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Un jury a accordé 83,3 millions de dollars supplémentaires à l'ancienne chroniqueuse E. Jean Carroll, qui affirme que l'ancien président Donald Trump a porté atteinte à sa réputation en la traitant de menteuse après l'avoir accusé d'agression sexuelle.
Un jury a accordé 83,3 millions $ de dommages et intérêts supplémentaires à la chroniqueuse E. Jean Carroll, qui affirme que l'ancien président Donald Trump a porté atteinte à sa réputation en la traitant de menteuse après l'avoir accusé d'agression sexuelle.
Le verdict a été rendu vendredi par un jury composé de sept hommes et deux femmes lors d'un procès auquel assistait régulièrement Donald Trump, qui a brusquement quitté la salle d'audience pendant les plaidoiries finales de l'avocate de Mme Carroll, pour y revenir plus tard.
Mme Carroll a souri à la lecture du verdict. À ce moment-là, M. Trump avait quitté le bâtiment.
«Absolument ridicule!» a-t-il déclaré dans un communiqué peu après l'annonce du verdict. Il a juré de faire appel. «Notre système juridique est hors de contrôle et est utilisé comme une arme politique.»
C’était la deuxième fois en neuf mois qu’un jury rendait un verdict lié à l’affirmation de Mme Carroll selon laquelle une rencontre avec Donald Trump en 1996 dans un magasin Bergdorf Goodman s’était terminée dans la violence. Elle a déclaré que M. Trump l'avait plaquée contre le mur d'une loge, avait baissé ses collants et s'était imposé sur elle.
En mai, un autre jury a accordé à Mme Carroll 5 millions $. Il a estimé que M. Trump n'était pas responsable de viol, mais qu'il était responsable d'avoir agressé sexuellement de Mme Carroll et de l'avoir ensuite diffamée en prétendant qu'elle avait tout inventé. L'ancien président a fait appel de cette décision.
Donald Trump a raté le premier procès. Il a ensuite exprimé ses regrets de ne pas avoir été présent et a insisté pour témoigner lors du deuxième procès, bien que le juge a limité ce qu'il pouvait dire, estimant qu'il avait manqué l'occasion de faire valoir son innocence. Il n'a passé que quelques minutes à la barre des témoins jeudi, au cours desquelles il a nié avoir attaqué Mme Carroll, puis a quitté le tribunal en grommelant «ce n'est pas l'Amérique».
Ce nouveau jury n'a été invité qu'à déterminer le montant que M. Trump, 77 ans, devrait verser à Mme Carroll, 80 ans, pour deux déclarations qu'il a faites en tant que président lorsqu'il a répondu aux questions des journalistes après la publication d'extraits des mémoires de Mme Carroll dans un magazine — des dommages et intérêts qui n'ont pas pu être décidés plus tôt en raison de recours juridiques. Il n'a pas été demandé aux jurés de se prononcer à nouveau sur la question de savoir si l'agression sexuelle avait réellement eu lieu.
Les avocats de Mme Carroll avaient demandé 24 millions $ de dommages et intérêts compensatoires et «une indemnité punitive anormalement élevée».
Son avocate, Roberta Kaplan, a exhorté les jurés lors de sa plaidoirie finale vendredi à punir M. Trump suffisamment pour qu'il mette fin à un flux constant de déclarations publiques accusant Mme Carroll de menteuse et de «cinglée».
Donald Trump a secoué vigoureusement la tête pendant que Mme Kaplan parlait, puis s'est levé soudainement et est sorti, emmenant des agents des services secrets avec lui. Sa sortie est intervenue quelques minutes seulement après que le juge, en l'absence du jury, a menacé d'envoyer l'avocate de M. Trump, Alina Habba, en détention pour avoir continué à parler alors qu'il lui avait dit qu'elle avait terminé.
«Vous êtes sur le point de passer du temps en cellule. Maintenant, asseyez-vous», a dit le juge à Me Habba, qui a immédiatement obéi.
Le procès s'est achevé alors que M. Trump est en train de remporter pour la troisième fois consécutive l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle. Il a cherché à faire de ses divers procès et de ses vulnérabilités juridiques un avantage, en les présentant comme la preuve d'un système politique instrumentalisé.
Bien qu’il n’y ait aucune preuve que le président Joe Biden ou qui que ce soit à la Maison-Blanche ait influencé les poursuites judiciaires engagées contre lui, l’argumentation de Donald Trump a trouvé un écho auprès de ses partisans les plus fidèles qui considèrent les procédures avec scepticisme.
Mme Carroll a déclaré au début du procès que les déclarations publiques de M. Trump avaient conduit à des menaces de mort.
«Il a brisé ma réputation, a-t-elle déclaré. Je suis ici pour retrouver ma réputation et l'empêcher de mentir à mon sujet.»
Elle a dit qu'elle avait fait installer une clôture électronique autour de la résidence où elle vit, au nord de l'État de New York, et qu'elle avait averti ses voisins des menaces et acheté des balles pour une arme à feu qu'elle garde près de son lit.
«Auparavant, j'étais simplement connu comme une journaliste et j'avais une chronique, et maintenant je suis connu comme la menteuse, la fraudeuse et la cinglée», a témoigné Mme Carroll.
L’avocate de M. Trump, Me Habba, a déclaré aux jurés que Mme Carroll s’était enrichie de ses accusations contre Donald Trump et qu'elle avait atteint la renommée dont elle rêvait. Elle a affirmé qu'aucun dommage n'était justifié.
Pour appuyer la demande de dommages et intérêts de Mme Carroll, Ashlee Humphreys, sociologue à l'Université Northwestern, a déclaré au jury que les déclarations de M. Trump en 2019 avaient porté atteinte à la réputation de Mme Carroll pour un montant compris entre 7,2 et 12,1 millions $.
Après avoir juré de dire la vérité, on a demandé à Donald Trump s’il maintenait sa déposition dans laquelle il qualifiait Mme Carroll de «menteuse» et de «cinglée». Il a répondu: «100 %, oui.»
Lorsqu’on lui a demandé s’il avait nié l’allégation parce que Mme Carroll avait porté une accusation, il a répondu: «C’est tout à fait vrai. Elle a dit quelque chose et je considère que c’est une fausse accusation.» Lorsqu’on lui a demandé s’il avait déjà demandé à quelqu’un de blesser Mme Carroll, il a répondu: «Non. Je voulais juste me défendre, défendre ma famille et, franchement, la présidence.»
Le juge a ordonné au jury de ne pas tenir compte du commentaire sur la «fausse accusation» et de tout ce que M. Trump a dit après le «non» à la dernière question.
Plus tôt dans le procès, Donald Trump a testé la tolérance du juge. Lorsqu'il s'est plaint à ses avocats d'une «chasse aux sorcières» et d'une «escroquerie» à portée de voix des jurés, le juge Kaplan a menacé de l'expulser de la salle d'audience si cela se reproduisait.
«J'adorerais ça», a déclaré M. Trump. Plus tard dans la journée, il a déclaré lors d’une conférence de presse que le juge Kaplan était un «mauvais juge».