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Ils veulent que l'établissement prenne des mesures contre la professeure de sociologie en question.
Des étudiants de l’Université Bishop’s à Sherbrooke, au Québec, disent être choqués et outrés par le manque d’action de l'établissement face à une professeure qu’ils accusent d'utiliser un langage dérogatoire dans sa salle de classe depuis plusieurs années.
Voyez le reportage d'Alex Sauro dans la vidéo ci-haut.
Plusieurs étudiants ont communiqué avec CTV News pour exprimer leurs préoccupations et demander que la professeure de sociologie Cheryl Gosselin change ses méthodes.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
«Elle a ses propres préjugés lorsqu'il s'agit d'enseigner. Par exemple, à un moment donné, elle parlait de la façon dont les femmes noires "réagissent" et du fait qu'elle n'aimait pas vraiment les femmes noires», a souligné Malik Kessouagni, étudiant en sociologie, qui dit avoir suivi trois cours avec Mme Gosselin. «Elle regardait fixement une femme noire qui était dans sa classe à ce moment-là. Alors, honnêtement, c'était un peu dur.»
Il affirme qu'elle l'a également pointé du doigt lorsqu'elle parlait de stéréotypes.
«Lorsqu'elle parlait des stéréotypes de l'homme noir, elle a regardé moi et l'un de mes amis. Nous étions les seules personnes noires présentes», a raconté M. Kessouagni.
Marie-May Lamothe, étudiante en sociologie, affirme qu'elle se souvient non seulement de ces incidents, mais qu'elle a également été témoin de l'utilisation de mots discriminatoires par Mme Gosselin lorsqu'elle parlait de la communauté LGBTQIA2S+, pas plus tard qu'en novembre dernier.
Pendant ce cours, Aaliyah Wilburn, étudiante en sciences politiques, explique qu'elle a tenté de demander à Mme Gosselin de réfléchir aux répercussions de l'utilisation d'un langage aussi fort.
«[La professeure] m'a envoyé balader», a-t-elle affirmé. «Elle m'a dit que j'avais tort et m'a fait me sentir stupide d'avoir dit quelque chose.»
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M. Kessouagni se souvient également de cet incident.
«Elle s'est défendue en disant que ce n'était pas un mot qu'elle utilisait tous les jours», a-t-il poursuivi. «À mon avis, peu importe que vous l'utilisiez quotidiennement ou non, vous l'avez quand même utilisé. Par conséquent, c'est toujours un problème et vous ne voulez pas vous tenir pour responsable.»
Insatisfaite de la justification de Mme Gosselin, Mme Wilburn dit avoir contacté le service de l'université chargé de l'équité, la diversité et l'inclusion (EDI).
«J'ai eu l'impression qu'ils essayaient de trouver des raisons et des excuses pour expliquer les propos de Cheryl Gosselin, alors qu'il n'y a pas vraiment de contexte à prendre en compte», a-t-elle rapporté à CTV News. «Il n'y a pas d'excuses à trouver. Par exemple, vous avez dit ce que vous avez dit et demandez à vos enseignants de rendre des comptes.»
Mme Lamothe ajoute que pendant qu'elle a suivi les cours de Mme Gosselin, cette dernière aurait également dénaturé des auteurs non binaires, traité les hommes arabes de sexistes et affirmé que les femmes qui portent le hijab «font honte» aux femmes caucasiennes.
Selon l'étudiante, Mme Gosselin utilisait librement le mot en «N» et l'insulte en «F» lorsqu'elle discutait de lectures ou de cours sur les communautés noire et LGBTQIA+.
«Elle les utilisait d'une manière tellement désobligeante. Elle l'utilisait comme s'il n'avait aucune signification», a mentionné Mme Lamothe. «Surtout dans une classe où il y a des étudiants homosexuels, ce mot est très puissant.»
Mme Lamothe explique qu'elle a finalement choisi d'abandonner le cours. «J'ai mieux à faire», a-t-elle dit.
Sur le site ratemyprofessor.com, Mme Gosselin fait l'objet de critiques mitigées.
«Les Français sont dépeints comme des fous qui passent leurs journées à essayer d'assimiler l'anglais», a écrit un autre étudiant dans une publication datant de 2006. «En même temps, elle est très serviable et très disponible pour ses étudiants.»
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Les étudiants ont insisté à CTV News sur le fait que la partie la plus troublante de toute cette débâcle est le manque présumé de sympathie de Mme Gosselin lorsqu'ils disent lui avoir demandé d'être sensible à leur situation.
«Elle s'est contentée de dire: "Je m'en fiche". Même lorsqu'elle a utilisé l'insulte en "F", elle ne s'est pas vraiment excusée ou n'a pas regretté ses actions», a souligné Rory Point-Du-Jour, étudiante en sociologie, qui dit avoir suivi un cours avec Mme Gosselin en 2022. «Elle a juste dit: "Vous devez faire avec". Comme si les choses étaient ce qu'elles sont.»
Rory Point-Du-Jour n'a pas abandonné le cours, mais elle s'est sentie mal à l'aise pendant le reste de la session.
«En tant qu'enseignant, vous êtes déjà conscient du manque de minorités dans l'établissement», a-t-elle ajouté. «Vous les mettez encore plus mal à l'aise en donnant l'impression qu'il est acceptable d'utiliser ce mot.»
Selon Mme Point-Du-Jour, il s'agit également de montrer l'exemple aux élèves.
«Un étudiant blanc peut se dire: "D'accord, si mon professeur dit cela, je devrais pouvoir le dire aussi"», a-t-elle avancé. «C'est presque déroutant dans le sens où l'on pourrait penser que la société est allée si loin, mais que ce professeur utilise encore ces termes désobligeants si librement dans une salle de classe, c'est vraiment consternant.»
Le Conseil représentatif des étudiants de l'Université Bishop's (SRC) affirme n'avoir reçu aucune plainte formelle à l'encontre de Cheryl Gosselin, «et qu'aucun étudiant n'a porté de telles préoccupations à leur attention».
«Nous encourageons toute personne qui estime que ses préoccupations ne sont pas prises en compte à s'adresser aux canaux appropriés de l'université», a-t-on déclaré, en offrant leur soutien aux étudiants concernés. «Si les étudiants rencontrent des problèmes en classe, nous leur recommandons de contacter directement le bureau du doyen ou un autre bureau administratif compétent pour déposer un rapport formel.»
De plus, l'Université Bishop's affirme ne pas pouvoir «commenter, discuter ou divulguer aucune information confidentielle ou personnelle», en ajoutant qu'elle «impose aux enseignants et à son personnel, les règles les plus strictes».
«Si des préoccupations sont soulevées ou si des allégations sont portées à notre attention au sujet de l'un des membres de notre communauté, nous agissons rapidement et nous nous donnons beaucoup de mal pour examiner les faits, suivre une procédure régulière et déterminer si les allégations sont fondées», a affirmé Sonia Patenaude, responsable de la communication de l'établissement. «En outre, nous encourageons et soutenons les membres de notre communauté qui sont témoins ou victimes d'un comportement inapproprié à le signaler.»
Refusant de parler de Mme Gosselin en particulier, on souligne que l'Université Bishop's dispose de procédures formelles et informelles pour les plaintes des étudiants.
Néanmoins, l'étudiante en sociologie Marie-May Lamothe souhaite que son université prenne des mesures pour protéger ses étudiants contre toute discrimination potentielle.
«Si vous donnez un cours aussi sensible que le genre dans la société, vous ne pouvez pas continuer à dire des calomnies et de la désinformation alors qu'il s'agit d'un sujet aussi sensible dans l'environnement politique actuel», a-t-elle fait savoir. «Il faut que la professeure subisse de sérieuses conséquences et qu'elle se rende compte qu'il s'agit d'un incident réel qui a beaucoup d'importance, et que l'on peut blesser beaucoup de gens.»
CTV News a demandé à Cheryl Gosselin de commenter les allégations, mais sans retour.
À la suite de multiples échanges avec l'Université Bishop's pour tenter de joindre Mme Gosselin, CTV News a reçu la réponse suivante : «Nous, ou toute autre personne de notre communauté, ne pouvons pas et ne voulons pas commenter, discuter ou divulguer de l'information sur les accusations ou les allégations auxquelles vous faites référence.»
L'Université Bishop's poursuit en disant: «Un dialogue ouvert et un débat constructif sont encouragés, tout en maintenant un environnement sûr et respectueux», y compris un lien vers leur politique sur la liberté académique.
Le ministère de l'Enseignement supérieur a qualifié ces allégations de «préoccupantes».
«Nos universités sont des lieux de débat où tous les sujets, même les plus sensibles, doivent être abordés, mais cela doit toujours se faire dans le respect et les commentaires discriminatoires ne peuvent être tolérés», a déclaré Simon Savignac, porte-parole du ministère. «Rappelons qu'il existe des dispositions en vertu de la loi sur la liberté académique et nous invitons les étudiants concernés à déposer une plainte par les voies officielles.»