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Le gouvernement insiste sur le fait que l'application est un outil utile. Ses détracteurs estiment qu'elle a fait son temps et qu'elle n'a peut-être même jamais été pertinente. Faisons le point.
L'application controversée ArriveCan, vantée comme un outil efficace à la frontière au début de la pandémie, est devenue une cible de défoulement pour les voyageurs qui remettent en question sa raison d'être — mais ArriveCan pourrait bien être là pour rester.
Le gouvernement insiste sur le fait que l'application est un outil utile. Ses détracteurs estiment qu'elle a fait son temps et qu'elle n'a peut-être même jamais été pertinente. Faisons le point.
L'application a été lancée au début de la pandémie de COVID-19 et son utilisation est obligatoire pour toute personne franchissant la frontière canadienne par voie aérienne ou terrestre depuis février 2021. Des exceptions s'appliquent dans les cas de problèmes d'accès ou de pannes de l'outil.
ArriveCan permet d'effectuer le triage des voyageurs selon leur risque d'être atteint de la COVID-19 et, depuis un an, selon leur statut vaccinal. Le refus de s'inscrire sur l'application et de fournir les informations requises peut entraîner une amende de 5000 $ selon la Loi sur la mise en quarantaine.
Dans un rapport daté de décembre 2021, la vérificatrice générale du Canada affirme que l'application ArriveCan a permis d'améliorer la qualité de l'information recueillie par le gouvernement sur les voyageurs arrivant au pays. Toutefois, la qualité de l'information demeure mauvaise, car les résultats de près de 138 000 tests de dépistage de la COVID-19 n'ont jamais pu être jumelés à un compte de voyageur et seulement 25 % des voyageurs ayant reçu l'ordre de s'isoler dans un hôtel désigné par le gouvernement ont fait l'objet de vérifications.
Le mois dernier, en raison d'une faille, ArriveCan a ordonné à environ 10 200 voyageurs de s'isoler pour une période de 14 jours pour aucune raison valable. Bianca Wylie, une associée de la firme Digital Public, ne comprend pas pourquoi c'est une commande automatisée de l'application qui prend une telle décision. Selon elle, l'application ne devrait servir qu'à recueillir des informations comme prévu au départ.
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De récentes mises à jour de l'application se consacrent à une amélioration de l'efficacité du traitement des voyageurs à la frontière plutôt que sur les enjeux de santé publique. À l'arrivée au Canada, il est maintenant possible, bien que facultatif, d'utiliser l'application pour remplir à l'avance sa déclaration de voyageur aux aéroports de Montréal, Toronto et Vancouver.
La semaine dernière, le gouvernement a fait savoir qu'il prévoyait d'élargir l'offre d'options aux voyageurs aériens arrivant à Calgary, Edmonton, Winnipeg, Ottawa, Québec, Halifax et à l'aéroport Billy Bishop de Toronto.
Dans un communiqué publié plus tôt ce mois-ci au sujet du fiasco dans les aéroports, Transport Canada a déclaré que les voyageurs qui utilisent l'application réduisent leur temps d'attente du tiers une fois arrivés au poste de douane. En réduisant ces rencontres de deux minutes d'une quarantaine de secondes, le gouvernement croit pouvoir économiser des heures d'attente si tous les voyageurs utilisent l'application.
La cueillette de données électroniques reliées à la COVID-19 a fait l'objet d'obligations à la frontière de plusieurs États et les formulaires en ligne se sont multipliés pour des raisons liées ou non à la pandémie. L'Australie gère exclusivement ses autorisations de voyage par l'entremise d'une application alors que dès l'an prochain, un formulaire électronique sera exigé pour visiter un État de l'Union européenne.
Au Canada, le gouvernement s'est contenté pour le moment de dire qu'il travaillait sur une initiative similaire. Le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino a toutefois déclaré aux journalistes, en juin dernier, que si ArriveCan a été créée dans la foulée de la pandémie, «elle possède les capacités technologiques pour servir à autre chose et réduire le temps d'attente requis au triage à la frontière».
Avant la pandémie, le Canada avait déjà commencé à numériser ses services à la frontière avec d'autres initiatives comme des kiosques électroniques installés dans les aéroports en 2017 et le lancement d'une application de déclaration électronique en 2018. Une application qui est d'ailleurs toujours fonctionnelle.
Bianca Wylie souligne que peu de gens utilisaient l'application avant la pandémie puisqu'elle était facultative et que d'autres options simples étaient disponibles. La spécialiste estime qu'Ottawa a bénéficié de la pandémie pour accélérer la transition vers le numérique.
Environ le quart des personnes qui franchissent la frontière terrestre canadienne depuis les États-Unis en voiture n'utilisent pas ArriveCan à l'avance, selon Pierre St-Jacques, porte-parole du Syndicat des Douanes et de l'Immigration.
À la frontière canado-américaine, les voyageurs bénéficient d'une seule chance à leur premier passage s'ils n'étaient pas au courant de l'exigence d'utiliser ArriveCan, a confirmé l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Sur cinq millions de passages entre le 24 mai et le 4 août, des exemptions ont été accordées à 308 000 voyageurs, a fait savoir l'ASFC.
Il s'agit toutefois que d'une mesure temporaire, assure M. St-Jacques. D'un autre point de vue, les agents frontaliers disent devoir trop souvent se transformer en consultants informatiques de fortune pour aider les voyageurs avec leur application, ce qui les empêche de faire leur véritable travail de sécurité à la frontière.
«Si l'objectif de l'application est d'économiser du temps à la frontière, eh bien ça ne fonctionne pas dans sa forme actuelle», observe le porte-parole du syndicat.
Le Parti conservateur mise sur l'exaspération de nombreux voyageurs au sujet de l'application, de leurs inquiétudes pour leurs renseignements personnels ou encore de leur ras-le-bol du gouvernement libéral pour marteler son intention d'éliminer ArriveCan.
Pour la cheffe conservatrice par intérim Candice Bergen, l'application n'a servi qu'à créer des «obstacles inutiles» et à «nuire à l'économie canadienne et à l'industrie du tourisme», a-t-elle déclaré dans un message publié sur Twitter mardi.
Le commissaire à la vie privée enquête également sur une plainte portant sur la manière dont l'application récolte et utilise les données personnelles des utilisateurs.