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De nouvelles cellules développées par des chercheurs du CHU Sainte-Justine offrent un espoir sans précédent de vaincre un jour des leucémies qui résistent aux traitements conventionnels.
De nouvelles cellules développées par des chercheurs du CHU Sainte-Justine offrent un espoir sans précédent de vaincre un jour des leucémies qui résistent aux traitements conventionnels.
Les cellules développées par le docteur Michel Duval, le chef du service d'hématologie-oncologie de Sainte-Justine, et son équipe activent les cellules tueuses (les cellules NK) du système immunitaire qui iront ensuite détruire les cellules cancéreuses.
Ces cellules NK fonctionnent le mieux quand elles sont activées par des cellules sentinelles, dont le rôle est d'alerter le système immunitaire de la présence d'un intrus. Les cellules sentinelles sont toutefois absentes chez les patients qui ont subi une greffe de la moelle osseuse pour soigner leur maladie, puisque leur système immunitaire est alors celui du donneur.
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Les chercheurs ont donc utilisé des cellules souches extraites de sang de cordon collecté à la suite d'accouchements au sein de la banque dédiée à Héma-Québec pour développer de nouvelles cellules dont l'action est similaire aux cellules sentinelles.
Les nouvelles cellules, qui portent le nom de cellules ThINKK, ressemblent aux cellules sentinelles qui recrutent normalement les cellules NK. Mais contrairement aux cellules sentinelles, les cellules ThINKK mobilisent uniquement les cellules NK, sans risquer d'activer d'autres cellules immunitaires qui pourraient s'attaquer à l'organisme du patient et potentiellement entraîner des complications graves.
«On cherche depuis une vingtaine d'années des moyens d'améliorer cet effet de la greffe de moelle, a dit le docteur Duval. On est particulièrement intéressés par (...) les cellules tueuses (...), parce que ces cellules sortent du greffon très rapidement, dans les quelques semaines qui suivent la greffe, et pendant plusieurs semaines, le patient n'a essentiellement que ces cellules dans le sang.»
«Et ces cellules, on l'a montré dans certains contextes, quand on arrive à les activer, on arrive à améliorer les résultats de la greffe.»
Les chercheurs espèrent donc pouvoir un jour réinjecter les cellules ThINKK aux patients, pour envoyer les cellules tueuses en circulation attaquer et détruire les cellules cancéreuses.
Des essais précliniques effectués sur des souris modifiées pour ressembler très étroitement à des humains ont montré que ce traitement est efficace pour plusieurs types de leucémie, notamment la leucémie lymphoblastique, la leucémie myéloïde et le neuroblastome.
«On a essentiellement montré que quand on utilise ce modèle-là, presque toutes les souris qui reçoivent les cellules sentinelles survivent, alors que toutes les souris qui ne reçoivent pas les cellules sentinelles meurent rapidement de leucémie», a résumé le docteur Duval.
Dans le modèle pré-clinique de la leucémie myéloïde par exemple, la guérison a été obtenue dans 80 % des cas lors de l'administration des cellules ThINKK.
La stratégie s'est même révélée efficace face à l'une des leucémies myéloïdes les plus agressives que le spécialiste ait jamais vues de toute sa carrière, «une leucémie qu'on n'a jamais réussi à contrôler par la chimiothérapie».
La combinaison de la chimiothérapie et de l'immunothérapie permettra un jour d'attaquer les cellules de la leucémie sur deux fronts différents, a-t-il ajouté.
«Je suis très confiant qu'on va y arriver, a dit le docteur Duval. Si la leucémie résiste à un, on peut tout à fait espérer qu'elle ne résistera pas à l'autre.»
D'autres cancers, comme l'ostéosarcome et le neuroblastome, pourraient représenter des cibles intéressantes pour cette approche.
Les démarches sont en cours pour une approbation par Santé Canada et par la FDA aux États-Unis, afin de lancer un essai clinique de phase 1 dès 2024.