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Les défenseurs de victimes d'agressions sexuelles appellent à la sensibilité du public pendant que l'affaire suit son cours devant les tribunaux.
Les allégations portées contre une poignée de joueurs de hockey attirent à nouveau l'attention sur la culture du consentement dans les sports canadiens. Entre-temps, les défenseurs de victimes d'agressions sexuelles appellent à la sensibilité du public pendant que l'affaire suit son cours devant les tribunaux — un processus qui peut être profondément traumatisant pour les victimes d'agressions sexuelles dans tout le pays.
Au cours de la fin de semaine, Alex Formenton, ancien joueur des Sénateurs d'Ottawa et membre de l'équipe canadienne des Championnats du monde juniors 2018, s'est rendu à la police à London, en Ontario.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Dans une déclaration à CTV News, l'avocat de Formenton, Daniel Brown, a confirmé que «la police de London a inculpé plusieurs joueurs, dont Alex Formenton, en lien avec une accusation portée en 2018».
Selon un rapport du Globe and Mail, les accusations sont liées à une présumée agression sexuelle collective d'une femme dans une chambre d'hôtel haut de gamme de London, en Ontario, à la suite d'un gala de Hockey Canada en juin 2018. Formenton aurait été le premier à se rendre à la police.
«Alex défendra vigoureusement son innocence et demande aux gens de ne pas se précipiter pour juger sans avoir entendu toutes les preuves», a mentionné Me Brown dans un communiqué.
Les allégations n'ont pas été prouvées devant un tribunal.
Les défenseurs de la lutte contre la violence sexuelle appellent à la sensibilité du public à l'égard de la victime présumée.
«Je pense que les gens remettent souvent en question le comportement des victimes d'agressions sexuelles. Ils s'interrogent sur le moment choisi», a expliqué Bailey Reid, PDG de The Spark Strategy, une agence de conseil en matière de prévention des violences sexuelles.
«Si c'est quelque chose qu'elle ne voulait peut-être pas rendre public, ou qu'elle a entamé une procédure pénale, mais qu'elle entend maintenant des réactions négatives... je pense que cela peut être très difficile.»
«Je pense qu'il est très important de remettre en question ces idées lorsqu'on les entend», a-t-elle ajouté.
Les experts affirment que les causes d'agression sexuelle sont souvent éprouvantes sur le plan émotionnel et qu'il peut être difficile d'obtenir gain de cause devant les tribunaux. Toutefois, lorsqu'elles attirent l'attention du public, elles peuvent avoir un effet déclencheur sur d'autres victimes.
«Ce n'est pas seulement cette survivante qui regarde ce reportage et en ressent les effets, mais toutes les survivantes dans nos vies qui regardent ce reportage et en ressentent les effets», a précisé M. Reid.
«Je suis une survivante de la violence sexuelle», a confié Dawn Moore, professeure de droit et d'études juridiques à l'Université de Carleton. «J'ai signalé mon viol à la police et j'ai dû raconter mon histoire 14 fois, sans même aller jusqu'au procès.»
Mme Moore affirme que les victimes présumées devront raconter leur histoire à plusieurs reprises et qu'il est prouvé que le processus peut être profondément traumatisant.
Les affaires d'agression sexuelle sont souvent complexes. Les défenseurs des droits de l'homme estiment qu'il est difficile pour les victimes de trouver une issue dans les tribunaux.
«Les tribunaux n'ont jamais été conçus pour les agressions sexuelles. Ils ont été créés pour protéger les biens et c'est tout», a-t-elle souligné. «Lorsque l'on aborde les questions d'agression sexuelle, tout bascule, car la question n'est pas vraiment celle de la culpabilité ou de l'innocence, mais celle du consentement, et il est impossible de prouver le consentement.»
Le consentement, dit Mme Moore, «n'est pas quelque chose que l'on peut documenter».
«C'est la bataille du "il a dit, elle a dit", et ce n'est pas une bataille que l'on peut gagner.»
«Je ne pense pas que quiconque gagne dans un procès pour agression sexuelle. Quel que soit le résultat, personne ne gagne», a lâché Mme Moore. «La personne qui a fait le mal a besoin d'aide et n'en obtiendra pas, et la personne qui a été blessée a besoin de soutien et de contrôle sur son histoire, et n'en obtiendra pas non plus.»
Mme Reid espère que la victime présumée sera soutenue et que des ressources éducatives seront mises à la disposition des équipes et des organisations sportives.
«Nous avons tous un rôle à jouer pour mettre fin à la violence sexuelle», a-t-elle soutenu. «Comment s'assurer qu'au niveau culturel, notre équipe, notre organisation, les athlètes avec lesquels nous travaillons, ne pensent pas que c'est acceptable? Comment s'assurer qu'ils n'excusent pas les comportements des uns et des autres, mais qu'ils se tiennent mutuellement pour responsables ?»