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Un avion allemand a transporté des dizaines de Canadiens hors du Soudan, lundi, et un avion de transport canadien C-17 stationné dans la région est en attente pour aider davantage de ressortissants à fuir.
Le Canada se réjouit du cessez-le-feu de 72 heures qui a été annoncé au Soudan lundi en fin de journée, mais le chef d'état-major de la Défense prévient que la situation d'instabilité dans ce pays d'Afrique de l'Est rend toujours les opérations d'évacuations difficiles.
«Nous déployons tous les efforts nécessaires depuis 96 heures pour nous assurer que les Canadiens sont en sécurité», a soutenu le général Wayne Eyre lors de son témoignage devant le comité de la sécurité nationale du sénat.
Il a toutefois souligné l'état des infrastructures au Soudan rend actuellement difficile de rapatrier les citoyens coincés dans le pays.
«L'aéroport international principal de Khartoum est fermé, et nos autres options dans la région sont extrêmement limitées», n'a pas caché le chef d'état-major.
Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a annoncé dans un communiqué lundi en fin d'après-midi qu'un cessez-le-feu débuterait à minuit au Soudan, «à la suite d'intenses négociations au cours des dernières 48 heures».
M. Blinken a également indiqué que les États-Unis coordonneraient leurs actions avec celles d'autres pays et des civils soudanais afin de créer un comité chargé de superviser l'arrêt définitif des combats.
Affaires mondiales Canada a fourni très peu d'informations sur les efforts déployés jusqu'ici pour faire sortir du Soudan les citoyens canadiens, ou même son propre personnel. Mais le premier ministre Justin Trudeau, lors d'une séance photo avec le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a fourni une petite mise à jour lundi après-midi à Ottawa.
«Je viens d'apprendre plus tôt aujourd'hui qu'un avion allemand a décollé de Khartoum avec à son bord un citoyen allemand et 58 citoyens canadiens, a-t-il précisé. Nous avons également un (avion) C-17 dans la région, et nous assurerons nous aussi un transport aérien.»
Des tirs nourris et des explosions assourdissantes ont secoué Khartoum lundi, dans des combats continus entre l'armée nationale et un groupe paramilitaire rival appelé les Forces de soutien rapide.
Plus de 420 personnes, dont au moins 273 civils, ont été tuées et plus de 3700 blessées depuis le début des combats le 15 avril, après la rapide détérioration des négociations de partage du pouvoir entre les deux parties.
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, avait indiqué plus tôt lundi que le Canada travaillait «avec les pays alliés» pour aider les citoyens qui restent au Soudan à fuir le pays.
La ministre Joly indique sur Twitter qu'Affaires mondiales Canada essaie de contacter tous les Canadiens au Soudan qui se sont inscrits auprès du gouvernement. Elle rappelle que les Canadiens au Soudan doivent s'inscrire ou mettre à jour leurs renseignements personnels sur le service d'inscription des Canadiens à l'étranger.
Affaires Mondiales Canada est en contact avec les Canadiens inscrits sur notre registre.➡️Les Canadiens au Soudan doivent s'inscrire ou mettre à jour leurs renseignements personnels sur le service d'inscription des Canadiens à l'étranger au lien suivant : https://t.co/AfIp7CHSZq
— Mélanie Joly (@melaniejoly) April 24, 2023
Une Canadienne à Khartoum, Waddaha Medani, a déclaré avoir reçu un courriel du gouvernement canadien à 2 h 45 heure locale, lundi dans la nuit, lui disant de «réserver une place sur un vol d'évacuation» prévu dès midi ce jour-là.
Mais parce que les services internet et téléphoniques du pays se sont en grande partie effondrés en fin de semaine, elle n'a reçu le courriel que plus tard dans l'après-midi et a déclaré n'avoir pas eu de réponse directe lundi soir du Centre de surveillance et d'intervention d'urgence à Ottawa.
«Nous sommes déjà frustrés, nous ne savons déjà pas ce qui se passe et ce qui va se passer. Et la communication est fondamentalement mauvaise», a-t-elle déclaré dans une entrevue.
La femme de 29 ans a déclaré qu'elle se demandait si elle devait ou non amorcer un dangereux voyage mardi matin vers une base aérienne à la périphérie de la ville, où sa sœur à Ottawa a eu vent d'un présumé vol d'évacuation. «Ils n'arrêtent pas de dire qu'il y a un cessez-le-feu en ce moment, mais ils ne le respectent pas vraiment. Nous entendons toujours des coups de feu.»
Lundi, 1473 Canadiens étaient officiellement inscrits au Soudan, mais les experts estiment que le nombre de Canadiens dans ce pays est probablement beaucoup plus élevé.
Les Soudanais tentent de se mettre en sécurité au milieu des explosions, des coups de feu et des combattants armés qui pillent les magasins et les maisons. Les prix de la nourriture et du carburant augmentent et ces produits sont plus difficiles à trouver; les hôpitaux sont sur le point de s'effondrer.
Au milieu de ce chaos, un ballet d'avions militaires d'Europe, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Asie a survolé Khartoum toute la journée de dimanche et de lundi pour faire sortir des ressortissants étrangers qui passaient devant des combattants armés sur les lignes de front de la ville, dans une grande tension.
La France a obtenu l'utilisation d'une base militaire à la périphérie de Khartoum pour servir de point d'extraction à près de 500 personnes de différentes nationalités qui s'y sont rendues avec leurs propres véhicules ou en faisant appel à des sociétés de sécurité privées.
D'autres ont parcouru des centaines de kilomètres jusqu'à Port-Soudan, dans l'est du pays, d'où les bateaux peuvent partir pour traverser la mer Rouge vers l'Arabie saoudite - et ses aéroports.
Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche Jake Sullivan a déclaré que Washington avait placé des moyens de renseignement et de reconnaissance le long de la route d'évacuation terrestre de la capitale jusqu'au port pour aider à protéger les convois d'évacués. Il a déclaré que les États-Unis n'avaient pas de militaires sur le terrain.
Pourtant, les forces d'opérations spéciales américaines ont procédé dimanche à une évacuation précaire de l'ambassade américaine à Khartoum, balayant la capitale avec des hélicoptères au sol pendant moins d'une heure. Aucun coup de feu n'a été tiré et aucune victime majeure n'a été signalée.
Affaires mondiales Canada a confirmé que les forces spéciales américaines ont évacué six Canadiens, qui étaient soit des diplomates, soit des personnes à leur charge, dimanche, aux côtés de dizaines d'autres diplomates de divers pays.
«Le Canada exprime sa gratitude aux États-Unis pour leur soutien», a déclaré lundi le ministère.
Le Canada a suspendu dimanche les services consulaires dans ce pays d'Afrique de l'Est. Cependant, les diplomates évacués travaillent depuis Djibouti pour fournir des conseils aux Canadiens bloqués dans le pays, notamment où ils peuvent trouver des produits essentiels tels que du carburant et des médicaments.
Ils aident également les Canadiens qui ont trouvé leur propre moyen de partir.
En août 2022, l'ambassade de Khartoum comptait six employés canadiens et 12 personnes embauchées sur place, selon les données déposées par le ministère auprès d'un comité sénatorial.
Ottawa n'évacue pas son personnel soudanais embauché sur place et assure qu'il étudie toutes les options possibles pour les soutenir.
Le ministre de l'Immigration, Sean Fraser, a par ailleurs annoncé lundi que son ministère permettra aux citoyens soudanais au Canada de demander gratuitement la prolongation de leur statut et changer de catégorie temporaire pour continuer d'étudier, de travailler ou d'être auprès de leur famille.
«Ces mesures permettraient d'assurer la sécurité de la population soudanaise déjà présente au Canada, de maintenir les familles unies et de leur donner un endroit sûr où rester», indique-t-on dans un communiqué de presse.
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada facilitera également les demandes d'immigration pour les personnes encore au Soudan une fois qu'il sera sécuritaire de voyager. Cela signifie donner la priorité aux demandes de résidence temporaire et permanente qui sont déjà dans le système, telles que les demandes de regroupement familial et les visas de visiteur.
Le ministère annulera également les frais de passeport et de titre de voyage pour résident permanent pour les personnes au Soudan qui sont éligibles et souhaitent partir.