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Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi près de l'Assemblée nationale pour dénoncer les mesures sanitaires visant à lutter contre la COVID-19. Le défilé de piétons et de véhicules s'étendait sur plus d'un kilomètre en milieu d'après-midi sur le boulevard René-Lévesque.
À lire : la couverture complète des événements, en photos, de notre journaliste Philippe Couture, pour Noovo Info.
Près de l'Assemblée nationale, le bruit assourdissant des klaxons se mêlait aux slogans «f...... Legault», «f...... Trudeau» et «liberté», clamés par les manifestants.
La manifestation a beau être pacifique, des résidents et commerçants du quartier trouvent la situation insupportable.
Donna Ouellette est propriétaire d'une épicerie et d'un autre commerce sur la rue Saint-Jean et vit également dans le quartier.
«J'ai dû aller faire les commissions, les polices ne voulaient même pas me laisser descendre la rue Saint-Jean. J'ai été pris dans le trafic pendant 3 h de temps pour me rendre à mon stationnement» a expliqué l'épicière en ajoutant «des personnes âgées vivent ici» et que le bruit incessant, «c'est irrespectueux».
Un résident qui vit près du boulevard René-Lévesque a indiqué à La Presse Canadienne qu'il se sentait agressé par la présence de manifestants qui ont uriné sur l'immeuble à condo où il vit, par la présence de véhicules sur les stationnements réservés au service d'autopartage et surtout par le concert de klaxons.
«Je suis fatigué, je suis devenu agressif alors que je suis quelqu'un d'assez zen, mais là, je me sens réellement agressé en permanence», a mentionné celui qui refuse de s'identifier parce qu'il craint «l'agressivité» de certains manifestants.
Sa conjointe, enceinte, a expliqué qu'elle a besoin de repos, après avoir travaillé «toute la semaine dans un hôpital où on soigne des gens qui ont la COVID».
«Pour moi, une manifestation, ce n'est pas de faire du bruit au point de rendre fous les gens qui habitent autour», a-t-elle expliqué en ajoutant que «ce sont les résidents du quartier qui en subissent les frais et que ça ne fait que desservir la cause».
Elle a mentionné que lorsqu'elle demande aux manifestants de «diminuer les klaxons, ils klaxonnent encore plus».
En début de soirée, le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) indiquait sur Twitter être conscient du bruit occasionné par la manifestation pour les résidents. Il rappelait cependant de conserver les appels au 9-1-1 pour les urgences seulement.
En milieu de soirée, le SPVQ a précisé sur Twitter: «Nous avons de nouveau ouvert à la circulation René-Lévesque et Honoré-Mercier. Le SPVQ demande aux manifestants de respecter le Code de la sécurité routière et de permettre aux véhicules et aux piétons de circuler.»
Plusieurs camions ont quitté le secteur.
Plus tôt dans la journée, des manifestants étaient réunis près de la fontaine de Tourny, à quelques pas d'un des sites du Carnaval de Québec.
Sophie Veronneau, une manifestante, tenait une pancarte sur laquelle est dessiné un coeur avec l'inscription «câlins gratuits».
«Je veux donner plein d'amour à tout le monde qui en a besoin, parce que ç'a été dur dans les deux dernières années, a-t-elle expliqué. Après 20 secondes de câlins, le cerveau sécrète de l'endorphine et ça rend les gens heureux et de bonne humeur».
La manifestante n'est pas vaccinée et ne «craint pas du tout le virus».
À la blague, son amie Anouk a mentionné à La Presse Canadienne: «On se donne des câlins à deux mètres de distance bien sûr».
Alentour des deux câlineuses, des gens dansaient, discutaient et réclamaient la fin des mesures sanitaires.
À mesure que les heures passaient, la foule très bruyante grandissait, si bien qu'en après-midi, plusieurs milliers de personnes, dont beaucoup d'enfants, manifestaient dans le secteur.
Vers midi, l'un des organisateurs, Bernard «Rambo» Gauthier, s'est payé un bain de foule en se frayant un chemin jusqu'à la scène, installée près de la fontaine de Tourny.
«Liberté», «on t'aime Rambo!», criaient des manifestants alors que d'autres cherchaient à se prendre en photo avec le syndicaliste.
Bernard Gauthier a demandé à la foule de manifester de manière pacifique.
«La police, ce n'est pas toutes des lumières, on les respecte, mais il y en a là-dedans qui ont le goût de baver pis d'écoeurer, ils ont peut-être des commandes, je ne le sais pas, s'il vous plaît, restons pacifiques, s'il vous plaît», a demandé Bernard Gauthier, flanqué des organisateurs Kevin Grenier et Kevin Bilodeau.
En après-midi, le maire Bruno Marchand s'est adressé aux médias sur un des sites du Carnaval.
«Ce que j'ai vu, jusqu'à maintenant, ça se fait pacifiquement. Les gens sont heureux. Ils ont le droit de revendiquer» en ajoutant que «tant que ça se déroule comme ça, il n'y a aucun problème».
Le maire a indiqué qu'il s'attendait à ce que la manifestation se termine en soirée.
«J'ai l'attente, et c'est ce que plusieurs ont dit, qu'ils allaient quitter ce soir».
Bruno Marchand a également souligné qu'il y a eu des «conséquences négatives, il y a des gens qui ont fait des annulations à la fois dans les restaurants et les hôtels».
Plusieurs manifestants anti-mesures sanitaires ont également défilé sur la Grande Allée.
Dans ce secteur, un citoyen qui semblait exaspéré par le bruit des klaxons a lancé à un groupe de manifestants :
«Vous n'êtes pas tannés de crever, bande de caves?»
Le groupe a continué son chemin sans répondre à l'homme.
Parmi les manifestants, Stéphane Briand, tient au-dessus de sa tête une pancarte sur laquelle un montage photo montre le premier ministre François Legault «déguisé» en Kim Jong-un.
L'homme d'une quarantaine d'années clame que les politiciens «veulent nous contrôler avec la passe vaccinale pis on est contre ça.» Il se dit tanné de voir le gouvernement fonctionner par décret depuis deux ans.
Rencontrée en fin de matinée, Constance Pomerleau est tannée elle aussi. Sur sa pancarte, elle a d'ailleurs écrit «vaccinée et tannée».
«J'ai un passeport vaccinal, mais je suis fière de dire que je ne m'en suis jamais servie», a affirmé la femme qui s'est déplacée à la manifestation avec ses enfants.
«J'ai 62 ans, et il faut que je demande la permission pour aller dans un magasin? «s'est interrogée la manifestante en expliquant que le passeport vaccinal, «c'est contre mes principes» et «c'est pour punir les non-vaccinés».
«Le plus triste, a-t-elle ajouté, c'est la haine entre les vaccinés et les non-vaccinés».
Au même moment, de l'autre côté du boulevard, une petite contre-manifestation se déroulait.
«On croit qu'il y a une colère qui est légitime, mais cette colère est récupérée par des gens qui demandent des dons», a soutenu Jean-Sébastien Ménard, administrateur de la page Facebook de «L'observatoire des délires conspirationnistes du Québec», un média satirique, dont le but est de «dénoncer la désinformation sur les médias sociaux».
«Les organisateurs ont des revendications complètement farfelues» selon lui, car «on ne peut mettre fin à toutes les mesures sanitaires d'un seul coup». «On n'a pas l'intention de confronter les manifestants», a-t-il ajouté, en précisant que son petit groupe n'a pas été intimidé, mais seulement «photographié et filmé».
Une très forte présence policière a été déployée dans le secteur et vers midi, le SPVQ a écrit sur Twitter que «les véhicules à proximité de l'Assemble nationale doivent suivre les directives de la police et laissez le passage libre aux usagers de la route en tout temps.»
En après-midi, la police a indiqué «qu'une partie de la circulation sera déviée. Le tout afin d'assurer la sécurité de tous. Compte tenu de l'affluence importante de piétons dans le secteur de l'Assemblée nationale.»
Le SPVQ a remis samedi une vingtaine d'autres constats d'infraction _ 11 pour des violations aux règlements municipaux et 10 pour le non-respect du Code de la sécurité routière. Un homme de 31 ans qui bloquait la circulation, vers 20 h 00, a également été arrêté et son véhicule a été remorqué.
Les véhicules lourds immobilisés en bordure de René-Lévesque ont toléré au cours de la nuit, mais les policiers étaient aussi présents pour s'assurer «que la paix et le bon ordre soient respectés».
Vendredi soir, le SPVQ a aussi distribué six constats d'infraction en lien avec des violations de règlements municipaux et 34 constats pour non-respect du code de la sécurité routière.