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L'une des deux plaignantes a fondu en larmes, vendredi matin, en décrivant sa rencontre avec le chanteur du groupe Hedley, le 30 septembre 2016.
Au procès du rockeur canadien Jacob Hoggard, accusé d'agressions sexuelles, une jeune femme a témoigné vendredi que le chanteur s'était transformé en «monstre» après l'avoir amenée dans sa chambre d'hôtel, alors qu'elle avait 16 ans.
La femme, l'une des deux plaignantes dans ce procès, a fondu en larmes, vendredi matin, en décrivant sa rencontre avec le chanteur du groupe Hedley, le 30 septembre 2016.
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Elle a dit aux jurés qu'elle avait essayé de lutter contre les assauts de Hoggard, pendant plusieurs heures, alors qu'il l'embrassait, puis la poussait sur le lit et la violait à plusieurs reprises, par voie vaginale et orale, et a tenté de le faire par voie anale.
À divers moments, a-t-elle témoigné, Hoggard a enfoncé son visage dans les oreillers pour qu'elle ne puisse pas respirer, lui a craché dans la bouche, l'a giflée, l'a traitée de «salope» et de «pute» et lui a dit que c'était ce qu'elle méritait. Il n'a pas utilisé de préservatif, a-t-elle dit.
«Je suis allongée là sur le dos à pleurer et à lui dire d'arrêter et il ne voulait pas s'arrêter», a-t-elle dit en larmes, ajoutant qu'elle avait essayé de se libérer à plusieurs reprises, mais qu'elle était maîtrisée. La jeune femme a expliqué que son esprit s'était finalement «fermé», alors qu'elle se concentrait sur sa survie à cette agression.
Plus tôt, pendant des mois, et jusqu'à ce qu'ils atteignent la chambre d'hôtel, Hoggard s'était montré affectueux et attentionné, soulignant qu'il voyait un avenir avec elle et qu'elle devrait lui faire confiance, a déclaré la femme dans son témoignage. Ce changement soudain ressemblait à une «trahison», a-t-elle dit.
«C'est là que le plus gros changement s'est produit, a-t-elle déclaré. Cette personne qui vous fait croire ce conte de fées sur l'amour et la romance et la douceur et la gentillesse [s'est transformé] en ce monstre; un humain qui n'a aucune compassion, aucune empathie.»
La Couronne soutient que Hoggard a violemment agressé sexuellement les deux femmes dans des chambres d'hôtel de la région de Toronto en 2016, au cours de deux événements distincts. Les deux plaignantes, qu'on ne peut identifier, s'étaient déplacées à Toronto pour le voir. Dans un exposé conjoint des faits, on indique que le chanteur a eu une «relation sexuelle» avec les deux plaignantes lorsqu'elles se sont rendues à son hôtel.
Jacob Hoggard a été accusé en 2018 de deux chefs d'agression sexuelle causant des lésions corporelles et d'un chef de contacts sexuels avec une personne de moins de 16 ans. Il a plaidé non coupable aux trois chefs d'accusation.
À la barre vendredi, la femme a déclaré qu'elle avait pu saisir son téléphone portable après que Hoggard soit allé aux toilettes. Elle se souvient d'avoir envoyé un texto à une amie qui savait qu'elle rencontrait le chanteur et d'avoir demandé à cette amie d'appeler en se faisant passer pour son travail.
Une fois que Hoggard est sortie de la salle de bain, elle lui a dit qu'elle devait aller travailler tôt et il a appelé le chauffeur de la limousine pour la ramener, a mentionné la femme.
Pendant qu'ils attendaient, a-t-elle dit, Hoggard a essayé de discuter, de plaisanter avec elle, de parler de vacances récentes et de «revenir lentement à la personne que je reconnais», a-t-elle déclaré.
Lorsqu'ils se sont séparés, le musicien a dit qu'il était content qu'elle soit venue et qu'il espérait la revoir, a-t-elle témoigné. Elle a dit avoir répondu: «je pense que je veux juste sortir d'ici, ne me touche pas, ne me parle pas.»
La femme a déclaré que Hoggard lui avait envoyé un message alors qu'elle était dans la limousine, mais qu'elle l'avait bloqué sur toutes les plateformes. Ils ne se sont plus jamais parlé et elle n'est jamais allée à un autre concert de Hedley, a-t-elle déclaré.
Le chauffeur l'a emmenée chez son amie, a-t-elle dit. La femme a raconté qu'elle avait dit à son amie ce qui s'était passé et que son amie lui avait suggéré de prendre une douche.
Alors qu'elle se déshabillait, elle a remarqué que ses sous-vêtements étaient «pleins de sang». Elle avait des ecchymoses sur le dos, les fesses et les jambes et elle avait mal à divers endroits, a-t-elle affirmé.
Elle a attendu plus d'une semaine pour dire à sa mère ce qui s'était passé et s'est rendue à l'hôpital quelques jours après, a-t-elle indiqué.
La femme a déclaré qu'elle ne l'avait pas initialement signalé à la police parce qu'elle voulait simplement passer à autre chose, mais cela «n'a pas fonctionné» et elle a vécu des retours en arrière dans sa mémoire, des attaques de panique et des cauchemars. Elle l'a finalement signalé à la police en 2018.
En contre-interrogatoire, la femme a reconnu qu'elle aurait pu quitter la chambre d'hôtel pendant que Hoggard était dans la salle de bain. Mais elle soutient qu'elle ne savait pas comment rentrer chez elle et qu'elle n'avait pas pensé à appeler un taxi, car elle n'en avait jamais appelé auparavant. Elle craignait également que Hoggard ne remarque qu'elle essayait de partir, a-t-elle déclaré.
La défense a également suggéré qu'elle aurait pu appeler quelqu'un d'autre, ou même le 911, mais la femme a dit qu'elle ne voulait pas impliquer la police à l'époque. L'amie à qui elle a envoyé un texto était l'une des deux personnes qui savaient où elle se trouvait et la personne la plus susceptible de répondre rapidement, soutient la femme.
L'avocate de la défense, Megan Savard, a en outre suggéré que la femme avait fait des captures d'écran de certains des messages texte qu'elle avait échangés avec Hoggard et les avait remis à la police, mais elle n'avait pas inclus les messages qui auraient montré qu'elle était venue à Toronto pour avoir une relation sexuelle avec Hoggard.
La femme a nié cette suggestion, affirmant qu'elle n'avait pris des captures d'écran des premiers messages que par excitation et qu'après l'incident du 30 septembre, elle ne pouvait plus supporter de parcourir leurs conversations.
Au premier jour de son témoignage, jeudi, cette première victime alléguée a raconté au tribunal qu'elle avait croisé pour la première fois le chanteur dans le stationnement d'un hôtel après un concert auquel elle avait assisté quand elle avait 12 ans. Elle a ensuite commencé à communiquer directement avec lui après une rencontre organisée avec le public; elle avait à ce moment 15 ans.
Elle a expliqué que plus le temps avançait, plus leurs conversations prenaient un tour sexuel, surtout lorsqu'ils ont commencé à utiliser l'application Snapchat - où les messages et les images ne sont visibles que pour une courte période.
À un certain moment, ils ont commencé à s'échanger des photos d'eux nus. Hoggard lui aurait aussi envoyé une vidéo de lui en train de se masturber, selon le témoignage de la femme.
Dans ses messages, le chanteur aurait aussi dit à la jeune femme qu'il l'aimait et qu'ils pourraient tous les deux avoir une relation à long terme. «Je me sentais presque en couple avec lui», confiait-elle jeudi devant le tribunal.
Quelques semaines après le début des conversations par textos, il a organisé pour elle et deux de ses amis un voyage à Toronto pour voir le groupe Hedley, et il leur a offert des laissez-passer pour les coulisses, a-t-elle raconté.
Une fois dans les coulisses, Hoggard aurait touché les fesses de la plaignante à plusieurs reprises, ce qui l'a mise mal à l'aise. Elle a affirmé avoir essayé de s'éloigner ou d'attraper le poignet du chanteur dans l'espoir qu'il comprenne qu'elle voulait que ça cesse.
Vendredi, dans son témoignage, la jeune femme a déclaré au tribunal qu'ils avaient tenté d'organiser une journée de magasinage et de tourisme à Toronto dans les semaines qui ont suivi, mais que le projet était tombé à l'eau. Au cours de l'été suivant, elle et Hoggard sont restés en contact - il l'a même appelée pour lui souhaiter bonne fête lorsqu'elle a eu 16 ans, a-t-elle raconté.
«Quand il t'a appelée le jour de ton anniversaire, savait-il quel âge tu avais?», a demandé la procureure de la Couronne Kelly Slate.
«Ouais», a-t-elle répondu.
Ils ont finalement reprogrammé leur rencontre pour une journée en septembre, et la femme a déclaré qu'elle s'attendait à ce qu'ils s'en tiennent au plan initial de magasinage, de repas au restaurant et de visites - elle croyait aussi que les autres membres du groupe et leur gérant seraient présents.
Basé sur la nature de certains de leurs messages textes, elle pensait qu'il était possible que Hoggard «essaie quelque chose», mais n'anticipait rien au-delà d'une tentative de l'embrasser, a-t-elle déclaré au tribunal.
Néanmoins, elle pensait que si elle disait non, «il respecterait cela» et que leur journée se déroulerait comme prévu, a-t-elle dit. Même après avoir été amenée à son hôtel, la femme soutient qu'elle croyait qu'il s'agissait seulement de leur lieu de rendez-vous, avant d'aller ensuite ailleurs.
Dans son exposé introductif, jeudi, la Couronne a soutenu que la deuxième plaignante avait rencontré Hoggard en novembre 2016, après avoir croisé le chanteur sur Tinder lorsque le groupe Hedley était à Ottawa. Plus tard ce mois-là, ils ont prévu de se rencontrer à Toronto, et la Couronne allègue que Hoggard l'a violée «à répétition» pendant plusieurs heures dans sa chambre d'hôtel du centre-ville.
Les deux femmes, blessées, ont été abandonnées ainsi, en sang, par leur agresseur, selon la poursuite.
Le procès reprendra lundi.