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Le réaménagement prévu du site de l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension suscite la controverse.
Le Projet 45, situé au cœur du parc Frédéric-Back à Montréal, est bien plus qu'un simple skatepark; c’est un skatepark DIY – Do It Yourself – conçu et entretenu bénévolement par les skateurs depuis 2010. Il est devenu un symbole de la culture skate, un lieu où se côtoient passion, créativité et communauté. Mais un projet de réaménagement de la Ville de Montréal inquiète les habitués de la place, qui craignent de voir l’endroit perdre son caractère unique. Depuis son lancement début octobre, une pétition a recueilli près de 6 000 signatures. Les citoyens demandent à la Ville de préserver l’essence de ce lieu.
La Ville de Montréal affirme vouloir moderniser les installations, tout en maintenant la vocation de l’espace. «Le projet est d’abord et avant tout un projet de réaménagement du skatepark P45, et non un projet de démolition», affirme Kim Nantais, directrice des Affaires publiques et du Protocole, dans un courriel à Noovo Info.
L’arrondissement concède toutefois que les équipements actuels du skatepark «ne conviennent pas aux standards en matière d’aménagement et de sécurité d’équipements municipaux et devront conséquemment être revus».
Mais c’est justement ce qui inquiète les planchistes: ce qui fait du Projet 45 un lieu spécial, c’est que les structures sont conçues par la communauté elle-même.
«C’est ma place préférée, ici à Montréal. Pour l’ambiance, pour la tranquillité... contrairement aux autres parcs où tu as l’air d’une bête de foire», mentionne Jonathan, un planchiste d’expérience et bénévole, qui a aidé à couler le béton du skatepark lors de sa création, il y a 14 ans.
Si la Ville refuse de qualifier le projet de «démolition», les planchistes, eux, perçoivent autrement les changements prévus. «Quand tu es dans un skatepark DIY, il y a vraiment une couleur, une unicité – parce que tout a été développé au fur et à mesure par la communauté», explique Marie-Pier Hamelin, bénévole du Projet 45. «Un skatepark flambant neuf, on le remarque souvent par son côté uniforme, 'catalogue', aseptisé. Ça manque de vie.»
La pétition semble déjà avoir fait son petit bout de chemin. «Le souhait de conserver certaines parties sera évalué à la suite de leurs demandes, mais celles-ci devront respecter les normes en vigueur», mentionne la Ville par courriel.
Cela ne semble pourtant pas satisfaire ceux qui ont participé à la construction du skatepark. «On leur dit nos enjeux de sécurité depuis des années», assure Jonathan. «Ils nous empêchent de faire des réparations, et maintenant ils veulent tout raser et repartir à zéro. C'est frustrant.»
Le Projet 45 n'est pas seulement un lieu de pratique pour les planchistes locaux. Il représente aussi un terrain d'entraînement crucial pour ceux qui pratiquent la discipline olympique du skate de transition.
«Ici à Montréal, il n’y a que deux skateparks pour pratiquer cette discipline, et le Projet 45 en fait partie. Si on veut continuer à élever le talent du skate au niveau olympique, on a besoin de ce genre d’infrastructures», souligne Frederik Khun, un habitué motivé par l’idée de se qualifier pour les Jeux de 2028.
La Ville, consciente des préoccupations, a mandaté l’Association Skateboard Montréal pour consulter les citoyens et explorer des options de préservation des infrastructures existantes. Cependant, pour ceux qui ont mis leur cœur dans le Projet 45, la menace de voir cet espace transformé en une version plus aseptisée reste bien réelle.