Début du contenu principal.
Des environnementalistes se réjouissent des propos du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, qui a affirmé qu'il faudrait réduire de moitié le parc automobile du Québec.
Des environnementalistes se réjouissent des propos du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, qui a affirmé qu'il faudrait réduire de moitié le parc automobile du Québec. De leur côté, les concessionnaires automobiles s'inquiètent.
Le directeur de l'organisation Vivre en ville s'est dit agréablement surpris par la déclaration de Pierre Fitzgibbon, qui a indiqué lundi qu'il faudrait réduire de moitié le nombre de voitures sur les routes.
Selon Christian Savard, cette proposition circule depuis longtemps chez les environnementalistes.
«On a besoin de passer à l’électrique, mais on a également besoin de prendre le virage de la démotorisation, et le chiffre qu’il a avancé est relativement connu pour peu que l’on s’intéresse aux modèles de simulation qui vont permettre la transition énergétique», a indiqué le directeur de Vivre en ville.
Christian Savard a ajouté qu'il est «particulièrement intéressant qu’un ministre comme lui ose dire ces choses-là parce que malheureusement, réduire la quantité de véhicules a longtemps été un tabou».
Est-ce que Pierre Fitzgibbon serait devenu l’allié inattendu des environnementalistes comme Christian Savard dans la lutte aux changements climatiques?
À cette question, le directeur de Vivre en ville répond que «la réalité rattrape tout le monde en ce moment» et «que le gouvernement se rend compte de ce qu’il faut faire et livrer ce message avec autant de transparence, ça veut dire qu’il y a des tabous qui tombent».
Lors d'un point de presse lundi, le ministre a mentionné que trois éléments étaient nécessaires à la réussite de la transition énergétique.
Il a cité l'augmentation de l’offre d’énergie renouvelable, la capture du carbone et il a mentionné que les Québécois doivent revoir «leur façon de consommer» de l’énergie, notamment lorsqu’ils se déplacent.
Le ministre de l’Économie a précisé qu’il faudrait «avoir deux fois moins de voitures» et que celles-ci devraient être électriques.
Mardi, une conseillère politique de Pierre Fitzgibbon a ajouté quelques nuances aux propos du ministre lors d'un échange de courriels avec La Presse Canadienne.
«Le secteur des transports est l’un des plus émetteurs de GES, on a toujours dit que l’électrification des véhicules était primordiale pour atteindre nos cibles» et «on souhaite aussi proposer aux Québécois d’autres options de transport qui sont toutes aussi efficaces, sinon davantage, que l’automobile», a écrit Rosalie Tremblay-Cloutier.
Elle a également mentionné que «le gouvernement n’a aucune orientation quant à la réduction du nombre de véhicules sur nos routes».
Néanmoins, le ministre a tout de même déclaré, lundi, deux fois plutôt qu'une, qu'il faudrait «avoir deux fois moins de voitures». La première fois au micro de l'animateur Paul Arcand, et la seconde fois lors d'une mêlée de presse.
Selon le chef du Parti conservateur du Québec, les propos du ministre signifient que «la CAQ déclare officiellement la guerre à l’auto».
Dans une longue critique sur les réseaux sociaux, Éric Duhaime a souligné que «le transport collectif n’est pas présent partout, dans nos régions, et ne le sera jamais» et que pour plusieurs familles, délaisser l'automobile est irréaliste.
«Est-ce que la CAQ va éliminer la moitié des limousines fournies à ses ministres? Évidemment que non. Quel ministère va éliminer son parc automobile? Aucun. C’est plutôt le gars qui travaille à la shop, à 20 $ de l’heure, qui paye 300 $ par mois pour son Sentra, à qui la CAQ va s’attaquer», a écrit Éric Duhaime.
Il a expliqué que les automobilistes à faibles revenus pourront difficilement acheter un véhicule électrique et «que les trois autres partis encore plus à gauche à l’Assemblée nationale applaudiront à tout rompre et trouveront sans doute qu’on n’élimine pas assez vite les autos des plus pauvres sur les routes».
Mais le PDG de Vélo-Québec souligne que le ministre Fitzgibbon n’a «jamais parlé d’enlever des voitures aux gens» et que la réduction de l’utilisation de l’automobile passe, selon lui, par le développement d’alternatives aux infrastructures dédiées à l’auto.
«Les gens utilisent leur voiture parce qu’il n’y a pas d’autre option», a souligné Jean-François Rheault en ajoutant que «36 % des Québécois habitent à moins de cinq kilomètres de leur travail, donc la marche, le vélo et le transport en commun efficace sont des options qui peuvent être développées».
Pour l'organisation Équiterre, améliorer l'offre d'alternative à l'autosolo ne sera toutefois pas suffisant pour changer les habitudes de déplacements des Québécois.
«Il faut décourager l'utilisation et la possession de véhicule» et instaurer des mesures d'écofiscalité où les véhicules plus polluants coûtent plus cher à immatriculer que les moins énergivores, a mentionné Anne-Catherine Pilon, analyste en mobilité durable pour Équiterre.
De son côté, la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ) a exprimé son inquiétude après les propos du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.
«De tels propos nécessitent des précisions de la part du ministre, étant donné que la réalité territoriale du Québec et l’offre en matière de transport en commun requièrent nécessairement l’accès à un véhicule individuel pour une majorité de Québécois», a déclaré la CCAQ dans un communiqué.
«Le fait que ceux-ci soient exprimés de manière publique ne peut aussi qu’être source d’agitations et d’appréhension pour le futur de notre milieu, alors que nous sommes pleinement impliqués dans la stratégie de transition énergétique et écologique lancée par le gouvernement», a également indiqué la corporation des concessionnaires automobiles.
En 2021, il y avait 6 995 085 véhicules en circulation au Québec, sur une population estimée à 8 602 335, ce qui correspond à 2 616 872 véhicules de plus que 10 ans auparavant.
Au Québec, le transport routier représente la source la plus importante de GES, soit 34 % des émissions totales.