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«Je vis bien avec mon vote.»
Même mort, le militant indépendantiste et compagnon de René Lévesque Yves Michaud n'obtiendra pas d'excuses de l'Assemblée nationale.
Le gouvernement caquiste refuse de réparer, à la demande du Parti québécois (PQ), la condamnation prononcée par motion il y a près de 24 ans contre l'homme politique dont le décès a été annoncé mercredi.
«Il a tenu des propos à l'égard du peuple juif qui étaient inacceptables», a affirmé le premier ministre François Legault, qui était alors en Chambre en 2000 à titre de député et ministre péquiste et qui avait voté en faveur de ce blâme.
«Je vis bien avec mon vote», a répondu M. Legault quand les journalistes lui ont demandé jeudi si l'Assemblée nationale devait présenter des excuses. Il est un des deux derniers députés, avec le caquiste Jean-François Simard, à s'être prononcé en faveur de cette motion et à siéger encore aujourd'hui.
Pour se justifier, le chef du gouvernement a dit qu'il se rappelait d'avoir écouté à l'époque les propos «malheureux» de M. Michaud à la radio.
Or la motion déposée par le député libéral Lawrence Bergman et adoptée à l'unanimité lui reprochait ses propos tenus aux États généraux de la langue française.
Il avait alors dit: «Il y a un vote ethnique contre la souveraineté du peuple québécois. Si nous ne faisons pas en sorte d'intégrer nos immigrants et de les assimiler, eh bien, nous entrerons sur la pente de la louisianisation, de la folklorisation de notre société.»
La motion adoptée affirmait: «l’Assemblée nationale dénonce sans nuance, de façon claire et unanime, les propos inacceptables à l’égard des communautés ethniques et, en particulier, à l’égard de la communauté juive tenus par Yves Michaud à l’occasion des audiences des États généraux sur le français à Montréal le 13 décembre 2000.»
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Ami de René Lévesque et ancien délégué général du Québec à Paris, M. Michaud n’a jamais cessé depuis de demander le retrait de cette motion. Il a toujours plaidé qu’on lui avait attribué ces propos sans fondement et a réclamé qu’on le réhabilite.
Plusieurs parlementaires ont regretté par la suite avoir voté pour ce texte et ont demandé à ce qu'on reconnaisse et répare la faute, sans succès.
En mêlée de presse jeudi matin, le député péquiste Pascal Bérubé a rappelé qu'il avait lui-même déposé en décembre 2020 une motion réparant celle de 2000, mais elle avait été bloquée par les caquistes.
La motion affirmait aussi que l’Assemblée n’est pas le forum approprié pour blâmer un citoyen ou rendre justice.
«On va poser à nouveau un geste prochainement, avec l'accord de l'ensemble des formations politiques, pour réparer, tenter de réparer», a indiqué M. Bérubé jeudi matin en mêlée de presse.
«M. Michaud n'est plus là. On aurait aimé qu'il vive ça, qu'il puisse vivre cette réparation. Mais on va quand même poser un geste pour ne plus que ça se reproduise, et en mémoire de M. Michaud. Alors, on aura des échanges avec les autres formations politiques.»
Les libéraux ont refusé de dire s'ils voteraient en faveur d'une éventuelle motion du PQ.
«Je vais limiter mes commentaires aujourd'hui à offrir mes sincères condoléances», a affirmé le leader parlementaire de l'opposition officielle, Monsef Derraji.
«On va regarder le libellé, évidemment, mais sur le principe, on est d'accord», a pour sa part laissé savoir le député Guillaume Cliche-Rivard, de Québec solidaire.