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Neuf Autochtones sont morts en moins de quatre semaines, en août et septembre derniers.
Justin Trudeau n’a pas pris l’engagement, jeudi, de lancer une enquête nationale sur le racisme systémique au sein des corps policiers au pays, même s’il a reconnu la douleur des mères autochtones qui ont dû enterrer un enfant après une interaction avec la police.
Le premier ministre s’est adressé aux chefs de l’Assemblée des Premières Nations (APN) réunis à Ottawa jeudi matin.
Il y a deux jours, les mêmes chefs avaient adopté une résolution réclamant à Ottawa une enquête nationale sur le racisme systémique dans les services de police.
L'APN souhaiterait que cette commission, «dirigée par des commissaires des Premières Nations», ait pour mandat «d'enquêter sur les décès dans lesquels la police est en cause, les incidents graves et le racisme systémique dans les forces de maintien de l’ordre».
Neuf Autochtones sont morts en moins de quatre semaines, en août et septembre derniers.
Lors de l'assemblée de l'APN, trois mères dont les fils et les filles sont morts pendant ou après une interaction avec la police ont lancé un appel émouvant au gouvernement pour qu’il réforme la Gendarmerie royale du Canada.
«J'attends ce moment depuis quatre ans et demi», a déclaré Martha Martin, dont le fils et la fille sont morts en 2020 après des interactions avec la police. «Combien d'autres membres de notre peuple doivent encore mourir à cause de votre police ?», a-t-elle demandé, en larmes, alors qu'elle se tenait au micro, s'adressant à M. Trudeau et à une poignée de ministres.
«Il est temps de s'asseoir avec nous et de commencer à faire des changements.»
La plupart des participants l'ont soutenue, de même que Claudette Korchinski-Paquet et Edith Wells, qui ont perdu leur fille et leur fils après des interactions avec la police. Elles ont exigé mieux pour leurs familles et pour les autres.
«Honte au Canada», a crié un délégué avant que M. Trudeau ne reconnaisse les mères et ne dise qu’aucune d’entre elles n’aurait dû avoir à enterrer ses enfants.
«Je m'engage également à faire tout ce qui est en mon pouvoir en tant que gouvernement pour essayer de régler ce problème, pour essayer de changer et de lutter contre la discrimination systémique», a-t-il déclaré.
«Nous vivons dans un monde très, très imparfait, et on nous le rappelle régulièrement.»
La cheffe du Grand Conseil de la Nation Anishinabek, Linda Debassige, a qualifié les actions de M. Trudeau de «lâches».
Elle a fait valoir qu’en ne s’engageant pas à ouvrir une enquête, il permet au Canada de rester complice de la discrimination systémique.
«C’est une indication claire qu’il ne soutient pas les Premières Nations et leur quête de la vérité», a-t-elle déclaré.
Ce n'est qu'après l'enquête que justice sera rendue, d'ici là, les Premières Nations continueront de souffrir, a-t-elle insisté.
L’assemblée extraordinaire de trois jours des chefs de l’APN, qui se termine jeudi, s’est largement concentrée sur la réforme du système de protection de l’enfance et sur les torts causés par la police aux communautés des Premières Nations.
Les politiciens canadiens se présentent souvent à l'assemblée de décembre pour présenter pourquoi ils sont les mieux placés pour travailler avec les Premières Nations et répondre aux questions des chefs.
Bien que les chefs soient souvent disposés à demander des comptes aux dirigeants lorsqu'ils s'adressent à l'Assemblée des Premières Nations, le ton a été plus élevé que d'habitude, en particulier pour le chef du NPD, Jagmeet Singh - qui est généralement accueilli chaleureusement par les chefs qui font la queue pour prendre des photos avec lui - et pour M. Trudeau, qui a fait campagne en 2015 sur l'établissement de meilleures relations avec les peuples autochtones.
M. Singh a consacré une part importante de son temps de parole à critiquer le chef conservateur Pierre Poilievre pour son bilan sur les questions autochtones et a félicité certains de ses députés pour leur travail.
M. Polievre a été invité à prendre la parole, mais ne l'a pas fait.
Après la prise de parole de Jagmeet Singh, les chefs lui ont signalé que l'Assemblée des Premières Nations n'était pas une campagne électorale et que la réconciliation signifiait agir. Un autre chef a indiqué qu'ils avaient demandé à le rencontrer, mais n'avaient pas reçu de réponse, ce dont le néo-démocrate s'est excusé.
«J'essaie de me rendre auprès du plus grand nombre de nations possible, a-t-il mentionné. Être sur le terrain est la meilleure façon de parler et de nouer des liens avec la communauté.»
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, s'est aussi adressé aux chefs jeudi matin.
Cody Diabo, grand chef du Conseil mohawk de Kahnawake, sur la Rive-Sud de Montréal, a confronté M. Blanchet, affirmant que le Québec se considérait comme une nation souveraine sans respecter la souveraineté des Premières Nations.
«Mes ancêtres étaient ici tandis que les vôtres arrivaient par bateau, a déclaré M. Diabo, sous les applaudissements de la salle. Nous pouvons discuter de ce que devraient être nos relations et de la façon dont votre nation peut commencer à faire ses bagages.»
Justin Trudeau, qui était entouré du ministre de la Justice, Arif Virani, de la ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, du ministre des Relations Couronne-Autochtones, Gary Anandasangaree, et du ministre des Affaires du Nord, Dan Vandal, a également fait les frais des frustrations des chefs.
Le panel s'est terminé après avoir répondu à six questions des chefs, même si plusieurs étaient encore debout au micro.
Après que le premier ministre et les ministres se soient levés et aient tenté de partir, ils ont été hués par les chefs. Ils sont alors restés pour répondre à d'autres questions.