeyeurs ayant connu une longue carrière, avec ou sans bagarre, traîneront de douloureuses blessures après avoir pris leur retraite.
«Que tu sois un joueur de premier trio ou de quatrième trio, même un gardien de but, tu vas avoir des bobos. La preuve, Carey Price a eu autant de blessures qu’un batailleur», avance-t-il.
Mais attention. Le journaliste Mikaël Lalancette mentionne que ce ne sont pas tous les bagarreurs qui ont eu cette chance.
«Il y a des gars qui ont jeté les gants et 15, 20 ans plus tard, ils subissent encore les répercussions psychologiques, déplore-t-il. Un combat de boxe sur la glace, ça peut être mortel si jamais il arrive une malchance. Et on a eu des cas où il y a eu des conséquences terribles…»