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«Les réponses du ministre n'ont pas été rassurantes, et puis, les questions que nous avons posées, nous avons eu certaines réponses, certaines négatives, d'autres un peu évasives, donc le conseil n'était pas satisfait», a dit le maire Daniel Gendron.
Le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, s'est rendu à Lac-Mégantic, jeudi, sans parvenir à rassurer plusieurs élus, puisque dans la foulée, le conseil municipal de Nantes a retiré son appui à la voie de contournement.
Dans un communiqué publié à la suite de ces rencontres, Transports Canada a affirmé que le ministre avait profité de l'occasion pour «réitérer son appui indéfectible à la construction de la voie de contournement, et ce, le plus tôt possible».
M. Alghabra a tenu des rencontres privées avec les maires des municipalités de Lac-Mégantic, Nantes et Frontenac, en plus de s'entretenir avec le député provincial — François Jacques, de la Coalition avenir Québec — ainsi qu’avec quelques citoyens, pour «entendre leurs préoccupations».
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«En plus de discuter des prochaines étapes menant à la réalisation du projet, le ministre a aussi souligné l’importance de maintenir la sécurité ferroviaire, d’avoir un dialogue avec les citoyens et d’atténuer les impacts environnementaux», a-t-on indiqué.
Le ministre a également visité le site identifié pour la voie de contournement qui fera en sorte que les trains quittent définitivement le centre-ville de Lac-Mégantic.
«Il était important pour moi de me rendre à Lac-Mégantic aujourd’hui (jeudi) pour rassurer la communauté du soutien continu de notre gouvernement. Je suis déterminé à continuer de travailler avec tous les partenaires pour mener à bien ce projet», a affirmé M. Alghabra par communiqué.
À la suite de la rencontre du maire de Nantes avec le ministre fédéral, le conseil municipal a retiré son appui à la voie de contournement, jeudi soir, lors d'une séance extraordinaire.
«Les réponses du ministre n'ont pas été rassurantes, et puis, les questions que nous avons posées, nous avons eu certaines réponses, certaines négatives, d'autres un peu évasives, donc le conseil n'était pas vraiment satisfait», a dit le maire Daniel Gendron en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne, indiquant qu'il avait été question essentiellement des dédommagements de propriétaires et de la municipalité.
Selon le maire, du côté des gens «directement impactés» par le tracé de la voie de contournement, il y a eu une «certaine ouverture à améliorer les choses». «Au niveau des "indirectement impactés" — qui seraient à 50, 100, 200 mètres de la voie —, ça a été un refus complet. Et au niveau des dédommagements de la municipalité, il nous a demandé de faire nos demandes, et qu'il verrait au fur et à mesure s'il y avait des programmes disponibles — mais que ce ne serait pas à 100 %», a-t-il affirmé.
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Le conseil municipal de Frontenac avait déjà retiré son appui au projet de voie de contournement en mai, en raison notamment des «impacts sur la nappe phréatique et la qualité de l’eau des puits qui résulteraient de la construction de la voie de contournement».
La municipalité, qui serait traversée par la voie de contournement, tiendra un référendum le 19 février sur l'acceptation du projet.
En mêlée de presse avec Radio-Canada et TVA, le maire de Frontenac, Gaby Gendron, a affirmé ne pas avoir été rassuré sur la prise en compte par Transports Canada du résultat de la consultation dans la municipalité, et sur la volonté d'avoir une «acceptabilité sociale» pour le projet.
De son côté, la mairesse de Lac-Mégantic, Julie Morin, a déclaré jeudi que le ministre lui avait montré sa volonté de poursuivre avec le tracé prévu, «avec un souhait de construction à l'automne».
«Je suis rassuré par rapport à ça», a dit Mme Morin à La Presse Canadienne à la suite de sa rencontre avec le ministre, ajoutant à ce moment n'avoir pas eu le son de cloche des autres maires de Frontenac et de Nantes, dont les rencontres se tenaient après celle avec Mme Morin.
Mme Morin a affirmé que les trois maires s'étaient rencontrés la semaine dernière, et qu'une des «demandes conjointes» était la mise en place d'un fonds de prévoyance pour les puits d'eau potable afin d'agir rapidement dans l'éventualité d'un problème.
La mairesse de Lac-Mégantic a indiqué que le ministre avait eu une «belle ouverture» par rapport à un tel fonds, qui serait géré localement, selon leurs souhaits, dans un comité où les trois communautés siégeraient conjointement.
«Il y aura toujours des impacts. Il n'y aura jamais une unanimité dans un projet comme celui-là, mais il faut quand même chercher des solutions ensemble pour minimiser les impacts que le projet aura. C'est pourquoi j'ai voulu amener une idée de solution au ministre, (...) et ça pourrait être un pas dans la bonne direction, mais il reste qu'il y aura toujours des citoyens qui vont s'y opposer, et c'est normal. Ces citoyens auraient souhaité que le train ne passe pas sur leur terrain, et je pense qu'il faut comprendre ça. Mais ultimement, ça ne fait pas en sorte que le projet est moins important, et qu'il faut l'arrêter», a fait valoir Mme Morin dans une entrevue téléphonique.
Selon elle, le fait «qu'il n'y ait pas encore eu une pelletée de terre dans ce projet-là» à l'approche du 10e anniversaire de la tragédie est une «honte».
«C'est l'espoir qui diminue à chaque année qui passe. On a compté cinq fois aujourd'hui (jeudi) que le train est passé en sifflant en plein coeur du centre-ville exactement au même endroit où il a déraillé. Je peux vous dire que ce n'est pas une situation qui est facile. Il y a aussi un bris de confiance avec Transports Canada et avec les compagnies ferroviaires depuis le 6 juillet 2013, alors ça rajoute une couche de complexité», a dit la mairesse.
«Et il faut rappeler qu'on ne fait pas cette voie de contournement uniquement parce qu'il y a un risque encore aujourd'hui de déraillement, mais c'est aussi pour guérir», a-t-elle ajouté.
Vendredi dernier s’est terminée la période de négociation entre Ottawa et les propriétaires de terrains nécessaires à la construction de la voie de contournement de Lac-Mégantic.
Ils sont 43 propriétaires concernés, dont les lots sont dans les municipalités de Nantes, Lac-Mégantic et Frontenac, dans la MRC du Granit.
Le ministre Alghabra indiquait samedi que des ententes n’avaient pas encore été finalisées.
Une source gouvernementale avait confirmé que l’expropriation est l’option envisagée pour les propriétaires restants et qu’elle devrait être déclenchée dans les prochaines semaines.
Rappelons que le 6 juillet 2013, 47 personnes perdaient la vie lors de la pire tragédie ferroviaire de l’histoire du Canada. Un train rempli de pétrole brut venait de dévaler une pente en amont de la municipalité avant de dérailler en plein centre-ville de Lac-Mégantic, déclenchant des explosions et un immense incendie.