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Le 1er juillet n’inquiète plus autant les refuges. Ce qui leur fait peur, en 2022: l’abandon d’animaux adoptés pendant la pandémie.
La période entourant le 1er juillet, la fameuse valse des déménagements, n’inquiète plus autant les refuges qui feront face à la danse. Ce qui inquiète les groupes venant en aide aux animaux abandonnés pour 2022, ce sont les «animaux COVID».
Chaque année, les refuges pour animaux reçoivent un grand nombre de petites bêtes abandonnées par leur maître, de gré ou de force, pour une multitude de raisons : mauvais comportement ou mauvaise santé de l’animal, manque de temps, manque d’espace, allergies, nouveau logement où les animaux sont interdits, etc.
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Mais les deux dernières années ont été marquées par une hausse des adoptions d’animaux au Québec alors que plusieurs personnes étaient «coincées» à la maison, en télétravail et avec peu d’options pour les voyages et les sorties.
À la Société protectrice des animaux de Drummond (SPAD), on note environ une hausse de 30% d’adoptions ou de ventes d’animaux de compagnie pendant la période forte de la COVID-19.
Maintenant que le train-train quotidien reprend, le directeur général de la SPAD Philippe Labonté craint de recevoir un grand nombre d’animaux au cours de l’été et à l’automne, une période qui coïncidera avec le retour au travail pour plusieurs ainsi que le retour l’école.
«C’est le premier vrai été que nous allons vivre où les mesures sanitaires sont pratiquement toutes finies et que le télétravail est moins populaire. Les gens vont s’apercevoir qu’un chien ou un chat c’est une responsabilité et qu’ils ne peuvent pas quitter la maison sur une longue période sans les faire garder. Il faut les faire sortir et les faire marcher», explique Philippe Labonté.
L’impact financier d’un animal de compagnie sur le budget pourrait aussi être un facteur d’abandon pour certaines familles selon M. Labonté.
«Les frais vétérinaires ont augmenté tout comme les frais de pension pour les animaux. La nourriture pour chiens et chats a aussi augmenté. Un chien d’une bonne grosseur peut coûter entre 100 et 150$ par mois juste en nourriture» - Philippe Labonté, directeur général de la SPAD
La Société protectrice des animaux de Drummond (SPAD) dénombre environ de 5500 à 6000 abandons d’animaux par année entre 2010 et 2019. En 2020, la SPAD a dû prendre en charge 3554 animaux de toutes sortes, principalement des chats et des chiens, alors que le nombre grimpe à 4008 pour l’année 2021 et qu’il risque d’atteindre et même de dépasser les 6000 abandons pour 2022.
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Non seulement la SPAD craint-elle un grand nombre d’abandons d’animaux, elle s’inquiète aussi de la santé mentale et physique de plusieurs d’entre eux.
Philippe Labonté estime que des maîtres et des animaux ont développé «une relation de trop grande proximité» pendant la pandémie ce qui aujourd’hui pose problème lors du retour au travail en présentiel.
«Les personnes ne laissaient jamais leur animal seul à la maison. On voit beaucoup de problèmes d’anxiété de séparation. On voit aussi des chiens avec des problèmes de propreté ou de comportement», précise M. Labonté.
Attention, même les chats ont développé certains problèmes notamment de l’impatience ou de l’agressivité envers la maisonnée alors qu’ils étaient habitués à plus de quiétude. Le brouhaha du télétravail — et de l’école à la maison pendant un certain temps — a été difficile pour certaines bêtes.
La SPAD conseille d’ailleurs aux propriétaires d’animaux qui pourraient souffrir d’anxiété de séparation de prendre des moments, chaque jour autant que possible, pour laisser leur animal seul. Il peut s’agir par exemple d’aller marcher.
Pour les animaux plus indépendants, il est conseillé par la SPAD de leur offrir aussi des moments seuls, dans une pièce fermée et avec moins de bruit, afin qu’ils retrouvent un moment de calme.
Crédit: Graham Hughes | La Presse canadienne
La forte demande pour l’adoption d’animaux vécue pendant la pandémie a aussi fait exploser les prix de vente des animaux de compagnie.
«Ça n’avait pas de bon sens. On a carrément triplé les prix. C’était aussi l’offre et la demande. Ce n’était pas rare de voir un chien affiché à 5000$ et que le vendeur avait une liste d’attente. C’est du jamais vu», affirme Philippe Labonté.
Selon lui, avant la COVID-19, un chien pure race pouvait se vendre autour de 1500$ à 2000$ si l’éleveur canin était vraiment réputé.
La forte demande pour l’adoption d’animaux a aussi ouvert la porte à de nombreuses fraudes.
«Des gens ont payé un dépôt entre 700$ et 1000$ pour adopter un chien alors que ce dernier n’existait même pas», raconte Philippe Labonté.
M. Labonté invite d’ailleurs les gens à la prudence alors que certains propriétaires «ne voudront pas perdre leur investissement» et qu’ils mettront leur animal en vente plutôt que de se tourner vers les refuges.
«Nous avons déjà eu un chiot d’à peine quatre mois dont la micropuce indiquait qu’il avait déjà eu quatre propriétaires différents», raconte M. Labonté.
Il est important rappelle-t-il de bien choisir son animal en fonction notamment du temps que nous avons à lui consacré, de l’espace habitable, du besoin d’exercice de l’animal, de son tempérament (est-il bon avec les enfants ou non?) et de ses particularités.
Si vous devez abandonner votre animal, de gré ou de force, et que vous avez exploré toutes les options comme l’offrir à un membre de la famille ou à un ami, il existe des ressources dans toutes les régions du Québec pour vous aider dans votre démarche.
Contacter la Société protectrice des animaux de votre région ou un refuge animalier