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Société

Trop de plaintes: Les Loutres de Granby se font montrer la porte

«Un climat d’intimidation», «un environnement toxique», «des rêves brisés», etc.

«Un climat d’intimidation», «un environnement toxique», «des rêves brisés». C’est en ces mots que des parents du club de natation Les Loutres de Granby ont décrit à Noovo Info l’ambiance qui régnait au club depuis plusieurs mois.

Plus d'une dizaine de parents, dont plusieurs avaient des enfants dans le programme de sport élite du Collège Mont-Sacré-Cœur, ont dénoncé les agissements de l’entraîneuse-chef Nadine Rolland et du directeur général des Loutres, Frédérick Asselin.

«Les enfants sont juste là pour nager, s'entrainer, avoir du plaisir. Puis soudainement, ils se faisaient ramasser pour tout et rien», explique Janick Marois dont le fils a fini par quitter le club.

«Soit ils ne répondaient plus aux questions, soit lors de compétitions ils étaient mis de côté. Ils jugeaient qu'ils ne nageaient pas assez bien, ils étaient rabaissés», raconte un parent qui a souhaité garder l’anonymat sous peur de représailles.

D'autres parents ont raconté que des enfants, et même des parents, s'étaient souvent fait «engueuler» par les entraîneurs aux abords de la piscine.

Plusieurs parents qui ont eu des différends avec les entraîneurs ont rapporté que leurs enfants ont ensuite été la cible de représailles. Tous ont demandé à ce que leur témoignage soit confidentiel par peur de répercussions.

 

Au Collège du Mont Sacré-Cœur, on reconnaît que le partenariat avec le club a été ardu au cours de la dernière année. Des 14 enfants inscrits au programme de sport élite en natation, seuls deux ont terminé l’année scolaire; une situation jamais vue, selon la direction de l’école.

Certains sont partis de leur plein gré alors que d’autres se sont fait montrer la porte par les entraîneurs. «Des fois, ils [les élèves] arrivaient à l’autobus et se faisaient dire: "Toi, tu ne montes pas aujourd’hui"», rapporte le directeur général de l’établissement, Frédéric Noirfalise. Le contrat entre l'école secondaire et le club de natation n'était pas renouvelé pour l'année 2025-2026, une décision prise par le conseil d'administration des Loutres.

Des plaintes qui s'accumulent

De nombreuses plaintes ont été déposées à diverses entités. La Fédération de natation du Québec et la Ville de Granby ont confirmé avoir reçu leur lot de plaintes concernant le club. Plusieurs parents ont aussi faits des plaintes au nouveau Protecteur à l’intégrité en sport et en loisir (PILS); un nouvel ombudsman créé par le ministère du Sport «qui a pour mission de veiller à l’intégrité physique et psychologique d’une personne dans le cadre de la pratique d’un loisir ou d’un sport, partout au Québec».

Le PILS ne peut confirmer, infirmer ou commenter les dossiers en cours. Toutefois, Noovo Info a eu accès à des documents démontrant que plusieurs plaintes ont été officiellement enregistrées au PILS, qu’elles ont été jugées recevables et qu’un processus d’enquête est en cours concernant Nadine Rolland et Frédérick Asselin.

À la Fédération de natation du Québec (FNQ), des changements à la gouvernance ont été exigés de la part du club. Des enjeux avec le fonctionnement du club et avec son conseil d'administration ont été soulevés au cours des derniers mois. Pour ce qui est des abus psychologiques, de harcèlement ou de négligence, la Fédération a référé les parents au PILS.

Le directeur général, Francis Ménard, explique que jusqu'à présent, la FNQ n'a pas reçu de recommandations de sa part: «Il n'y a rien qui nous laisse croire que des jeunes sont en danger immédiat, rien qui nous laisse croire que des situations exigent le retrait immédiat des entraîneurs ou l'arrêt des activités du club.»

La Ville de Granby a collaboré avec la Fédération de natation sur le sujet. La Ville a envoyé une lettre aux Loutres le 18 juin dernier leur signifiant que leur contrat de location du complexe aquatique Desjardins, qui vient à terme le 6 août prochain, ne sera pas renouvelé. Le club et ses entraineurs ne pourront donc pas y poursuivre leurs activités passé cette date. «Les plaintes ne diminuaient pas», explique la mairesse de Granby, Julie Bourdon.

La version des entraîneurs

L’entraineuse-chef Nadine Rolland n’a pas souhaité nous accorder d’entrevue télé puisqu’elle a porté plainte contre trois parents pour harcèlement criminel et qu'elle ne veut pas nuire à l'enquête du service de police.

Toutefois, dans des échanges de courriels, Nadine Rolland et son conjoint, le directeur général Frédérick Asselin, disent que «le club évolue dans un environnement ouvert, sécuritaire et sous observation constante» et que «[leur] travail est mené par des entraîneurs professionnels agréés, très respectés dans le milieu sportif».

Dans un autre courriel, Nadine Rolland avance même que son club est victime par certains parents d'«une campagne de salissage envers le club et ses dirigeants souvent sur la place publique par la publication de lettres ouvertes mensongères, diffamatoires et qui porte atteinte [leur] réputation».

Une pétition a été lancée en ligne par le club pour demander à la Ville de Granby de revenir sur sa décision. Mardi midi, elle avait récolté près de 400 signatures.

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