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La plateforme est pointée du doigt pour des contenus jugés grossophobes.
«Moi, si je perdais 100 livres». C’est le titre que portent plusieurs vidéos qui cumulent des milliers de commentaires et de vues sur la plateforme TikTok. Deux images sont superposées afin d’imager à quoi ressemblerait une perte de poids de cette envergure sur le visage de l’utilisateur. Doit-on s’inquiéter d’une telle tendance?
«Je pense que c'est un des filtres les plus destructeurs et les plus négatifs», tranche Karl Hardy, animateur et créateur de contenu. Ce dernier défend d’ailleurs la diversité corporelle à travers ses plateformes numériques.
Même son de cloche du côté d’Edith Bernier, fondatrice du site web grossophobie.ca et autrice du livre Grandir sans grossophobie. «Je ne vois pas en quoi ça peut avoir un impact positif. Si ça amène les gens à avoir de l'insatisfaction par rapport à leur corps, ce n'est pas bon», martèle-t-elle.
Les problèmes reliés aux troubles alimentaires entrent également en ligne de compte, note-t-elle. «Ça peut juste créer une aspiration à un corps qui n'est pas nécessairement réaliste.»
«J'en reçois souvent des messages de jeunes qui me parlent de diversité corporelle, ajoute Karl Hardy. Ça, ça ne vient vraiment pas aider.»
Outre les montages de visages modifiés, la plateforme TikTok regorge de vidéos montrant de réelles pertes de poids de 100 livres. Le mot-clic «100lbsdown» compte plus de 216 millions de vues.
Ces contenus banalisent un changement physique important, note Andrée-Ann Dufour Bouchard, cheffe de projets pour l’organisme ÉquiLibre, un organisme spécialisé en image corporelle
«Ce n'est clairement pas accessible à tous de perdre 100 livres. Ce n'est clairement pas sain non plus», explique-t-elle.
De façon générale, les moyens pris pour arriver à perdre 100 livres peuvent altérer négativement notre santé physique, notre santé mentale, la relation qu'on entretient avec le corps.
Mme Bernier déplore également que ce mot-clic ajoute une couche de stigmatisation aux personnes qui sont plus grosses. «C'est que ça ne crée pas de belles attentes à personne. Ça ne fait que rajouter de la pression aux gens et ça, peu importe leur poids», poursuit-elle.