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International

Près de 1000 enfants autochtones sont morts dans les pensionnats aux États-Unis

Au moins 973 enfants autochtones sont morts dans le système abusif des pensionnats du gouvernement américain.

Joe Baker, membre de la tribu indienne des Delaware et cofondateur du Lenape Center, porte un sac à bandoulière qu'il a fabriqué lors d'une interview à son domicile de New York, le jeudi 18 juillet 2024.
Joe Baker, membre de la tribu indienne des Delaware et cofondateur du Lenape Center, porte un sac à bandoulière qu'il a fabriqué lors d'une interview à son domicile de New York, le jeudi 18 juillet 2024.

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Associated Press
Associated Press

Au moins 973 enfants autochtones sont morts dans le système abusif des pensionnats du gouvernement américain, selon les résultats d’une enquête publiée mardi par des responsables qui ont appelé le gouvernement à s’excuser.

L’enquête commandée par la secrétaire à l'Intérieur des États-Unis, Deb Haaland, a découvert des tombes marquées et anonymes dans 65 des plus de 400 pensionnats américains créés pour assimiler de force les enfants autochtones à la société blanche. Les résultats de l'enquête ne précisent pas comment chaque enfant est mort, mais les causes de décès comprennent la maladie, les accidents, et les abus sur une période de 150 ans qui s’est terminée en 1969, ont indiqué les autorités.

Cette enquête survient à la suite d'une série de séances de consultation à travers les États-Unis lors des deux dernières années, au cours desquelles des dizaines d’anciens pensionnaires ont raconté les traitements durs et souvent dégradants qu’ils ont endurés alors qu’ils étaient séparés de leur famille.

«Le gouvernement fédéral — avec l’aide du ministère que je dirige — a pris des mesures délibérées et stratégiques par le biais de politiques fédérales sur les pensionnats autochtones pour isoler les enfants de leurs familles, leur refuser leur identité et les déposséder de leur langue, de leur culture et des liens qui sont fondamentaux pour les Autochtones», a déploré mardi dans un communiqué de presse Mme Haaland, membre de la tribu Laguna Pueblo au Nouveau-Mexique, et première secrétaire de cabinet autochtone du pays.

Souvenirs douloureux

Dans un premier rapport publié en 2022, les autorités estimaient que plus de 500 enfants étaient morts dans les écoles. Le gouvernement fédéral a adopté des lois et des politiques en 1819 pour soutenir les écoles, dont les dernières étaient encore en activité dans les années 1960.

Les écoles ont donné des noms anglais aux enfants autochtones, les ont soumis à des exercices militaires et les ont forcés à effectuer des travaux manuels, comme l’agriculture, la fabrication de briques et le travail sur les chemins de fer, ont énuméré les autorités.

D’anciens pensionnaires ont partagé des souvenirs en larmes de leur expérience lors de séances tenues en Oklahoma, dans le Dakota du Sud, au Michigan, en Arizona, en Alaska et dans d’autres États. Ils ont témoigné avoir été punis pour avoir parlé leur langue maternelle, d’avoir été enfermés dans des sous-sols et de s'être fait couper les cheveux pour effacer leur identité. Ils ont parfois été placés en isolement, battus et privés de nourriture. Beaucoup ont quitté le pensionnat avec seulement des compétences professionnelles de base qui ne leur offraient que peu de perspectives d’emploi.

Donovan Archambault, 85 ans, de la réserve autochtone de Fort Belknap, dans le Montana, a déclaré qu’il avait été envoyé dans des pensionnats dès l’âge de 11 ans et qu’il avait été maltraité, forcé de se couper les cheveux et empêché de parler sa langue maternelle. Il a mentionné qu’il avait beaucoup bu avant de changer de vie, plus de deux décennies plus tard, et qu’il n’avait jamais discuté de ses années d’école avec ses enfants jusqu’à ce qu’il écrive un livre sur cette expérience, il y a plusieurs années.

«Des excuses sont nécessaires. Ils devraient s’excuser», a soutenu M. Archambault, en entrevue avec l’Associated Press, mardi. «Mais il faut aussi une éducation plus large sur ce qui nous est arrivé. Pour moi, cela fait partie d’une histoire oubliée.»

Le nouveau rapport ne précise pas qui devrait présenter les excuses au nom du gouvernement fédéral, disant seulement que celles-ci devraient être présentées par « des moyens appropriés et des responsables pour démontrer qu’elles sont faites au nom du peuple des États-Unis et être accompagnées » par des politiques audacieuses et réalisables.

Recommandations

Les responsables du ministère de l’Intérieur ont recommandé au gouvernement d’investir dans des programmes susceptibles d’aider les communautés autochtones à guérir des traumatismes causés par les pensionnats. Cela comprend de l’argent pour l’éducation, la prévention de la violence et la revitalisation des langues autochtones. Les dépenses consacrées à ces efforts devraient être proportionnelles aux 23 milliards $ de dépenses corrigées de l’inflation pour les écoles, ont-ils avancé.

Les écoles, les établissements similaires et les programmes d'assimilation connexes ont été financés par 23,3 milliards $ de dépenses fédérales corrigées de l'inflation, selon les autorités. Les institutions religieuses et privées qui géraient de nombreuses institutions ont reçu de l’argent fédéral en tant que partenaires dans la campagne visant à «civiliser» les étudiants autochtones, selon le nouveau rapport.

En 1926, plus de 80 % des enfants autochtones d’âge scolaire — soit quelque 60  000 enfants — fréquentaient des pensionnats gérés soit par le gouvernement fédéral, soit par des organisations religieuses, selon la National Native American Boarding School Healing Coalition.

Le groupe basé au Minnesota a recensé plus de 100 écoles supplémentaires ne figurant pas sur la liste gouvernementale et qui étaient gérées par des églises, sans aucune preuve de soutien fédéral.

En juin, les évêques catholiques américains ont présenté leurs excuses pour le rôle de l’Église dans le traumatisme subi par les enfants. Et en 2022, le pape François a présenté ses excuses pour la coopération de l’Église catholique avec les pensionnats au Canada. Il a déclaré que l’assimilation forcée des peuples autochtones dans la société chrétienne a détruit leurs cultures, séparé leurs familles et marginalisé leurs générations.

Une loi en attente devant le Congrès établirait une «Commission vérité et guérison» chargée de documenter et de reconnaître les injustices passées liées aux pensionnats. La mesure est parrainée au Sénat par la démocrate Elizabeth Warren du Massachusetts, et soutenue par la républicaine Lisa Murkowski de l’Alaska.

«Il est temps que le gouvernement fédéral assume la responsabilité de ses politiques néfastes», a plaidé Mme Murkowski au Sénat, la semaine dernière.

«Notre commission fournira un processus dirigé par les Autochtones pour permettre aux communautés de partager leurs histoires, de partager la vérité et de poursuivre la guérison.»

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Associated Press
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