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La STM lance son plan Réassurance pour hausser le niveau de sécurité dans son réseau et demande une implication plus grande du milieu de la santé et des services sociaux.
Devant les enjeux de sécurité de plus en plus présents au sein de son réseau, la Société de transport de Montréal (STM) déploie son plan Réassurance et demande une implication plus grande du milieu de la santé et des services sociaux.
En point de presse mercredi, le président du conseil d'administration de la STM, Éric Alan Caldwell, a fait savoir que son équipe était tout à fait consciente de la hausse des différentes plaintes liées au réseau de transport, soit dans les autobus ou dans le métro.
Les enjeux liés aux problèmes de santé mentale et à l'itinérance sont importants. Selon Éric Alan Caldwell, il y a «un trou» dans l'offre de services.
«Notre réseau est en aval du problème. Si les gens ne trouvent pas une place ailleurs, ils vont se réfugier dans le métro. Je fais donc appel à une meilleure complémentarité avec le réseau de la santé et des services sociaux», a affirmé M. Caldwell.
Le président du conseil d'administration de la STM souligne aussi qu'un réinvestissement en transport collectif serait nécessaire afin de soutenir les initiatives pour améliorer la sécurité dans le métro et l'autobus — notamment pour l'ajout de ressources physiques — et pour venir en aide à une clientèle vulnérable confrontée à des problèmes de santé mentale et/ou d'habitation.
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Éric Alan Caldwell rappelle que dernièrement, la STM a coupé 232 postes au sein de son organisation pour ensuite créer 60 postes liés aux enjeux de sécurité et de propreté dans le métro.
Le directeur Sûreté et sécurité incendie de la Société de transport de Montréal, Jocelyn Latulippe, à de son côté souligné que le plan Réassurance vise à augmenter le sentiment de sécurité des usagers dans le métro.
Selon M. Latulippe, les interventions des constables spéciaux ont augmenté de 41% en 2024.
«On ne constate pas nécessairement plus de violence, mais plus de cas sociaux. Être confronté à des problèmes de santé mentale dans le métro, un lieu clos, peut s'avérer intimidant pour plusieurs personnes», soutient-il.
Le plan prévoit des heures supplémentaires pour différents employés — patrouilleurs, employés de la STM, agents d'entretien, etc. — afin de permettre une présence accrue dans 10 stations de métro : Joliette, Papineau, Beaudry, Frontenac, Lionel-Groulx, Atwater, Bonaventure, Jarry, Jean-Talon et Mont-Royal.
Les stations de métro ciblées par le plan Réassurance présentent un sentiment d'insécurité «plus grand» pour les usagers, selon la STM.
«Nous avons besoin d'aide au niveau social, le volet social est un enjeu qui nous dépasse», a souligné M. Latulippe, appuyant les dires de M. Caldwell.
Jocelyn Latulippe précise que concernant l'itinérance, il n'y a pas de mot d'ordre concernant «la tolérance».
«Il y a un mot d'ordre sur "être humain". Il faut diriger les gens vers les bonnes ressources. La tolérance a parfois un seuil et selon les cas, notamment de violence, il faut parfois aller vers autre chose, dont le recours à la justice ou à des arrestations. Le flânage n'est pas interdit, il faut tout de même négocier avec certaines personnes», a-t-il expliqué.
La STM regarde aussi pour des améliorations au niveau de l'éclairage dans les stations de métro et de l'utilisation des caméras de surveillance. De nouvelles mesures de sécurité devraient être déployées à l'hiver prochain.
Voici l’évolution des plaintes des utilisateurs de la STM au fil des années, d'après des données obtenues par Noovo Info auprès de la STM.
Plainte pour le bus :
Plaintes pour le métro :
Environ 785 000 personnes fréquentent le métro de Montréal quotidiennement.
«Il faut quand même relativiser les chiffres quand on regarde le nombre de plaintes ou d'évènements par rapport à la fréquentation», a souligné M. Latulippe.
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Du côté des constables spéciaux de la Société de transport de Montréal (STM), le plan Réassurance est bien accueilli, bien que le syndicat réclame un plan «à long terme».
«Notre cri du cœur des dernières semaines commence enfin à mener à des gestes concrets pour améliorer la sécurité des usagères et usagers et du personnel de la STM. Maintenant que tout le monde reconnait le problème, les efforts doivent s'inscrire dans un plan à long terme», a souligné Kevin Grenier, président de la Fraternité des constables et agents de la paix de la STM, affiliée à la CSN, dans un courriel acheminé à Noovo Info.
L’Opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal a pour sa part présenté mercredi un plan d’action «afin de remédier au sentiment croissant d’insécurité dans le réseau de la STM».
Ensemble Montréal propose notamment de mettre en place une ligne d’aide téléphone et texto (ou clavardage) permettant aux usagers d’obtenir de l’assistance immédiate en cas d’urgence ou de problème de sécurité. Un tel processus existe notamment dans le Grand Toronto.
«Dans le réseau de transport collectif de la capitale ontarienne, par exemple, le délai pour obtenir de l’aide s’élève à seulement 90 secondes», explique Ensemble Montréal dans un communiqué.
Le parti estime que ce processus permettrait une prise en charge rapide, en plus de répondre à un manque au niveau des options offertes aux usagers «confrontés aux agressions et aux enjeux de cohabitation».
«Ça fait deux ans qu’Ensemble Montréal réclame des mesures pour remédier aux enjeux de sécurité dans le réseau de la STM. Ça ne fait aucun sens d’entendre parler d’usagers qui se font battre, intimider, harceler, agresser et, de l’autre côté, d’avoir une administration qui ne fait rien pour contrer ça», a déploré Aref Salem, chef de l’Opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal.
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Par ailleurs, Ensemble Montréal demande une augmentation de la surveillance effectuée par les équipes mixtes, les services de l’équipe mobile de médiation et d’intervention sociale (ÉMMIS), les policiers et les constables spéciaux.
Le parti réclame plus précisément que ces derniers passent de 160 à 230 employés, «tel que demandé depuis longtemps par la Fraternité des constables et agents de la paix de la STM».
«Des employés devraient également être disponibles à toutes les stations, de l’ouverture jusqu’à la fermeture du réseau, afin que la clientèle ait toujours un point de chute en cas de besoin», ajoute l’opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal.
Parmi les autres mesures de sécurité réclamées par Ensemble Montréal, on retrouve la révision du système d’éclairage, le renforcement des équipes de propreté, la rénovation du mobilier, l’installation de toilettes publiques aux abords des stations et la mise en place d’initiatives culturelles (art et animations), des éléments qui s’avèrent «essentiels» selon les élus pour rendre le réseau «plus convivial, attractif et sécuritaire».
Depuis 2018, Ensemble Montréal réclame également des mesures pour remédier plus spécifiquement «au harcèlement sexuel dans les transports collectifs».
«Le portrait dans le réseau de la STM est triste pour tout le monde en ce moment, tant les usagers qui sont de moins en moins à l’aise de prendre le transport collectif que les personnes vulnérables qui sont laissées à elles-mêmes. Un accident est vite arrivé. J’invite l’administration à ne pas attendre que la situation empire pour assurer la sécurité de tous», a déclaré le porte-parole de l’Opposition officielle en matière d’itinérance, Benoit Langevin.
Voyez le reportage de Lili Mercure dans la vidéo.
Avec des informations de Lili Mercure, Noovo Info.