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«Une douleur après une chirurgie, normalement, ça ne dure pas des mois.»
Un nouveau rapport préconise l’utilisation d’ordonnances prérédigées afin de standardiser les pratiques de prescription des opioïdes, selon l’âge et le type de chirurgie, comme stratégie pour combattre la crise qui entoure le mésusage de ces médicaments.
On recommande plus précisément d'accorder une attention particulière au nombre de doses permises sur l'ordonnance; de s'assurer qu'une durée de validité apparaît sur l'ordonnance; et d'ajouter une mention de rapporter les doses d'opioïdes inutilisées à des fins de destruction.
«Une douleur après une chirurgie, normalement, ça ne dure pas des mois», a rappelé la co-autrice du rapport, Élaine Pelletier, qui est pharmacienne au CHU Sainte-Justine.
Il se produit donc régulièrement que des comprimés non utilisés se retrouvent en circulation dans la nature, ce qui ouvre la porte à d'éventuels dérapages.
L'ajout d'une sorte de «date de péremption» aux prescriptions, une date à partir de laquelle il n'est plus possible de l'utiliser pour obtenir des médicaments, pourrait en partie venir endiguer le problème du mésusage en empêchant les détenteurs de la prescription de l'utiliser n'importe quand et n'importe comment.
«On sait que les adolescents en particulier sont plus à risque d'aller reconsommer des opioïdes qui leur ont été prescrits, qu'ils n'ont pas utilisés et qu'ils ont gardés, a dit Mme Pelletier. Ou encore ils utiliseront leur prescription un peu plus tard alors qu'ils n'en ont plus besoin, ou bien ils en trouveront chez des parents ou des amis qui en entreposent à la maison.»
Cette consommation qui commence à l'adolescence pourra avoir des conséquences néfastes à court, moyen et même long terme pour le jeune, a-t-elle rappelé.
Les auteurs du rapport, qui traite exclusivement d'une clientèle pédiatrique, ont choisi de se concentrer sur le soulagement des douleurs postopératoires parce que c'est à ce moment que les patients seront souvent exposés aux opioïdes pour la première fois, a expliqué Mme Pelletier.
«En général, nos prescriptions sont bien faites, a-t-elle dit. Mais on pense qu'il faut peut-être insister au niveau de la durée de la validité de l'ordonnance, tant au niveau des prescripteurs qu'au niveau des familles et des patients.»
Ce rapport du Programme de gestion thérapeutique des médicaments (PGTM) dresse pour la première fois un portrait global de la situation dans les centres hospitaliers universitaires du Québec, en plus d’identifier plusieurs bonnes pratiques pour prévenir un usage inapproprié de ces substances.
Le rapport «Analyse descriptive des ordonnances d’opioïdes remises au congé à la suite d’une chirurgie pédiatrique dans les CHU du Québec» constitue une étude rétrospective qui porte sur quelque 500 ordonnances d’opioïdes pour la gestion de la douleur postopératoire à domicile, c’est-à-dire toutes celles qui ont été remises à des personnes de moins de 18 ans entre le 1er avril et le 31 octobre 2021 dans les quatre CHU du Québec qui effectuent des chirurgies pédiatriques.
Le rapport recommande par exemple que les jeunes et leurs parents soient bien informés des effets bénéfiques attendus et des risques liés aux opioïdes, afin qu'ils soient en mesure de prendre des décisions éclairées quant à l’administration adéquate de ces médicaments et à leur entreposage, a-t-on précisé par voie de communiqué.
On suggère également la mise en place de programmes d'éducation à l'intention aussi bien des professionnels de la santé que du grand public. On envisage par exemple la conception d'un document éducatif électronique pour guider les patients et leurs proches en ce qui concerne la prise en charge de la douleur, l'usage sécuritaire des opioïdes et la destruction appropriée des quantités inutilisées.
«Peut-être aussi qu'on pourrait envisager un questionnaire rapide ou un texto qui demanderait au patient s'il a pris des opioïdes depuis deux semaines et qui lui rappellerait de rapporter les quantités inutilisées», a dit Mme Pelletier.
En bout de compte, conclut-elle, les opioïdes demeurent un outil très efficace pour soulager la douleur «et il ne faut pas voir seulement le risque».
«C'est un médicament efficace quand il est bien utilisé, qui a une utilité, a-t-elle dit. Mais c'est au moment où l'usage n'est pas correct et devient non médical que les risques peuvent apparaître.»
Le PGTM est une initiative qui regroupe les cinq centres hospitaliers universitaires du Québec et qui s’intéresse à l’usage optimal des médicaments.