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Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, assure qu’il n’a rien à se reprocher concernant sa partie de chasse aux faisans sur une île privée appartenant à de riches hommes d’affaires.
La Commissaire à l'éthique et à la déontologie indique qu'une enquête est ouverte au sujet du ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon.
Dans une lettre datée de jeudi et adressée au député de Québec solidaire Vincent Marissal, dont La Presse Canadienne a obtenu copie, la commissaire Ariane Mignolet a précisé que l'enquête portera sur un possible manquement aux articles 15 et 29 à 33 du Code d'éthique et de déontologie des membres de l'Assemblée nationale.
Les partis d'opposition avaient demandé plus tôt dans la journée l'ouverture de cette enquête, alors que le ministre a pris part à un événement sur une île privée cet automne.
En mêlée de presse le matin, M. Fitzgibbon a assuré qu'il n'a rien à se reprocher concernant sa partie de chasse aux faisans sur une île privée appartenant à de riches hommes d'affaires.
Il a dit que c'est sa vie privée et que ça le regarde, mais il est d'accord avec l'enquête de la commissaire à l'éthique demandée par l'opposition.
Il s'agira alors de la sixième enquête de la commissaire à l'éthique sur le cas Fitzgibbon en quatre ans.
Les trois partis d'opposition dénoncent en effet la partie de chasse du ministre en octobre dans un club privé dont sont membres des gens d'affaires ayant bénéficié de subventions.
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Il s'agit d'une chasse prestigieuse en costume traditionnel autrichien, accessible sur invitation seulement, sur l'île de la Province, au lac Memphrémagog.
«Je n'arrêterai pas de faire mes activités à cause du Journal de Montréal», a riposté M. Fitzgibbon en visant le média qui a révélé l'affaire. Il a dit prendre part à cette activité depuis plus de 20 ans.
«Je suis très à l'aise, je crois que c'est une force d'avoir ces connaissances-là, je pense que le comportement que j'ai eu est parfaitement acceptable», a-t-il poursuivi.
«J'espère que la commissaire à l'éthique va faire son devoir, parce qu'on verra les subventions que j'ai accordées cette journée-là», a-t-il conclu avec une pointe d'ironie.
L'opposition libérale a transmis une demande d'enquête officielle à la commissaire à l'éthique.
Dans sa requête, le député Monsef Derraji fait notamment valoir que le ministre n'a toujours pas déposé une déclaration concernant cette activité au registre des dons, marques d'hospitalité et autres avantages, alors que cela doit être fait dans les 30 jours suivants.
«Une personne raisonnable pourrait effectivement se questionner quant à savoir si la participation du ministre à une activité prestigieuse de chasse privée en compagnie d'actionnaires d'entreprises bénéficiant de subventions accordées par son propre ministère constitue une forme de quid pro quo et pourrait entraîner des doutes sur l'octroi de ces subventions», a-t-il écrit.
«C'est très difficile d'avoir confiance en ce ministre et ce gouvernement quand on démontre aussi peu de respect pour les questions éthiques», a dit le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, qui joint sa voix à la demande d'enquête du Parti libéral (PLQ).
«Est-ce qu'il a payé pour aller sur cette île et qui a-t-il rencontré, parce que je doute qu'il se soit déguisé tout seul pour chasser seul du faisan?» a-t-il demandé.
«Je ne comprends pas, je ne suis jamais invité à ces chasses aux faisans, a-t-il ajouté avec ironie. Personne ne m'a jamais demandé de me déguiser avec un fusil d'époque.»
«C'est un constat assez implacable, on n'est pas du même monde, ces millionnaires, grands propriétaires dirigeants d'entreprises, c'est dur après de faire la leçon et de demander aux gens de faire la sobriété», a évoqué son collègue Pascal Bérubé , rappelant ainsi l'appel de M. Fitzgibbon aux consommateurs à économiser l'énergie.
La possible réception de dons, marques d'hospitalité ou autres avantages de la part de personnes demandant des aides de l'État est «susceptible de représenter un intérêt personnel pouvant influencer l'indépendance de jugement dans l'exercice d'une charge publique», a pour sa part écrit le député Vincent Marissal, de Québec solidaire.
Avec des informations de Caroline Plante