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Les gens qui ont souffert de la COVID-19 seraient plus susceptibles que les autres de faire des cauchemars, et le nombre de mauvais rêves qui viennent hanter leurs nuits serait relié à la gravité de leur maladie.
Les gens qui ont souffert de la COVID-19 seraient plus susceptibles que les autres de faire des cauchemars, et le nombre de mauvais rêves qui viennent hanter leurs nuits serait relié à la gravité de leur maladie, a constaté une étude à laquelle a participé un chercheur de l’Université Laval.
Cela pourrait en partie être dû au fait que, pour certains, une infection par le SRAS-CoV-2 a été une expérience d’une intensité comparable à celle d’un attentat terroriste ou d’une catastrophe naturelle.
Des spécialistes du sommeil de 14 pays, dont le Canada, ont comparé la fréquence des rêves et des cauchemars de deux groupes très similaires de 544 sujets, dont un groupe qui avait eu la COVID-19. Les données ont été recueillies entre mai et juillet 2020.
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Les chercheurs ont constaté, dans un premier temps, que la fréquence des rêves a augmenté d’environ 15 % dans les deux groupes pendant les premiers mois de la crise sanitaire, alors qu’elle était auparavant comparable.
«Mais avant même de rapporter des cauchemars, les gens tendaient à se rappeler davantage de leurs rêves depuis le début de la pandémie, qu’avant la pandémie», a dit un des auteurs de l’étude, le professeur Charles Morin, de l’École de psychologie et du Centre de recherche CERVO de l’Université Laval.
Cela pourrait être dû au fait que le télétravail a permis à plusieurs de se lever plus tard, et que c’est principalement le matin que nous rêvons, pendant ce qu’on appelle le «sommeil paradoxal», a-t-il ajouté. Et si on se souvient davantage de nos rêves, les chances sont alors plus grandes qu’on «capte un cauchemar au travers de ça, parce que tout le monde fait des cauchemars à un moment ou un autre», a souligné M. Morin.
La fréquence des cauchemars était similaire pour les deux groupes avant l’éclatement de la pandémie. Elle a toutefois bondi de 50 % dans le groupe COVID-19 et de 35 % dans le groupe témoin. Les chercheurs ont aussi noté que les participants qui avaient eu une forme modérée ou grave de la maladie étaient plus susceptibles de faire des cauchemars que ceux ayant eu une forme légère.
Le mécanisme responsable de cette hausse n’est pas entièrement clair. Si on ne peut pas exclure un effet physiologique du virus sur le cerveau, des facteurs psychologiques associés à l’incertitude et à l’isolement (la perte de contact avec parents et amis pendant le confinement ou une hospitalisation) sont aussi possiblement en cause.
«Notons que nos données ont été colligées pendant la “première vague” de la pandémie de COVID-19, quand le virus était mal compris. Le manque d’information ou l’information inadéquate concernant la maladie et son traitement, ainsi que la stigmatisation sociale après le diagnostic, étaient source de peur et d’incertitude», peut-on lire dans l’étude.
L’étude a ainsi constaté des scores de symptômes d’anxiété, de dépression et de troubles de stress post-traumatique (TSPT) plus élevés chez les participants du groupe COVID-19. Le groupe témoin, en revanche, avait des scores de bien-être et de qualité de vie plus importants.
«Plus les gens ont été affectés par la COVID-19, plus l’impact a été grand sur l’activité onirique et sur la qualité de vie», ont écrit les chercheurs.
Certaines personnes ont vécu la pandémie aussi intensément que d’autres ont vécu les attentats du 11-Septembre ou encore le séisme qui a dévasté la région de San Francisco en 1989, a dit le professeur Morin.
Des chercheurs avaient ainsi constaté une hausse du nombre de cauchemars dans la foulée de ces deux événements.
«Les augmentations qu’on note ici pendant la pandémie sont plus élevées encore que ces deux incidents-là, a-t-il dit. Il y en a qui vont dire qu’on ne peut pas faire de comparaison comme ça, mais il reste que l’incidence des cauchemars a été plus élevée suite au début de la pandémie. Puis ça, c’est particulièrement vrai pour les personnes qui se sont retrouvées à l’hôpital et aux soins intensifs.»
D’autres chercheurs ont détecté un TSPT chez des patients qui avaient reçu leur congé des soins intensifs, a poursuivi le professeur Morin, «et avec ça, des cauchemars; donc ce n’est pas si étonnant que ça qu’on observe ce phénomène-là».
Parmi les sujets ayant eu la COVID-19, les plus susceptibles d’être affligés par des cauchemars étaient ceux qui se souvenaient le plus de leurs rêves; qui présentaient des scores élevés d’anxiété et d’insomnie; qui avaient un risque élevé de TSPT; dont le sommeil était de courte durée; et qui étaient plus jeunes.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical Nature and Science of Sleep.