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L'ampleur des problèmes de sommeil que rapportent les Québécois dans le sondage n'est pas spécifiée.
Près de la moitié des Québécois (49 %) disent avoir de la difficulté à s'endormir ou à rester endormis, met en lumière une enquête menée en ligne par la firme Léger.
De prime abord, il faut savoir qu'un nombre magique d'heures de sommeil n'est pas garant d'une bonne nuit. «C'est comme la grandeur des souliers. Il y a des longs dormeurs et des courts dormeurs», illustre le psychologue au laboratoire du sommeil à Hôpital Rivière-des-Prairies, Roger Godbout.
Il indique qu'environ 10 % de la population dort six heures et moins et 5 à 10 % dort neuf heures et plus par nuit. De nombreux facteurs peuvent aussi influencer la durée du sommeil, à commencer par l'âge. Le fait de vivre en milieu urbain, d'avoir des enfants à la maison, d'avoir un boulot de nuit sont aussi des critères qui agissent sur le sommeil.
L'ampleur des problèmes de sommeil que rapportent les Québécois dans le sondage n'est pas spécifiée. Pour considérer qu'une personne fait de l'insomnie chronique, il faut qu'elle prenne plus de 30 minutes pour s'endormir ou avoir du mal à se réveiller pendant plus de 30 minutes trois fois par semaine pendant au moins trois mois.
Comme ces nuances ne sont pas précisées dans le communiqué de Eisai Limitée Canada, qui a commandé le sondage, M. Godbout se retient de commenter s'il s'agit d'une grande proportion de Québécois ou non qui peinent à bien dormir.
Le sondage nous apprend par ailleurs que pour remédier à leurs problèmes de sommeil, 44 % des répondants ont essayé des produits naturels, des vitamines ou des suppléments; 34 % ont eu recours à des médicaments d'ordonnance; et 9 % ont consommé du cannabis.
L'enquête en ligne a été réalisée auprès de 1553 adultes canadiens entre le 31 janvier et le 2 février 2025. Parmi les répondants, on compte 426 résidents du Québec. Pour l'échantillon du Québec, la marge d'erreur maximale est de plus ou moins 4,7 %, 19 fois sur 20.
Pour tenter de retrouver un meilleur sommeil, les Québécois sont prêts à changer certaines habitudes de vie. Les données recueillies indiquent que 34 % renonceraient à la caféine pour mieux dormir; 30 % délaisseraient l'alcool; et 6 % abandonneraient les relations intimes.
Le sondage révèle également que parmi les Québécois n'ayant jamais pris de somnifère, 41 % craignent un risque de dépendance et 28 % s'inquiètent des effets secondaires.
M. Godbout estime que les somnifères peuvent être une bonne solution à court terme, mais comme psychologue, il favorise l'approche cognitive-comportementale. En thérapie, cette approche va revoir les attentes et les comportements de la personne par rapport à son sommeil. Par exemple, ce n'est pas une bonne idée de faire de l'exercice une trentaine de minutes avant le coucher. Les experts proscrivent aussi les écrans avant d'aller au lit en raison de la lumière bleue, mais M. Godbout nuance que le contenu sur l'écran va grandement influencer l'endormissement.
Plusieurs causes peuvent mener à l'insomnie, comme un impact émotionnel, de santé mentale, psychologique ou cognitif. Ça peut devenir un cercle vicieux, prévient M. Godbout. «Si on est très anxieux, on dormira mal et si on dort mal, on est plus anxieux. Ça prend des modes d'intervention qui sont assez complexes, qui dépassent d'après moi de prendre un médicament, un somnifère par exemple, pendant une période très prolongée.»
«Les pilules et la thérapie cognitive-comportementale sont à peu près également efficaces à court terme, mais à long terme, ce n'est que la thérapie cognitive-comportementale qui dépasse ce que les somnifères peuvent faire», prône le psychologue.
La Dre Annick Vincent, psychiatre et spécialiste des troubles de l'attention à la Clinique Focus de Saint-Augustin-de-Desmaures, semble d'un autre avis. Elle souligne l'importance d'éduquer les gens par rapport aux craintes associées aux somnifères sur ordonnance. «De nombreuses personnes évitent de consulter en raison des mythes concernant la dépendance et les effets secondaires potentiels. Pourtant, il existe des médicaments pour le sommeil qui sont sécuritaires et efficaces, et qui peuvent offrir à de nombreuses personnes une solution viable pour améliorer leur sommeil», dit-elle dans un communiqué.
Le sommeil est essentiel pour la santé physique et mentale. «Les rêves, par exemple, permettent de garder un bon équilibre émotionnel. Le sommeil lui-même permet la sécrétion de certaines hormones, lesquelles ne sont pas sécrétées si on ne dort pas. Il y a des types d'apprentissage, de mises en mémoire qui vont être faites, qui vont être consolidées dans notre mémoire et qui ne se feront pas si on n'a pas un bon sommeil», explique M. Godbout, qui est aussi professeur émérite au département de psychiatrie à l'Université de Montréal.
Le psychologue croit qu'il est positif que des enquêtes sur le sommeil fassent surface dans les médias, car «ça remet le sommeil dans l'actualité» et plusieurs personnes ne connaissent pas bien leur sommeil et les répercussions de celui-ci sur leur santé. Il est d'avis que l'activité physique et l'alimentation sont souvent promues comme de saines habitudes de vie, mais que trop souvent on omet de parler de l'importance du sommeil.