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Le caribou forestier a été désigné espèce vulnérable en 2005.
Le ministre de l'Environnement du Québec, Benoit Charette, a annoncé qu'il a l'intention d'investir 59,5 millions $ pour mettre en œuvre des projets de protection des caribous, fortement perturbés par l'activité humaine, et qu'il lance des consultations régionales à Charlevoix et en Gaspésie. Ces mesures sont toutefois insuffisantes, selon son homologue fédéral.
Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, s'attendait à ce que le gouvernement Legault dépose sa stratégie de protection du caribou d’ici le 1er mai, sans quoi le dossier pourrait retomber entre ses mains.
À défaut de présenter une stratégie nationale, le ministre de l'Environnement du Québec, Benoit Charette, a opté pour des mesures qu'il a qualifiées de «majeures» et «historiques» et qui sont destinées à certaines régions.
Mais il a offert très peu de détails sur ces mesures lors d'une conférence de presse à Sainte-Agathe-des-Monts, mardi.
Voici comment le ministre a décrit une «ventilation sommaire» de l'investissement de près de 60 millions $.
«Il y a 7,5 millions $ qui seront consacrés dès cette année au suivi et à la gestion des populations» et «7 millions $ dès cette année qui sera proposé pour la restauration d'habitat et au total c'est 60 millions $ qui sont répartis entre les deux ministères de façon équitable», a-t-il brièvement expliqué en faisant référence au ministère des Ressources naturelles et des Forêts.
Dans un communiqué, le gouvernement a écrit que «pour les deux territoires visés par les projets régionaux, la désignation légale d’habitats fauniques d’une espèce menacée ou vulnérable est prévue, en vertu de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune».
Le gouvernement du Québec a également l'intention d’agrandir la réserve de biodiversité des Caribous-Forestiers-de-Manouane-Manicouagan (environ 4 826 km2).
Les mesures présentées mardi concernent trois des 13 populations de caribous de la province.
Dans un communiqué transmis aux médias, le ministre fédéral Steven Guilbeault s'est dit inquiet des délais supplémentaires pour la publication d'une «stratégie sur le caribou du gouvernement du Québec».
Il a indiqué que «plusieurs éléments névralgiques sont absents» de la présentation de Québec, notamment sur l’engagement du gouvernement de réduire le taux de perturbation dans l’habitat du caribou «afin qu’au moins 65 % du territoire de ce dernier, pour chacune des populations de caribou, soit non perturbé».
Le ministre Guilbeault déplore que «l'annonce soit silencieuse sur plusieurs populations de caribous» et écrit que des mesures supplémentaires sont nécessaires pour assurer la survie de l'espèce.
En conférence de presse mardi, le ministre Benoit Charette a indiqué que selon son gouvernement, «ce n'est pas du ressort du gouvernement canadien de s'immiscer dans ce dossier-là», que son gouvernement est «en contrôle de cette compétence».
Il a ajouté que «le fédéral a convenu des ententes avec les autres provinces», mais que Québec «va beaucoup plus loin que les autres provinces, non seulement au niveau des mesures elles-mêmes, mais au niveau des budgets également».
En août 2022, la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards avait déposé un rapport auprès du gouvernement, dans lequel elle soulignait qu’il y a «urgence d’agir» et qu’il fallait «procéder le plus rapidement possible à l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie de protection et de rétablissement du caribou forestier».
Quelques jours après ce rapport, Québec et Ottawa avaient conclu une entente de principe pour protéger l’espèce et la province s’était engagée à publier sa stratégie finale sur le caribou forestier et montagnard avant la fin du mois de juin 2023.
Le ministre Charette avait toutefois repoussé la date à cause des incendies de forêt qui frappaient alors le territoire québécois. Le gouvernement voulait examiner les répercussions des incendies sur le caribou et sur l’exploitation forestière.
Puis, le ministre Guilbeault avait demandé à la province de déposer sa stratégie avant le 1er mai 2024.
L'organisation Nature Québec accueille positivement les investissements de 59,5 millions $ et les «projets régionaux» de protection et de restauration, mais «trouve inacceptable que la stratégie caribou promise depuis cinq ans ne soit toujours pas dévoilée» et que le gouvernement se contente de présenter «des projets régionaux».
Dans un communiqué, Nature Québec écrit qu'elle estime que «Québec joue un jeu dangereux et ouvre la porte toute grande à une intervention du fédéral».
De son côté, la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) salue «le déblocage partiel du dossier caribou» à Québec et soutient que le ministre de l'Environnement a présenté des mesures qui ont le potentiel de contribuer au rétablissement du caribou de la Gaspésie et du caribou de Charlevoix.
Toutefois, le directeur de SNAP Québec, Alain Branchaud, a déclaré qu'en «l’absence d’échéancier clair pour le dépôt d’une stratégie caribou pour l’ensemble du territoire et face à l’urgence d’agir, nous maintenons notre demande d’une intervention rapide du gouvernement fédéral pour protéger de façon ciblée les hardes au bord du gouffre, notamment celle du Pipmuakan».
Le gouvernement invite la population à participer à des consultations publiques sur des projets qui visent spécifiquement la protection de la population de caribous forestiers de Charlevoix et la population de caribous montagnards de la Gaspésie.
En vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables, le caribou forestier a été désigné espèce vulnérable en 2005.
En février 2022, le gouvernement du Québec avait capturé le troupeau de Charlevoix, qui comptait alors 16 bêtes, et l’avait placé dans un enclos dans le cadre d’un plan controversé afin d’éviter l’extinction des troupeaux de secteurs isolés.
Quant aux caribous montagnards de la Gaspésie, ils vivent dans les massifs montagneux des Chic-Chocs et des monts McGerrigle. Cette population a été désignée comme espèce menacée en 2009 au Québec. Ils ne sont plus qu'une trentaine.
La population de caribous est en déclin au Québec depuis plusieurs années. Il ne resterait plus qu'environ 5000 caribous forestiers ou montagnards au Québec.
L’exploitation forestière est la principale cause de cette précarité, en raison notamment des chemins forestiers qui détruisent l’habitat et favorisent le déplacement des prédateurs naturels du caribou comme l’ours et le loup.